L’équipe de copains qui avait lancé le festival il y a près de 24 ans ayant décidé de se retirer, c’est une nouvelle équipe en cours de constitution qui devra s’investir et assurer la pérennité du festival. Il n’y a pas de temps à perdre !
C’est l’un des rares festivals de jazz, voire le seul, où l’on se demande bien quel évènement risque d’avoir le plus marqué l’édition ? Et pour une fois on hésite : entre les différents artistes ou formations qui se sont succédé tout au long de cette petite quinzaine, et les lieux dans lesquels le festival s’est une fois de plus promené, démarrant au bord du Rhône et près d’une importante centrale nucléaire pour finir au cœur des Baronnies, voire même dans les Hautes-Baronnies, dans un joli village, Montbrun-les-Bains où le trio Chacun son Sud s’est chargé de clore cette 24ème édition.
C’est l’une des caractéristiques de Parfum de Jazz : cet équilibre entre une fidélité à une ligne artistique définie mais en constant renouvellement et la conviction de ceux qui portent le festival qu’il est essentiel de porter la culture à tous les publics même éloignés. Même lorsque le territoire concerné est cette Drôme provençale, charmante mais aux paysages multiples et parfois éloignés et difficiles d’accès.
Une petite armée de bénévoles : première condition de réussite
Facile à dire, moins facile à réaliser car cela suppose et nécessite une petite armée de bénévoles suffisamment aguerris pour monter et démonter en quelques heures une scène, un chapiteau, une sonorisation, une lumière voire une cantine évidemment éphémères. Cela exige aussi des moyens supplémentaires, souvent doublés, des agents de liaison ou des chauffeurs, sans compter tout ce qui permet au public de suivre de façon confortable le concert prévu.
Une édition réussie mais au goût étrange
Force est de constater qu’en matière d’itinérance, Parfum de Jazz a ainsi acquis au fil des éditions une sacrée expérience, se posant deux-trois soirs en Tricastin avant de reprendre la route pour s’en aller à Saint-Ferréol-Trente pas avant de redescendre au coeur des Baronnies pour finir dans le massif préalpin. Et cette 24ème édition en a été la démonstration.
Une édition de plus consacrée aux Ladies du Jazz
Côté artistique, Alain Brunet et Daniel Baillon n’avaient pas dévié de leur « ligne éditoriale » appliquée depuis plusieurs années en consacrant cette édition une fois encore aux Ladies du Jazz. De China Moses, la première à apparaître jusqu’à Camille Berthault, ce sont bien des artistes-musiciennes qui auront inspiré et guidé ces soirées, à une exception près, celle du quartet totalement masculin du saxophoniste Jan Harbeck, débarqué du Danemark avec trois autres musiciens. L’Amazing Keystone Big Band aura quant à lui été sur le fil car si l’orchestre n’accueille pas (encore) de musiciennes, en revanche Neïma Naouri l’une des deux voix de ce West Side Story revisité par un Big Band de Jazz, aura largement tiré son épingle du jeu.
Pour le reste, et comme lors des éditions précédentes, Parfum de Jazz est resté fidèle à l’une de ses marques de fabrique, un éclectisme musical « éclairé », capable de séduire un public varié plus attiré par le festival lui-même que par la célébrité de l’affiche proposée, comme s’il partait à la découverte d’une scène inconnue mais riche d’espoirs. D’où une qualité d’écoute saluée par tous, même lors de certaines soirées plus longues que d’autres.
Curieusement, une billetterie en retrait malgré les affiches proposées
Face à ces satisfactions, les organisateurs ont néanmoins pointé divers points moins réussis.
Ainsi du côté de la billetterie, ce qui est paradoxal : alors que Parfum de Jazz présentait pour la première fois en 24 éditions deux plateaux lors des 6 soirées organisées à Buis-les-Baronnies, paradoxalement il a enregistré moins d’entrées que l’an passé, et lors des années pré-Covid.
Pour des raisons sans doute multiples : les dates du festival, les difficultés économiques, un nombre de touristes en recul ou encore l’organisation à Vaison-la-Romaine d’un nouvel évènement musical chevauchant au moins deux dates essentielles de Parfum de Jazz. Le tout sans concertation préalable, regrette Alain Brunet alors que Vaison-la-Romaine, proche de Buis-les-Baronnies, ne pouvait que brouiller les pistes auprès d’un public disséminé.
A l’opposé, le festival a été plus soutenu que par le passé : mécènes, partenaires, collectivités territoriales, dont les mairies bien entendu, ou encore le Centre National de la Musique dont les subventions ont permis ces premières parties de soirée découvertes à Buis-les-Baronnies. « Le soutien a été en nette augmentation », remarque en effet Alain Brunet.
Le festival est à un tournant
De quoi envisager en tout cas une 25ème édition de Parfum de Jazz en toute sérénité ? Pourquoi pas. Sauf que le festival est à un tournant : les fondateurs de ce festival -une bande de copains qui s’étaient rencontrés à l’école Normale de Valence plusieurs années avant- ont en effet décidé de passer la main. Ensemble. Après 23 ans de bons et loyaux services. D’où la nécessité de constituer et de mettre en place rapidement une nouvelle équipe dirigeante capable d’emmener l’évènement, de l’artistique au plus technique en passant par le financier.
Pour l’heure, rien n’est fixé : le festival étant piloté par une association, il reviendra à cette dernière de se réunir dans les prochaines semaines et de monter l’équipe qui succédera à celle, soudée, qu’avait su constituer Alain Brunet. Pas simple. Car le temps presse afin que communes, collectivités territoriales, partenaires et surtout bénévoles restent mobilisés et acquis à la « cause » de Parfum de Jazz. Le temps presse également afin que cette nouvelle équipe s’organise et trouve les automatismes nécessaires d’ici août prochain. Pour l’instant, élus, partenaires et bénévoles ont redit leur soutien au festival.
Et, « Quoi qu’il arrive, la fête continue », a affirmé Alain Brunet au moment de conclure la 24ème édition.
C’est évidemment tout ce qu’on peut lui souhaiter !
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