Bords de Saône. Rue de la Baleine. Quelques marches à descendre tout de même. Vous y êtes : au Bémol5, nouveau club de Jazz à Lyon, pensé, voulu et tenu par Yves Dorn, musicien, batteur et amateur de jazz, qui, après mûre réflexion et quelques années passées dans l’ingénierie, s’est lancé dans l’aventure. Le lieu est cosy, donnant donc sur la Saône : les quelques mois qui viennent de s’écouler ont permis de peaufiner le décor –parement de brique bienvenu- l’éclairage et l’accueil du public. Restera peut-être à régler l’acoustique, paramètre jamais simple à dompter.
Yves Dorn, sans doute soulagé, a résumé jeudi soir lors d’une sorte de « générale », son projet, ses objectifs et son programme.
Commençons par ce dernier : d’ici septembre, le Bémol 5 a prévu d’accueillir notamment Emmanuel Bex, Pierre de Bethman, fin septembre, Louis Petrucciani (en décembre, lors de la prochaine fête de la lumière) et René Urtreger, le seul, le vrai ; une histoire du jazz à lui tout seul. Comme on dit ordinairement, du beau monde. Mais qui ne doit pas cacher l’entreprise plus assidue engagée par Yves Dorn.
Il s’agit en effet de faire vivre un nouveau lieu de jazz à Lyon, ouvert tous les jours, du mardi au samedi, de 17 h à 1 heure du matin et accueillant les jeudi, vendredi et samedi, des concerts « live », donnés sur la petite scène qui se mire dans la Saône.
Ce soir-là, Yves Dorn avait convié quelques amis pour fêter cette inauguration avant l’heure. Au piano, David Bressat. Lui-même à la batterie, quelques instants. Pas sûr qu’il est le temps après.
Un projet, mais aussi un défi
Car le projet est aussi un défi à sa façon. A raison de 500 000 euros de travaux et de sa position enviable, sur le quai, le Bémol5 n’est pas qu’un club de jazz qui vient s’ajouter au Hot, à la Clef de Voûte, au Périscope ou au Saint-Georges.
Il parie aussi sur une ouverture du jazz vers des clientèles soucieuses autant de musique que de qualité d’écoute, d’accueil et de confort. Ce qui a son prix. Légitime mais pas gagné.
Pour y répondre, le Bémol5 mise autant sur la musique que sur la restauration. Qualité des mets, qualité de la musique : l’un convoque l’autre en quelque sorte. Et donc, déjà programmées, quelques belles affiches dont on retiendra évidemment avant tout René Urtreger et Pierre de Bethmann. Faut-il insister sur l’un ou l’autre ? Pierre de Bethmann était à Vienne l’an dernier. Où il aura donné à Cybèle l’un des plus jolis concerts de l’édition. Une façon de triturer les standards, de revisiter le piano et d’associer ses comparses qui sort de l’ordinaire.
Quant au cher René, on pourrait presque inverser l’ordre des questions en se demandant sur quel album de référence des grandes années du jazz parisien il ne figure pas. Mais on se gardera de prendre ce risque, qui équivaudrait à raccourcir une carrière qui ne cesse de s’inscrire dans la durée. Pour le fun, on peut toujours retourner vers ces quelques enregistrements de la collection « Jazz in Paris » où Urtreger figure en bonne place (exemple avec Stéphane Grappelli et Stuff Smith –N°82).
En attendant ces évènements, le Bémol5 vous donne rendez-vous pour le Jazz Day, dimanche prochain 30 avril. Au programme juste avant, (les 28 et 29), on reviendra sur l’œuvre de Claude Nougaro : Chansongs réunit un quintet composé de Géraldine Lefrêne, chanteuse, de David Bressat à l’orgue, de Clélia Bressat-Blum au piano, de Rémi Kaprielan aux drums et de Maurade Méniri à la basse.
Quelques jours après, le vendredi 5 mai, rendez-vous avec une vieille connaissance : Jean-Charles Demichel le pianiste, en quartet avec Stéphane Rivero: contrebasse, Xavier Bozetto: guitare et Hervé Badoux : batterie. On connaît et on apprécie la qualité des sets distillés avec constance par le pianiste.
Le Bémol 5 se prête évidemment à merveille à ce type de formation et de musique…
* Le Bémol 5, 1 rue de la Baleine.
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