THUMBSCREW . Multicolored midnight
Cuneiform RecordsMary Halvorson : guitare
Michael Formanek : contrebasse, électronique
Tomas Fujiwara : batterie, vibraphone
- Qui oserait manquer un disque de Thumbscrew ? Pas nous. Et le dernier en date ne dépareille pas dans la liste de leurs enregistrements réussis. Multicolored Midnight reconduit l’alchimie qui fait de ce trio l’un des plus créatifs de sa génération. Encore et toujours télépathique le trio déroule une musique unique dans laquelle l’improvisation est une constante emplie de surprises d’une finesse et d’une originalité très au-dessus de la moyenne. Nous irons même jusqu’à dire que Mary Halvorson, Michael Formanek et Tomas Fujiwara évoluent dans une sphère musicale qui fait d’eux un trio marquant son époque, si ce n’est pas toute une génération. Bien évidemment, ils ne font pas les gros titres et aucun festival d’importance ne les invite. Il n’en demeure pas moins qu’ils représentent, dans un univers contemporain, l’essence du jazz : pas de barrière à la création, pas de compromis, juste l’expression d’un savoir qui ne cesse de s’interroger pour mieux avancer et une capacité hors norme à construire des mélodies pour mieux les distordre en faisant preuve au passage d’une flexibilité tonique et d’une souplesse leur permettant de ne jamais perdre le fil de leur créativité. Impressionnant.
OBRADOVIC TIXIER DUO . A piece of yesterday
Cristal Records
David Tixier : piano, claviers, voix, DSP
Lada Obradovic : batterie, voix, percussions, glockenspiel
- Le nouvel album de Lada Obradovic et David Tixier raconte neuf histoires, à travers un personnage imaginaire, qui empruntent à bien des genres sans qu’aucun ne prédomine. L’acoustique et l’électronique se mêle sans s’emmêler et surtout, sans nous perdre en route. D’une densité assez inaccoutumée, le disque ne laisse que peu de répit à l’auditeur qui se trouve, malgré lui, emporté à bras le corps par une musique aux rythmes et mélodies complexes se succédant avec une vigueur jamais démentie. Bien que le duo soit en toute circonstance très mélodique, il installe néanmoins un climat à la dramaturgie épaisse. C’est assurément original car, par bien des aspects, l’approche musicale du duo concentre des influences totalement absorbées et réinventées qui font peau neuve en sortant de son imagination féline. Les deux complices sont parfaitement connectés et leur virtuosité, qui sait se tenir, s’exprime sur la longueur sans jamais nuire à leur discours. C’est une musique féline, version tigre vorace et sûr de son fait, pas chat d’appartement dégoulinant du canapé. Enfin, si leur univers est cérébralement construit, ils savent le faire passer de façon organique et très directe dans les oreilles de l’auditeur. Passionnant.
https://www.obradovictixierduo.com/…
GEIR SUNDSTØL . The studio intim sessions Vol.1
Hubro
Geir Sundstøl : joue d’une trentaine d’instruments divers et variés
Lars Horntveth : clavier, vibraphone, clarinette, saxophone
Erland Dahlen : Batterie et percussions
Daniel Sanden Warg : violon et guimbarde
Audun Erlien : basse
Maria Due : voix
Nicolai Hængsle : optigan, basse
Hans Hulbækmo : Batterie
Hákon Brunborg : alto
Kjell Pop : mandoline
Gulzar Butt : harmonium, voix
Chimta Raja Abdul : harmonium, voix
Bashir Rydhem : banjo
Sofi Jonas Dholak
Jale Bernhoft : voix
- Nous sommes habitués par les musiciens norvégiens contemporains, surtout ceux qui publient chez Hubro, à des ambiances nordiques en bleu et blanc, version écran panoramique, au sein desquels les histoires ne sont jamais simples, quand elles ne sont pas carrément barrées, mais en toute occasion, originales, surprenantes et attachantes. Avec son nouveau Cd, Geir Sundstøl déroge à la règle implicite guidée par l’âme toujours entre deux brouillards du septentrion en arpentant des terrains de jeu plus ensoleillés. Comme à l’habitude nourrie de sonorités et de timbres multiples qui font sa force, entre autre, sa musique se tourne vers des rythmes plus chaloupés (on frôle le reggae à certains moments), par ici entêtants et par là obsédants, sous influence indienne, et ouverte à l’errance traversière (on a cru voir passer Harry Dean Stanton et sa casquette rouge dans un paysage quasi désertique). Histoire de brouiller un peu plus les pistes, l’avant dernier titre est chanté en français par Maria Due et c’est la aussi bien vu. Geir Sundstøl possède un univers personnel d’une richesse et d’une originalité exceptionnelle, nous le savions déjà, mais il le confirme dans ce disque avec brio. Épastrouillant.
https://www.geirsundstoel.com/
WHIT DICKEY QUARTET . Root perspectives
Tao Forms
Tony Malaby : saxophone ténor
Matthew Shipp : piano
Brandon Lopez : contrebasse
Whit Dickey : batterie
- Whit Dickey a dit : « J’ai conçu cet album à partir d’une vibration que j’ai ressentie en écoutant de manière obsessionnelle la composition titre du disque de Coltrane Crescent. » Partant de là, on ne se s’attendait pas à une promenade pépère, façon jazz lisse et consensuel. Ces quatre-là, ce n’est pas demain la veille qu’ils passeront sur les ondes nationales ou qu’ils seront nommés aux trophées du jazz machin bidule. Par contre, si vous collez leur disque sur votre platine, vous allez prendre cher, comme on dit, et vous en redemanderez. Tony Malaby est au sommet de son art. Son saxophone va chercher les sons et les lignes dans des recoins peu fréquentés. Il est propulsé par une rythmique et un piano qui puisent à la source coltranienne, dans sa spiritualité féroce et son désir inassouvi de perfection. Dans cet élan d’insatiabilité, le pianiste puise dans les graves alors que le contrebassiste tient la baraque, laissant au batteur le soin de varié les approches, rejoignant sur cette piste abrupte le saxophoniste qui n’en finit pas de chercher son graal. Les oreilles sensibles sont priées de s’abstenir. Les âmes sensibles et sans limites, elles, peuvent se jeter sur cet enregistrement avec gourmandise. Elles seront repues. Énorme.
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