Une soirée pas comme les autres à Jazz à Vienne avec les explorateurs-bidouilleurs de sons Louis Cole et Marc Rebillet. Avec pour chef d’orchestre l’outil numérique, les contrastes sonores des deux artistes ont eu un effet tantôt anesthésiant, tantôt amphétaminique.
Le public venu nombreux, environ 3000 personnes, était bien présent, prêt à en découdre avec ces deux gladiateurs du Net, accoutré à l’image de leurs idoles, en peignoir ou en T-shirt mal lavé! Si je ne m’étais pas pincé plusieurs fois dans la soirée pour me rappeler que j’étais bien à Jazz à Vienne , j’aurai eu grand peine à y croire! L’ambiance était plus proche des Nuits sonores que de Jazz à Vienne! mais qu’importe, le festival reste ouvert au monde tel qu’il est et comment il évolue, le jazz est tolérant!
Entouré de barbus trentenaires, voire moins, tatoués et percés, accoutré de tenues multicolores et excentriques, le ton était donné pour une soirée bien singulière! Le résultat fut mitigé, endormi et peu emballé par la prestation de Louis Cole malgré la richesse de ses influences funk, soul, rap et fusion, j’ai été réveillé par les boucles répétitives de Marc Rebillet et par le personnage, drôle, absurde, pulsionnel et maître dans l’art de l’auto-dérision! L’alchimie s’est produite avec le public à l’inverse de Louis Cole plus introverti , intérieur et analytique.
Pour introduire ce bal numérique, Louis Cole et ses acolytes, 2 choristes, 1 claviériste, 1 saxophoniste, 1 bassiste et 1 guitariste ont su proposer une ouverture résolument funky, laissant présager une prestation stimulante mais il n’en fut rien: brouillon et confus, servis par une sonorité étonnamment médiocre, il est difficile d’en dégager une photo d’identité groupale. Affublé d’une réputation d’artiste prolifique, je n’ai pas été touché par la prestation scénique et musicale. Petit bémol toutefois, la richesse de ses influences: soul, rap, funk, jazz, fusion,…ce chercheur d’assemblage sonore et soucieux de créer serait à réentendre!
Avec Marc Rebillet, on rentre dans une autre dimension, moins riche musicalement que Louis Cole mais ardemment plus scénique. Seul aux platines en caleçon et peignoir avec des lunettes et une moustache en guise de signature, le ton est donné, le théâtre antique est transformé en night club! La musique de Rebillet est caractérisée par son utilisation d’une loop station Boss RC-505, qui lui permet de superposer sa voix avec des claviers, des tambourins et d’autres petits instruments de percussion. La plupart de ses chansons sont improvisées et comprennent des éléments de funk, de soul, de hip hop et de house, ainsi que des sketchs comiques.
En bref, c’est un mec en caleçon qui fait du génie en live.
L’autre raison du succès de Marc Rebillet tient dans la folie de son personnage. A chaque vidéo, dans chaque concert, l’artiste gesticule dans tous les sens, s’égosille, comme possédé par sa musique. Et puis il a le sens du show allant jusqu’à se jeter dans le public tel une rockstar en ouvrant une bouteille de champagne pour arroser son public et pour agrémenter le spectacle, fumigènes et bombes à confettis! délibérément binaire, ses boucles impulsent avec des influences plus variées qu’il n’y parait, l’imaginaire nous invite dans les registres transe, africains, funk, house et jazz! on a même eu le droit à un phrasé en scat, l’artiste ne manque pas de ressources : exaltant et vitalisant!