Bien avant la création de Parfum de Jazz, en 1998, jeunes gens et jeunes filles issues de l’Ecole Normale de Valence avaient eu l’idée de lancer ensemble des projets musicaux, concerts, rencontres à Buis et dans plusieurs villages autour. Retour sur un demi-siècle d’histoire.
Fêter 50 ans de jazz à Buis-les-Baronnies ? Symbolique mais épique : 8 musiciens installés sur une remorque jouant à qui mieux-mieux alors qu’un tracteur compatissant tente de se frayer un chemin dans les étroites sentines de Buis. Là, alors qu’on touche au but, ça se joue à deux centimètres. Le prix à payer pour fêter ce demi-siècle de jazz, cette aventure née en 1970, voulue par des « élèves-maîtres » des Ecoles Normales de Valence et qui avaient profité de ces moments de formation unique pour s’initier autant aux multiples missions d’instituteur faisant vivre le territoire sur lequel il leur était donné d’exercer qu’à la découverte du jazz dans ce qu’il avait de plus chatoyant.
Jeunes gens et jeunes filles profitant d’un même creuset
C’est dans ce contexte, qu’avec la complicité de la toute puissante Fédération des Œuvres Laïques, qu’est née cette aventure romanesque à souhait au détour des années 1965-67, où la musique se mêle à la camaraderie, l’amitié ou plus encore sur fond de camping en bord d’un torrent (en 1970). Jeunes gens et jeunes filles profitant d’un même creuset pour monter des formations, pour s’en aller donner des représentations dans des communes proches de Buis-les-Baronnies. Alain Brunet, président de Parfum de Jazz se souvient encore de ces concerts, vocaux d’abord, donnés à Buis, à Montbrun-les-Bains ou Mirabel-aux-Baronnies.
Tout aurait pu s’arrêter là, chacun repartant vers d’autres horizons en même temps qu’il ou elle se mettait à professer. Non point : cette aventure estudiantine démarrée à La Roche-sur-le-Buis durant les semaines d’été, se transforma en un véritable projet qui ne cessa plus d’irriguer Buis et les communes des alentours.
Par la suite, nous expliquent-ils, « ça s’est arrêté un temps. On était dispersés. On allait dans les festivals de jazz ou autres Avignon. On éclatait les couples, on travaillait nos avenirs….. ». Certains se retrouvaient l’été sur la Côte d’Azur pour jouer dans les rues. « C’est à 20h30 que ça marchait le mieux, se souvient « Bob’s », au point qu’on arrivait à gagner en une soirée la moitié de notre salaire ». Dans le même temps, de 1976 à 1983, Alain Brunet, de plus en plus musicien professionnel, montait avec succès un festival de musique contemporaine à Romans (résultat : 180 créations mondiales et un relais pérenne chez France Culture).
Vouloir faire partager la culture au plus grand nombre
Une exposition installée autant sur les murs de la ville qu’au Couvent des Ursulines (« 50 ans de Jazz à Buis ») revient plus en détail sur ces années et sur cette aventure née dans cette Ecole Normale de Valence et qui reste encore aujourd’hui un exemple de vouloir faire partager la culture au plus grand nombre, en allant à la rencontre des villages et des territoires.
Sautons les ans : en 1998, alors qu’il est maire de Buis, Jean-Pierre Buix, lui-même passé par cette Ecole Normale, a l’idée avec Alain Brunet de monter un festival de jazz à Buis-les-Baronnies. Dans le droit fil de ces expériences menées dans les années 70, avec l’aide des « historiques », toujours présents sur le festival.
Aujourd’hui Parfum de Jazz fête donc sa 22ème édition et est bien parti pour durer longtemps. Entretemps, il s’est musclé, irrigue désormais dans le Tricastin et en Ardèche et s’étend sur une quinzaine de jours.
Le programme du jour
11h : Buis-les-Baronnies
Au Cloître des Dominicains
Le Fifty’s Revival quintet en concert
18h : Buis-les-Baronnies
Au Bar à vin Ivrensemble : Equinox trio
AUTOUR DU FESTIVAL
11h : Buis-les-Baronnies
Au Cinéma Le Reg’ Art
Discussion : Au-delà du jazz, genre et professions supérieures, par Catherine Marry et Elsa Favier
15h30 : Buis-les-Baronnies
Projection et discussion : Les jeux du pouvoir A partir du film La première fois que j’ai eu 20 ans de Lorraine Lévy, par Jean-Paul Boutellier.