Les amateurs de Jazz de la région lyonnaise auront eu droit cet été à deux Nuits du Blues. La première, le 6 juillet au théâtre antique de Vienne, la seconde, le 19 juillet, à celui de Fourvière, une fois Jazz à Vienne ayant baissé le rideau, selon le pacte de bonne entente entre les deux grands festivals de l’été.
Redondance ? Pas du tout, puisque ces deux nuits consacrées au blues ont été parfaitement complémentaires.
La première, celle de Vienne, marquée notamment par la présence de Mr Sipp et de Vintage Trouble était très électrique et s’éloignait même pour cette dernière formation du blues pour brasser un creuset musical d’une folle énergie dont nous avons dit beaucoup de bien dans Jazz’inLyon.
La seconde Nuits de Blues dans le cadre des Nuits de Fourvière était aux antipodes de la première. Elle a été marquée, elle, par un retour aux sources du Blues, à ses roots, à ses racines. Un blues beaucoup plus classique ne nécessitant pas pour les plus fragiles des pavillons, des bouchons d’oreilles…
Leyla McCalla fut la première à prendre possession de la scène du théâtre antique lyonnais, en compagnie de la violoniste Free Meral et du guitariste et joueur de banjo, Daniel Tremblay.
La chanteuse et violoncelliste d’origine haïtienne qui vit actuellement en Louisiane débarquait de l’avion. Fourvière était pour elle une date importante puisque ce concert marque le début d’une longue tournée européenne.
Avec Leyla McCalla on est dans les prémisses du blues : elle a fondé sa réputation et sa jeune carrière sur les chansons créoles haïtiennes ou louisianaises, façon blues du bayou, qu’elle revisite. Elle leur redonne vie et modernité en s’appuyant sur une voix magnifique, touchante, empreinte d’une grande sincérité.
Elle a mené un sacré chemin, Leyla depuis son premier concert-découverte à Vienne lorsqu’elle est apparue seule, un peu apeurée, son violoncelle à la main, en ouverture du Festival.
Elle a pris une belle épaisseur en trio. Elle nous emmène dans les veillées des villages haïtiens ou dans le bayou de Louisiane où la mémoire des esclaves reste prégnante. Entre bonheur, langueur, nostalgie, un concert empreint de douceur, de volontarisme et de swing sous-jacent.
Le musicologue et saxophoniste Raphaël Imbert, spécialiste du blues qui sert de fil rouge pédagogique à cette soirée « roots » l’accompagne par deux fois au saxo à travers de belles impros soulignant l’universalité du jazz.
Une entame qui soulève l’enthousiasme du public.
D’autres racines font ensuite irruption sur la scène : « The Como Mamas », trois chanteuses de gospel a cappella issues d’une petite bourgade de Louisiane, Como, mille âmes, qui détectées par le label soul-funk Daptone développent une carrière internationale
Ester Mae Wilbourn, Della Daniels et Angelia Taylor sont les héritière d’un gospel authentique sans apprêt. Voix et cœurs à nu. Un gospel sans concession qui touche par son authenticité.
Enfin, le feu d’artifice final, cette Nuit du Blues se termine avec l’étonnant « Music Maker Blues Revue » qui finit par enflammer les 3 500 festivaliers présents.
Créé en 1994 pour soutenir les nombreux musiciens de talent que compte le Southern américain, contre la pauvreté et l’oubli, il rassemble des papy du blues au talent et aux voix éraillées à souhait, mais intactes et aux visages incroyables illustrant l’inaltérabilité du blues. Une Revue qui depuis, tourne dans le monde entier.
Un vrai panthéon vivant du blues que chacun des musiciens et chanteur, de Robert Finley, à Robert Lee Coleman, en passant par le plus bondissant, le bien nommé Alabama Slim, s’emploie à célébrer.
Chemise rouge flamboyante, large chapeau et barbe blanche, Alabama Slim rejoint par ses joyeux compères, transcende en final les gradins d’où s’échappent lancés vers le ciel, selon une tradition très Fourvière, des centaines de coussins. Le blues n’a pas d’âge. Il est bien immortel…
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