Le problème se pose plus à A Vaulx Jazz qu’ailleurs : ici, sur dix jours de programmation comprenant une vingtaine d’affiches, difficile de faire l’impasse sur telle ou telle soirée. Car le festival s’ingénie à emboîter les concerts les uns dans les autres, à bâtir sa programmation comme un tout jazz dont il est difficile d’extraire la moindre part, sauf peut-être la traditionnelle soirée blues.
Surtout qu’A Vaulx Jazz défend une certaine vision du jazz actuel, qui imprime sa marque en ne fermant sa porte à rien, faisant se rencontrer des pointures internationales et des « locaux », des formations consacrées et des trucs tout neuf, des sets consacrés et de véritables créations, qui semblent se nourrir mutuellement.
Parmi les évènements attendus, on retiendra moins, à cette aune, l’arrivée du Sun Ra Centennial Arkestra, le dernier soir, que ces quatre créations qui rythmeront le festival.
Bruno Tocanne et le iMuzzic dans les pas de Carla Bley, mais pas seulement
La première, Pablo 2, la plus ample, centrée sur l’univers de Picasso réunit le Quartet Novo de Pascal Berne, la Maîtrise de la Loire (50 choristes), Résonance Contemporaine et les Percussions de Treffort. La deuxième, on la doit à Lionel Martin, sax quintescent qui arrive en compagnie de George Garzone, Mario Stanchev, Benoît Keller et Ramon Lopez, pour un « Quintet Madness Tenors » qui s’est fomenté l’an passé lors d’une rencontre sur un festival des principaux protagonistes de ce quintet.
La troisième création trouve, elle, naissance chez l’un des collectifs les plus inventifs, le iMuzzic, qui a décidé de se frotter à une œuvre concoctée il y a près de 50 ans par Carla Bley, « Escalator Over the hill », sorte d’opéra élaboré par la pianiste à partir de toutes les émergences de l’époque, fugitives au besoin.
A l‘époque, Miss Carla avait embarqué avec elle un étonnant aréopage de pointures qu’on se montrait du doigt : Charlie Haden, Gato Barbieri, et ces accents de libération explosant toutes les musiques.
Cinquante ans après, Bruno Tocanne, qui a décidé une fois pour toutes de ne pas drummer pour ne rien dire, a réuni autour de lui le grand ensemble du collectif, soit 8 musiciens familiers, chevilles de iMUzzic mais pas seulement : de Jean Aussanaire (sax) à Rémy Gaudillat, Fred Roudet, Alain Blesing Bernard Santa Cruz.
Mis au point en septembre dernier, Escalator Over the Hill a pris son envol depuis l’automne dernier, mais trouve à A Vaulx Jazz un cadre à la mesure de l’événement.
Sclavis-Pifarély-Courtois, ça ne vous rappelle rien ?
Le lendemain, enfin , Sclavis sera une fois de plus aux manettes de cette quatrième création qui fait une large place aux cordes (violon et violoncelle) et à des comparses de longue date, Dominique Pifarély et Vincent Courtois, avides de défricher des sons nouveaux joués de préférence devant des publics renouvelés (Cf Dans la Nuit, en accompagnement d’un film de Charles Vanel).
Ajoutez à cela que Sclavis est un pilier d’A Vaulx Jazz, scène particulièrement propice à ses questionnements et à ses velléités de se frotter à d’autres horizons ou de faire se rencontrer musique et autres formes artistiques.
Superbes formations à déguster chaque soirée
Outre ces trois créations, A Vaulx Jazz rassemblera jusqu’à samedi 21 mars, quelques superbes formations telles que Le Lars Danielson Group (le 18 mars), Stéphane Kerecki Quartet (avec Emile Parisien, Guillaume de Chassy et Fabrice Moreau), Avishai Cohen, le trompettiste, Antonio Farao, pianiste, qui mobilise pour l’occasion Dave Liebman, Sylvain Rifflet, Jeff Ballard en quartet et bien sûr Thomas de Pourquery et le Sun Ra Centennial Arkestra pour boucler la boucle.
Au milieu de tout cela, deux soirées feront s’extirpent de cette programmation pour aborder les rivages d’une soul frottée à de nombreuses influences : les deux chanteuses prévues ce soir-là sont Natalia M. King et Kellylee Evans, venues du nord-atlantique dans l’Hexagone où elles prospèrent au fil des albums et des concerts.
Bien sûr, la soirée Blues aura lieu le vendredi précédant la fin du festival.
Outre Mathis Haug, venu d’outre-Rhin, seront appelés successivement ce soir-là Lil’Ed & the Blues Imperials, genre sonore et remuant, et Candye Kane, imposante, farfelue, qui débarque avec une petite bombe sonore, made in California, la guitariste Laura Chavez.
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