Le festival de jazz le plus important de l’agglomération lyonnaise a démarré lundi 11 mars et ne cessera de prendre de la consistance jusqu’au thème final, samedi 30 mars. Bel exemple de longévité, cette 31ème édition ne fait pas oublier qu’A Vaulx Jazz ne revient désormais qu’une année sur deux.
Si, si. On aurait tendance à l’oublier mais A Vaulx Jazz est, depuis 31 ans, le festival de jazz le plus important de cette Métropole qu’on écrit et décrit désormais sur tous les tons, hors évidemment le grand voisin, Jazz à Vienne, né précisément à 30 kilomètres parce que Lyon n’en voulait pas.
Donc reprenons : aux côtés de divers évènements tels Saint-Fons, Fort en Jazz, le festival du Hot Club, Un Doua de Jazz, plus loin le Rhino et quelques autres qui essaiment ici et là, A Vaulx Jazz est donc le seul festival d’importance à Lyon qui se préoccupe de musiques improvisées. Avec succès. Ses 30 programmations sont autant de traces et de preuves d’une constance rare pour aligner, au Centre Charlie Chaplin, d’étonnants musiciens ou formations et, en la matière, les souvenirs sont légion.
Dommage. Pour des raisons mal cernées, une nouvelle municipalité, forte de son droit de faire et de défaire, a décidé qu’A Vaulx Jazz ne reviendrait plus que les années impaires, laissant la place, les années paires, à un festival des Cultures Urbaines.
De ce qu’on a pu constater, l’édition de ce festival, organisée donc l’an dernier pour la première fois, ne s’est pas révélée une grande réussite.
Mais, selon la mairie, les moyens manquent pour pouvoir organiser ensemble et chaque année, un tel festival des Cultures Urbaines et A Vaulx Jazz. D’où cette (mauvaise) idée d’alterner chaque année en espérant que cette rotation ne nuira pas, in fine, aux deux évènements.
Au-delà du choix, on ne peut que se lamenter que Lyon, qui se prétend ville de jazz, n’ait pas trouvé les moyens de venir au secours de son seul festival de jazz qui lui rend pourtant, en matière de renommée, de fieffés services.
Qui a posé la question : « mais à Vienne, comment font-ils ? »
31ème édition d’A Vaulx Jazz : une première semaine de retrouvailles
De lundi à lundi, le « off » du festival concentre concerts, cinéma, expériences et rencontres de façon très ouverte. Jamais le même lieu. Jamais la même heure. Sur un air de confiance aveugle, tout le monde est convié à rejoindre ces évènements qui nous emmènent très sûrement à Christian Scott, attendu lundi en huit à l’Epicerie Moderne
A Vaulx Jazz, 31ème édition, c’est donc parti.
21 dates, du lundi 11 mars au samedi 30 mars, avec chaque jour, chaque soir, des concerts, pour l’essentiel à Vaulx-en-Velin mais aussi à l’Epicerie Moderne et au Périscope, partenaires de longue date du festival. Un ensemble consistant mais qui se rassemble, pour faire simple, autour de deux temps forts : d’un côté un festival « hors les murs », organisé à partir de lundi 11 mars et qui conjugue toute une série d’évènements aux 4 coins de Vaulx-en-Velin.
De l’autre le « in », à Charlie Chaplin dont on reparlera plus tard. Concernant le « off », la formule a déjà fait ses preuves : des lieux divers (MJC, bibliothèque, piscine, planétarium, etc.), des entrées modiques ou gratuites, et, à ne pas louper, des concerts, des concert-repas, des films ou des installations tout au long de la semaine.
C’est Kunta qui se charge, lundi soir, d’ouvrir cette 31ème édition : six musiciens qui mêlent volontiers des accents musicaux nés aux antipodes les uns des autres pour délivrer une musique où le jazz, l’éthio-jazz, si en vogue, et autres blues ou soul, convolent avec des influences contemporaines jazz ou africaines. Sur scène, on retrouvera donc Yovan Girard aux claviers, Nans Paulet au bugle, Quentin Andréoulis à la guitare, Léo Ouillon au sax ténor, Thomas Pierre à la batterie et Colin Cousin à la basse. La soirée se prolongera autour d’une jam session ouverte à tous, comme il se doit, et encadrée par les professeurs du conservatoire.
