Quel est le lieu à Lyon le plus cosy pour écouter « live », une musique recherchée dans un site à peu près unique ?
L’Amphi de l’Opéra de Lyon, ce sous-sol aux allures de catacombes festifs dont la programmation musicale universelle conforte de façon intelligente et mois après mois la tradition de la salle « du-dessus ».
On l’atteint par un escalier qui s’enfonce (bien sûr) dans les sous-sols du lieu, ou, en cas de grosse flemme, par un ascenseur au poil qui atterrit à trois pas de la scène.
Entre les concerts de midi (gratuits), ceux du soir (payants mais pas trop), surgit une cohorte d’évènements dont le résultat final est de nous ouvrir, toujours, un peu plus les oreilles, l’intelligence, les sens et les horizons.
Ici, la qualité musicale se double d’une recherche indéniable de quiétude du spectateur : bougies, tables, hémicycle intime lui permettent en effet de suivre son concert en dégustant « X » breuvages servis par le bar tout-contre.
Au final, cette foultitude de petites attentions envers les 108 spectateurs fait de l’Amphi un lieu unique où l’on peut venir sans savoir ce que l’on va y trouver.
Tout de même, la semaine prochaine, on sait très précisément : pour trois jours, en résidence, Jocelyn Miennel. Du 2 au 4 avril, flûtiste.
Pas besoin de rappeler qu’en jazz, la flûte est restée la mal-aimée, la mal-comprise, face aux sax, trompette, tuba et autre trombone. Pourtant, de Buddy Collette dont la venue un jour à Vienne avait irradié le festival à Yusef Lateef, dont l’ultime prestation à Vienne avait été écourtée par l’orage, l’instrument a peu à peu gagné sa place dans le jazz et la musique improvisée.
Rien de tel pour s’en convaincre que de se rendre à l’Amphi ces trois soirs-là. Car, comme vous le savez peut-être, la carte blanche donnée à l’artiste pour trois soirs par l’Opéra (et François Postaire, le maître du lieu) lui permet de tout tenter et de tout inviter.
Moyennant quoi, Joc Miennel, qui fut notamment membre de l’ONJ de Daniel Yvinec, consacrera sa première soirée à « In the mood for Chet », en compagnie de Roberto Negro, pianiste, Simon Tailleu, contrebasse et Fabrice Moreau (dr). Le lendemain, ce sera au tour d’un double trio de se lancer : avec Andy Emler (piano) et d’Amra Hussain (tablas) d’abord, avec Vincent Courtois (violoncelle) et Pierre Durand (guitare) ensuite.
Enfin, enfin, le samedi, Joc Miennel nous invite à découvrir « Babel », une création dans tous les sens du terme, portée par un étonnant sextet qui comptera Ashrif Sharif Khan à la sitar, Iyad Haïmour au oud, Stratcho Temelkowski à la mandole, Anthony Gatta aux percu et Joachim Florent à la contrebasse.