« L’affiche » de Jazz à Vienne, ce fut lui durant trente ans. Tout comme celles des éditions d’A Vaulx Jazz des grandes années. Depuis, en matière de jazz, c’était comme s’il s’était réfugié dans le silence…… Jusqu’à cette édition de Parfum de Jazz qui vient de se terminer. Si les musiques des 15 soirées drômoises se sont estompées, reste l’affiche de festival dédié cette année aux « ladies du jazz » qu’il a concoctée et qui apparaît bel et bien comme un « retour »
On était immédiatement en terrain familier : face à nous, face au spectateur, un visage énigmatique, désincarné, orné d’un étrange diadème musical. Un petit monde coloré, festif, presque sonore et un brin déroutante. Ce visage, c’était l’affiche du 21ème Parfum de Jazz qui vient de refermer ses portes en Drôme provençale. Particularité : elle était signée Bruno Théry et signait –pour ceux qui ne fréquentent pas BatoJazz en Savoie- comme un « retour » de l’affichiste dans la planète jazz.
Des affiches qui ont « construit » Jazz à Vienne
Une planète que l’artiste aura marquée d’une façon indélébile durant plus d’un quart de siècle. C’est en effet lui qui, à partir de 1988 et jusqu’à 2018, signa l’affiche de Jazz à Vienne. Ce faisant, durant 30 ans, Bruno Théry ne se contenta pas d’apporter à ce festival un « visuel » qui, chaque printemps, éclatait comme un bourgeon bien particulier sur les panneaux 4X3 prévus à cet effet. Ces affiches ont à leur manière, construit le festival, donnant corps à l’événement bien avant qu’il n’arrive. Participant largement à un imaginaire qui allait bien au-delà de la musique et du déroulé des soirées.
A un moindre degré, il en fut de même à A Vaulx Jazz où Bruno Théry fut invité là encore, chaque année à annoncer l’événement qui ne cessait de prendre de l’ampleur, rappelant au passage la connivence qui liait les deux festivals.
Et Bruno Théry repart faire ses gammes bien à lui
Depuis ? Presque plus rien. On croyait Bruno Théry retiré du jazz, à l’exception d’un BatOjazz en Savoie (qui vient là aussi de boucler son édition 2019). D’ailleurs, lui-même ne rappelle-t-il pas que sur les quelque 600 affiches qu’il a signées pour tous les arts de la scène depuis quelque 37 ans, le jazz n’en représente somme toute qu’une petite portion ? Et qu’entre tel festival de théâtre, la Licra, les multiples projets ou aventures dans lesquels on lui demande d’embarquer, il lui est arrivé plus d’une fois de vouloir « poser le sac », d’arrêter « d’être à la bourre » ? Même si, au final, « malgré tout, le naturel revient au galop », dit-il.
Un jour de mars dernier, un coup de fil (en l’occurrence Pascal Derathé de Jazz-Rhône-Alpes), et voici notre Bruno Théry qui repart faire ses gammes bien à lui, sans rien savoir de l’équipe du festival drômois, de ses fondateurs, de leurs attentes. Se jeter dans l’affiche comme on se jette à l’eau ? Sans doute un peu.
Avec ce talent bien particulier, in fine, de faire vivre en une seule image un événement avant tout sonore, quelques semaines ou quelques mois avant qu’il n’arrive.
Pas simple.
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