Mardi 12 mars : cinéma et Jean Méreu sur les traces de Chet Baker
Au choix le lendemain, sur le coup du déjeuner (panier repas proposé), un étrange duo composé de Grégory Sallet aux saxophones et d’Adrian Bourget, aux machines/percussions à la recherche de sons venus d’ailleurs. Ou bien, le soir (20h), du cinéma, comme A Vaulx Jazz aime toujours en proposer.
Cette fois, il s’agira du film récent « Born to be blue » de Robert Budreau, une évocation du trompettiste Chet Baker, interprété par un acteur (Ethan Hawkezr), au travers de laquelle se dessine la personnalité bouleversée du trompettiste/chanteur disparu tragiquement. En complément, le festival a eu l’excellente idée de demander à Jean Méreu de revenir sur la musique et la vie de ce trompettiste qui a tant et tant hanté les salles de concert européennes. Quand un trompettiste part à la recherche d’un autre trompettiste ?
De l’ARFI à mille et une collaborations ou expériences, Jean Méreu a souvent rappelé l’importance et l’influence de ce trompettiste. Pour le coup, ce soir, après le film, il prendra le temps de mieux faire comprendre le talent et le mystère de Chet Baker, cette musique suave, aux notes essentielles, en mêlant intermèdes musicaux et petites révélations biographiques. Il est vrai qu’on en a beaucoup dit sur la vie tumultueuse de Chet Baker qui, rappelons-le, s’était illustré un soir au Hot-Club de Lyon, préférant chanter que de prendre son instrument.
Mercredi 13 mars : à la découverte de Sofiane Saïdi et Mazalda acoustique
Un tout autre genre, certes, mais quel ensemble : cette fois, ces musiciens atypiques présentent un concert acoustique. La réunion d’instruments est éloquente : du soubassophone à l’accordéon en passant par le sax, le bouzouki, les drums, le saz et les voix.
C’est évidemment à voir et à découvrir mais méfiance, tout cela se passe à 17 heures (Esplanade Jacques Duclos). Et, pour ne rien arranger, le lendemain, le rendez-vous est fixé à midi (Espace Carmagnole) le temps d’un concert-repas avec Watchdog : pour aider à déglutir en effet, un petit duo familier nous arrive avec la pianiste Anne Quillier et le clarinettiste Pierre Horckmans. Une sorte de fusion en perpétuelle évolution entre des instruments qui en disent long et une belle complicité harmonique.
Vendredi 15 mars : Valentin Durif et No Tongues vibrer au Planetarium
Le Planetarium a toujours occupé une place à part dans A Vaulx Jazz : une expo, un concert hors normes, une performance, un événement qui résonne longtemps après, nourri par l’atmosphère qui règne dans ce sas vers les étoiles. Cette fois, il accueille l’installation « vibratoire et cosmique » de Valentin Durif avant de se tourner vers No Tongues, un quartet étrange qui pioche dans de multiples sons pour édifier une étrange synthèse.
Samedi : l’heure de la sieste ?
Façon de parler mais, samedi la bibliothèque Perec reçoit, plutôt trois fois qu’une, Katah Sary, un duo au féminin armé de multiples objets musicaux piochés ici et là que les deux jeunes femmes mettent en scène et exploitent au sein d’un univers très personnel. (A 11h, 15h et 16h). Un peu plus tard dans l’après-midi, il s’agira de retrouver Super 4X4, un trio velu et sonore comme son nom ne l’indique pas (au Pôle de commerces et de loisirs Carré de Soie).
Dimanche : un cabaret jazz pour clore la semaine
Dans l’attente de Christian Scott en quintet attendu le lendemain à l’Epicerie Moderne, on se rendra cette fois à la Maison des Fêtes et des Familles ( ?) pour retrouver un Cabaret Jazz fomenté par l’Orchestre d’Harmonie et par Vaulx Voices. (A partir de 14h30). On passe en revue Gershwin, Aretha Franklin et quelques autres. L’ensemble se marie bien sans être pressé de conclure.
Ça en sera donc fini avec le « off » d’A Vaulx Jazz, partie la plus spontanée et souvent la plus riche du festival qui aime ainsi « pérégriner » avant de vous convier à le rejoindre au Centre Charlie Chaplin (à partir de mercredi 20 mars).
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