Le Rhino Jazz est un peu comme son animal fétiche, une race en voie de disparition, mais qui conserve de beaux restes. On y entend essentiellement du jazz, ce qui n’est plus le cas de tous les festivals dits de jazz et on y fait de belles, voire de très belles découvertes, illustration du fait que la musique bleue continue à attirer les jeunes ou moins jeunes musiciens et qu’elle fascine toujours. Mais pour ce faire, spécificité du Rhino, il faut parfois se rendre dans des communes parfois fort petites pour y entendre de grands musiciens, comme ce fut le cas pour le magnifique concert de clôture des frères Ehnco qui s’est déroulé le dimanche 22 octobre au sein de l’église de Villars en banlieue stéphanoise devant 250 personnes. Après trois semaines et 41 concerts dans 29 communes différentes, le Rhino 2023 vient de baisser le rideau. Premier bilan avec Ludovic Chazalon, son directeur artistique.
-Comment le public a t-il répondu cette année aux nombreuses propositions musicales du Rhino Jazz dont la caractéristique a été de bénéficier cette année d’un territoire très étendu : la Loire, son cœur de cible, mais aussi le Rhône et la Métropole lyonnaise et même temps, la Haute-Loire !
Ludovic Chazalon-Si nous avons été déçus par la relativement faible affluence (600 personnes) pour le concert d’un musicien culte comme Chucho Valdes le 5 octobre à l’Opéra de Saint-Etienne, dans l’ensemble, le public a répondu présent.
Nous avons même pu noter l’apparition d’un nouveau public cette année, ce qui est encourageant.
Le concert le plus court du Festival (3/4 d’heure, ce qui s’explique par le fait que ce soit un pur solo) , mais aussi le plus énigmatique : Marie Krüttli en piano solo à la galerie d’art contemporain Ceysson & Bénétière à Saint-Etienne
Pourquoi à votre avis ce nouveau public ?
Plusieurs raisons peuvent l’expliquer. La programmation d’abord qui, bien que centrée sur le jazz, a encore permis d’élargir les esthétiques qui gravitent autour du jazz. Nous avions cette année une couleur musicale plus large.
Parce que nous avons aussi élargi notre périmètre : à Lyon où se sont déroulés cinq concerts et où nous avons beaucoup communiqué, jusqu’en Haute-Loire, pour la 1ère, fois, très précisément à Monistrol dans le cadre étonnant de l’entreprise Barbier. Nous avons cette fois attiré un public venu du Puy-en-Velay, mais aussi un public lyonnais en plus grand nombre.
Le superbe concert Monniot/Ithursarry à l’Eglise de Génilac : « Hymnes à l’amour »
Combien de spectateurs au total se sont rendus aux 41 concerts du Rhino, cette année ?
Il est encore trop tôt pour le dire, les comptes prendront un peu de temps, mais ce qui est sûr est que nous atteindrons au moins la jauge traditionnelle du Rhino qui est de 20 000 spectateurs.
Le fait d’organiser des concerts dans 29 lieux différents demande une grosse logistique et de nombreux bénévoles pour l’assurer. Lesdits bénévoles ont-ils encore répondu présents cette année ?
C’est notre grande chance, gage de pérennité du Rhino, nos bénévoles qui sont au nombre de 25 sont très fidèles. Ce qui est absolument nécessaire car vu les dates du festival, hors vacances scolaires, nous ne pouvons pas compter par exemple sur des étudiants. Je les remercie très chaleureusement !
Sur les 41 concerts au programme, lesquels vous ont le plus marqué ?
En tête je mettrai le pianiste Harold Charre en solo qui s’est produit le 8 octobre dans l’église de Cellieu dans la Loire et qui a bouleversé les spectateurs. C’est un musicien à la fois d’une humilité et d’un talent total, doté d’une hyper-sensibilité qu’il exprime également dans le cinéma et le dessin.
Je citerai également les Londoniens de « Tankus the Henge » qui se sont produits au « Quarto » à Unieux dans la Loire le 20 octobre. Il s’agit d’un sextet de nouvelle génération qui constitue une belle porte d’entrée pour les spectateurs qui ne connaissent pas le jazz.
Le Rhino a dans le passé mis en pleine lumière des artistes méconnus qui ont ensuite décollé comme la chanteuse coréenne Youn Sun Nah. Qui voyez-vous connaître le même chemin avec ce Rhino 2023 ?
Sans conteste, le saxophoniste alto espagnol Antonio Lizana qui a joué le 18 octobre avec son sextet, salle Jean Dasté à Rive-de-Gier dans la Loire, en compagnie d’un danseur de flamenco.
Il a certes 37 ans, n’est pas encore connu en France, mais avec son groupe, il a effectué un concert d’une beauté renversante et je suis persuadé que l’on va entendre beaucoup parler de lui à l’avenir !
Pour la première fois le Rhino a fait une incursion en Haute-Loire, au sein de l’imposante usine Barbier à Monistrol.
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