Il faut être Le Périscope et le sous-marin dont il est l’excroissance de surface, pour se permettre de convier un mercredi soir Papanosh, ce quintet Made in Rouen de belle facture.
Si cette formation qui rassemble trois cuivres, une rythmique et des claviers, multiplie les incartades musicales, elle ne cesse pourtant de toujours partir à la recherche de nouvelles harmonies ou de revisiter tous les patrimoines qui l’attirent.
Cette fois, elle s’attaque à Mingus et à son répertoire. Vaste de vaste. Tout d’une pièce. Quentin Ghomari (tp), Raphaël Quenehen (sax), Seb Paris (keYboards), Jeremie Piazz (dr) et, évidemment, Thibault Cellier (cb) se sont lancés ici dans une belle aventure, renouer avec le son unique développé alors par le contrebassiste : une atmosphère festive mais rageuse, ces fausses dissonances qui surfent sur un cadre on ne peut plus strict, cet art de jouer comme s’il s’agissait d’un avant-concert, tolérant les échappées des uns et des autres.
Et au final, ce résultat d’instruments qui se mettent à converser ensemble au vu et au su de tous : ce son unique, Papanosh le travaille depuis plusieurs années mais, sans aucun doute, en conviant deux invités tout de même inattendus, on atteint (et l’album « Oy Yeah Ho » récemment paru en est le digne témoin), une dimension que Mingus n’aurait surtout pas reniée.
Pour l’occasion, en effet, ils ont eu la bonne idée de faire appel à Roy Nathanson, sax new yorkais particulièrement investi dans la scène jazz actuel et dont les récentes interventions disent assez quel témoin il peut être de la musique professée par Mingus.
Il est rejoint ici par Fidel Fourneyron, tromboniste, qui s’est quant à lui récemment fait remarqué au sein de l’Orchestre National de Jazz.
Certes, tous deux n’en sont pas à leur coup d’essai, multipliant concerts, formations spécifiques, projets personnels et disque (ainsi Fidel Fourneyron en trio avec Geoffroy Gesser au sax et Sébastian Beliah à la contrebasse……). Mais c’est précisément cette réunion au sein de cet ensemble déjanté qui donne à Papanosh tout son attrait.
Vendredi 12 février: Possible (s) Quartet dans l’art de l’anticipation…où l’on retrouve notamment Rémi Gaudillat et Fred Roudet, trompettes renommées
Vendredi, le Périscope accueille une formation plus traditionnelle (encore que), le Possible (s) quartet : une nouvelle alliance entre Rémi Gaudillat et Fred Roudet, trompettes de métier et de cœur, escortés de Laurent Vichard, aux clarinettes et de Loïc Bachevillier au trombone. Un quartet à vents donc, sans rythmique.
Voici qui en dit long sur la propension à ne jouer que sur les sons, leur alliance et leurs combinaisons.
A l’origine de la chose, Rémi Gaudillat toujours et encore et son complice, Fred Roudet, deux acteurs incontournables de la scène musicale, à la trompette comme au bugle.
Depuis des lustres, seuls, ensemble ou au travers de nombreuses formations et collectifs à qui ils prêtent leur talent, ils distillent une musique qui est autant une profession de foi qu’un long chemin initiatique improvisé et donc, en constant renouvellement.
A ce sujet, Rémi aime parler d’une « fanfare poétique ».
Il y a en effet, conjugué, cet art de jouer ensemble et celui de faire vivre autrement la musique, de lui donner des couleurs inattendues mais réussies.
Bref, si Le Possible (s) Quartet n’en est pas à son coup d’essai (il a déjà laissé quelques cailloux sur son passage au Rhino et ailleurs), ce rendez-vous au Périscope s’annonce captivant.
– « Papanosh + Roy Nathanson + Fidel Fourneyron », mercredi 10 février, à 21 heures au Périscope, 13 rue Delandine, 69 002, Lyon.
– « Possible(s) quartet », vendredi 12 février à 21 heures au Périscope à Lyon.
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