Il porte bien son nom. Le Périscope est né il y a 8 ans à Perrache derrière les voûtes lyonnaises mais devant ces deux prisons de Saint-Paul et de Saint-Joseph, disparues depuis. A l’époque, dans cet océan de grisaille architecturale, le lieu avait en effet tout du sous-marin plongé dans des fonds hostiles. Clandestin. Un zeste sulfureux. Ça ne l’a pas empêché de s’enraciner, de prospérer, de s’attacher une clientèle à la recherche de programmations ambitieuses et d’acquérir ainsi une belle réputation.
C’est ainsi : alors que les dites prisons ont dû laisser la place à des programmes immobiliers propres sur soi, le Périscope est désormais la scène musicale de référence à Lyon, notamment en jazz.
On ne sait trop pourquoi : l’énergie de ses fondateurs et de tous les bénévoles qui se succèdent pour faire vivre le lieu ? La programmation, qui voit de sacrées pointures se succéder sur scène semaine après semaine ? Le charme de cette « cave » qui conserve encore aujourd’hui un indéniable aspect clandestin ? Sans doute tout cela à la fois, plus une fraicheur qui, saison après saison, ne se dément pas. Et des prix calculés au plus juste : que ce soit l’entrée gratuite un soir sur deux ou des consommations vendues à prix bénévole.
Des centaines d’étudiants pour nouveaux voisins
L’avenir s’annonce rose : depuis quelques jours, le Périscope a pour nouveaux voisins les centaines d’étudiants de la Catho désormais implantée à quelques mètres de là. Une aubaine. Retenons d’ailleurs que le bar du Périscope ouvre désormais chaque jour à 17 heures (du mercredi au samedi) jusqu’à plus soif.
Mais retour à l’essence du lieu : la musique et tout le reste. Documentaires, poésie, lectures, conférences, rencontre(S), écoute de disques et cabaret poétique avec deux mots d’ordre : curiosité culturelle et indépendance de goût, de fric et d’esprit.
C’est flagrant en matière de musique où le domaine musical du Périscope ne saurait se limiter au jazz. « C’est du 50/50, explique Pierre Dugelay, le directeur artistique, une moitié de jazz, une autre moitié de plein d’autres choses ». Ici, pas de principe vraiment arrêté. « Ca dépend. Durant certaines périodes il n’y a que du jazz ». Surtout entre novembre et mars. « Mais durant certaines périodes comme pendant les festivals de jazz, on fait autre chose ». L’occasion fait le larron.
Annoncés Marc Ducret, Julien Lourau et Hasse Poulsen
Les affiches, elles, sont au rendez-vous : fin septembre, Steve Swallow était là au sein du Christian Muthspiel quartet. Ont suivi François Raulin, l’Isaac’s Mood de Ben Gouhier et David Bressat puis le Guilhem Flouzat quartet qui intègre le sax ténor Ben Wendel et le pianiste Laurent Coq. Novembre est de la même veine : le 6 novembre, Marc Ducret fait halte aux côtés de Régis Huby. Le 11, Mark Feldman est en duo avec Sylvie Courvoisier. Le 19, Julien Lourau fait partie du quintet emmené par Antoine Berjeaut. La veille, Hasse Poulsen au sein du Langston Project. Et les mois qui suivront seront de la même veine. Un conseil d’ailleurs : se fier plutôt au site du Périscope car les programmateurs sont du genre à rajouter une date impromptue si l’occasion se présente.
Ajoutez-y les évènements : ce fut Résonance en juillet, en partenariat avec Jazz à Vienne. Le festival sans avoir à y courir : 6 soirées, 6 artistes, 6 auteurs, et une ambiance de café-culture étonnante.
Il y a quelques jours, ce fut la Gaffer Fest, 5ème du nom, issue du label Gaffer Records, avec deux soirées denses ponctuées par des artistes rares et Sheik Anorak lui-même. Il y a peu, c’est le Rhino qui est venu jeter sa dernière ancre au Périscope (voir plus bas, sur l’écran à droite). Et dans quelques jours, ce sera au tour des Eclats d’Arfi de venir illuminer le lieu.
Cette année, Le Périscope devrait aligner ainsi 130 soirées-évènements. Il pourrait en organiser beaucoup plus : mais « Nous sommes amenés à refuser beaucoup de choses car on ne peut pas accueillir tous les projets », expliquent Pierre Dugelay et Catherine Carette, pilier du comité de programmation. Subtilité de l’équilibre à trouver, des pistes à proposer et des convictions à imposer. Pas simple.
Blue Yonder et Donkey Monkey ont conclu le 37ème Rhino
Samedi dernier. Une soirée pas comme les autres : la clôture du 37 ème RhinoJazz qui n’a cessé de naviguer durant un mois entre Saint-Chamond, Saint-Etienne, Lyon et des communes emmitouflées dans la Loire voisine.
Au programme, Rhino oblige, deux formations pas piquées des vers, bien dans l’esprit de ce festival qui privilégie la création comme il respire d’où qu’elle vienne. Donkey Monkey se résume à une pianiste et une percussionniste qui introduisent entre elles un ping-pong musical et vocal déroutant. Eve Risser, au piano, s’est auparavant illustrée au sein de l’ONJ. Cette fois, elle s’aventure dans l’art subtil mais difficile du duo, en compagnie de Yuko Oshima. A elles deux, elles bâtissent un univers étrange, déluré ou recueilli, aux mille nuances.
Auparavant, c’est Blue Yonder, trio réunissant Emmanuel Scarpa, Guillaume Orti et Bruno Ruder. Brillant mais un peu court. Au premier les compositions et le cadre. Aux deux autres, le cheminement musical tour à tour appliqué ou sans compromis.
Le Fender Rhodes retravaillé épouse aisément les saxophones poétiques de Guillaume Orti. Vous l’avez loupé ? Le trio sera à nouveau au Périscope, cette fois en résidence du 20 au 25 novembre…
Facebook
Twitter
YouTube
LinkedIn
RSS