Pour son premier passage au Festival viennois, le mardi 11 juillet, le petit groupe scénique en diable a largement séduit, octroyant au public le rôle d’un précieux huitième musicien.
L’un est matador. L’autre gladiateur. Le troisième on ne sait pas trop. La quatrième, ballerine échappée d’un monde imaginaire. Allure de Pierrot, de Lio, ou de Lutin désireux d’imposer son monde, en l’occurrence aux 7 000 et des poussières spectateurs venus à Vienne hier soir.
A l’applaudimètre, à la joie qui aura traversé le théâtre antique durant leur concert, Deluxe est néanmoins largement arrivé à ses fins.
Un concert joyeux, festif, rythmé, conçu autant musicalement que scéniquement. Or, ce n’était pas totalement gagné : si ce groupe a l’habitude des salles de taille moyenne (le Transbordeur, le Radiant voire l’Olympia), il débarquait cette fois dans un théâtre antique qui en accueille plus du double, surtout lorsque la cavea (l’orchestre) est débarrassée de ses chaises, comme c’était le cas hier soir.
Ca ne les a pas gênés. Plutôt émoustillés. Et, c’est peut-être le plus étonnant, le public a immédiatement adhéré, répondu, poussé ce groupe qui ne cessait de l’appeler à participer, à se lever, à danser, à lever les bras. Devenant ainsi le 8ème musicien du groupe.
Départ comme prévu
Au départ, les choses avaient démarré comme prévu : une intro classique proférée dans le noir. Le temps que les 7 compères, chamarrés, se mettent en place.
A partir de là, ce fut une sorte de jolie fête que Deluxe assena à un public bon enfant, pas trop difficile côté musique, mais assurément séduit par ces musiciens qui font bien les choses.
Qu’il s’agisse des costumes, des effets de lumière, des chorégraphies (auxquelles se plient les musiciens pourtant arcboutés sur leurs instruments) ou des chansons interprétées, Deluxe trouve immédiatement la clef d’un public déjà conquis : moustache sur les visages, fleurs ou sympathiques délires dans les cheveux sont là pour rappeler qu’il était devenu, avant même leur passage à Vienne, familier de tout un public présent hier soir au théâtre antique.
Optimiste, joyeux en diable et joliment scénique
Plus que la musique, Deluxe met en scène un bel univers chatoyant et joyeux, proche d’une BD ou d’un dessin animé pour grands ados. C’est optimiste, joyeux en diable. Musicalement, le groupe sait alterner mais n’est jamais aussi convainquant que dans un funk souvent chanté, appuyé par une implication sur scène qui mérite d’être saluée. A peine peut-on penser que si chaque instrument est à sa place, le groupe gagnerait sans doute à renforcer encore sa rythmique.
Mais chaque chose en son temps : Deluxe est un groupe jeune. Leur histoire nous dit-on a démarré il y a dix ans dans les rues d’Aix-en-Provence. Le temps de muscler la formation (la chanteuse, Liliboy,est arrivée dans les derniers), de lui trouver son orbite et là voilà donc propulsée sur de nombreuses scènes, dont Montreux.
Pourtant hier soir, pour eux, Jazz à Vienne, c’était une première, et une autre dimension.
Ils ont, croyons-nous, réussi l’examen à la quasi-perfection, parvenant à transmettre au public cette conviction qu’un bout important de leur histoire était en train de s’écrire dans cet écrin antique.
Ce n’est d’ailleurs pas pour rien qu’un des leurs se mit à s’élever dans les airs, comme pour répondre à un joyeux drille qui aura pratiquement passé son concert à se balader au-dessus du public, hilare, porté par les mains des spectateurs qui se refilaient, complices, ce fardeau inattendu.
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