Alors que les jazzmen de « l’ancienne » génération ont parfois regretté leurs « errances » des années 70/80, tant au niveau des styles joués que des sons utilisés, force est de constater que la « nouvelle » génération, elle, est au contraire attirée par cette période qu’elle n’a que peu ou pas vécu.
Not so bad
En ouverture de soirée jouait Badbadnotgood avec Matthew Tavares aux claviers, Leland Whitty aux saxophones soprano / ténor et flûte, Chester Hansen à la basse et Alexander Sowinski à la batterie.
Malgré leur jeune âge, ces musiciens ne se sont pas laissés impressionner et ont sorti l’artillerie lourde avec gros son et jeux de lumières. A l’image des saxophoniste et batteur, assez prolixes, le groupe n’a pas ménagé sa peine, enchainant ses propres compositions et fournissant un set assez dense.
Propulsé par une section rythmique efficace, le groupe a distillé des ambiances Funk / Disco / RnB / Hip Hop selon les morceaux, utilisant beaucoup de sons colorés années 80. Les musiciens ont fourni un show plaisant avec cependant quelques passages atmosphériques un peu trop longs par endroits. Gageons que les années les mèneront naturellement à condenser un peu le propos.
Les apôtres du Funk
La soirée avançant, avec la moyenne d’âge, Cory Henry (orgues et claviers) et ses Funk Apostles ont pris le relai avec Denise Stoudmire et Tiffany Stevenson au chant, Nick Semrad au clavier, Adam Agati à la guitare, Sharay Reed à la basse et Brenton Taron Lockett à la batterie.
Cory Henry a débuté en tant qu’organiste à l’église pour des groupes de Gospel. Sa musique est dans la droite ligne de ses origines avec un Gospel / Soul survolté où son chant évoque les prêches enflammé d’un prête habité.
Un groupe bien groovy qui a donné à voir un show « à l’américaine », bien réglé, où tout le monde dansait sur scène, avec des questions / réponses entre Henry et les choristes, des soli courts et millimétrés de tous les musiciens et des titres s’enchainant sans temps morts.
Ces apôtres du Funk ont fourni un show efficace mais se sont peut-être un peu trop attardés en territoires connus et balisés, une impression sûrement renforcée par la présence de reprises comme « Stayin’ Alive » des Bee Gees, « Controversy » de Prince, « Rolling on a river »…
Respect and Respond now
Pour finir, la soirée s’est close avec les plus « anciens » de R+R = Now et quelques averses qui ont malheureusement clairsemé les rangs. Ce groupe est composé de Robert Glasper aux claviers et de musiciens avec qui il a déjà collaboré par la passé : Taylor McFerrin au clavier et chant, Christian Scott à la trompette, Terrace Martin au saxophone et vocoder, Derrick Hodge à la basse et Justin Tyson à la batterie.
Comme Badbadnotgood en ouverture, l’esthétique de cette formation est très années 80 avec des sons typiques de l’époque pour les claviers et les soufflants et un chant éthéré passé à la moulinette Vocoder. On pense naturellement aux Herbie Hancock et Miles Davis de cette période.
Le groupe mélange son Jazz avec des influences Hip Hop / RnB / électro dans un style qui contraste avec l’extraversion de Cory Henry et s’oriente vers une musique assez dépouillée et atmosphérique. Les musiciens, tous excellents, maitrisent leur affaire, c’est certains, mais ces passages calmes pourraient finir par lasser s’ils n’étaient régulièrement bousculés par des improvisations bien enlevées de basse et de soufflants notamment.
Le groupe a fourni en somme une performance à l’image de la soirée, beaucoup de bonnes choses mais peut-être un léger manque d’intensité et de surprise qui aura pu frustrer les amateurs.
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