Jazz In Lyon

Xavier Felgeyrolles : « Comment mordre à l’âme son du jazz ? »

Directeur artistique du festival Jazz en Tête depuis sa création, Xavier Felgeyrolles revient dans un édito que nous reproduisons ici sur son approche de la musique et de ce que peut ou doit être un festival. Bref, le pourquoi et le comment de la programmation de cette 37ème édition en quelque sorte, comme des 36 autres qui l’ont précédée

« Dans l’enchevêtrement de sons implacables qui massacrent les tympans par le zinzin incessant des machines à bruits et autres gavages des lessiveuses médiatiques, comment la vague d’étrave d’une onde sonore propre au jazz, livrée tout en finesse à des oreilles sensibles, peut-elle toucher les publics jusqu’aux moins avertis ? Une fois encore, sans même la caution olympique d’une année bissextile, à sa manière et pour la 37ème fois consécutive, le festival jazz en Tête tente de répondre.

Afin de justifier le pourquoi d’une musique « to be or not to jazz », inutile de claironner une quelconque théorie, voire de trompéter ici et là une recette magique avec des quarts de ton (pour certains). Tout air séduit qui nous charme sans crier gare et les sons perçus deviennent aussitôt rémanents. Tant et si bien que l’agencement d’une suite de concerts revêt une certaine importance, signe le pourquoi d’une programmation et, plutôt qu’une géographie de présupposés « continents musicaux » (parfois à la dérive), une tectonique de « soubassements sonores » semble plus à même d’éveiller des sensations multiples et singulières, sans taxonomie particulière des genres. Cette année, des gardiens du temple « jazz canal historique » et de jeunes légataires des « sonorités virginales » muries dans les églises baptistes croisent de prodigieux musiciens aux déclinaisons latines incandescentes et volcaniques (l’Auvergne s’y prête!). Les concerts pourraient être aussi cartographiés par les villes natales des « protagonistes » – Barcelone, Chicago, Détroit, La Havane, Memphis, New-York, Paris, Rio de Janeiro, San Paulo, Séville, et d’autres … – en autant d’escales possibles, de correspondances ou d’interprétations induites du « son du jazz », avec l’idée de transporter toute oreille disponible vers la possibilité d’une « île en jazz », sans aucun prétexte au tourisme musical pour autant, ni à de prétentieux discours sur une quelconque immigration au delà de frontières absconses … »

« Au final, chaque soir du festival est un voyage jusqu’au bout de nuit, et au bout de cinq nuits particulières, voire définitives, Jazz en Tête se veut un voyage initiatique sur de multiples « rives phoniques » afin de mordre à l’âme son du jazz. « 

                                          Xavier Felgeyrolles, directeur artistique du festival Jazz en Tête

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