A l’occasion de sa venue aux Nuits de Fourvière samedi 27 juillet et de la présentation de son dernier projet « Bona de la frontera », entre Soul, Flamenco et musique Africaine, Richard Bona se livre à Jazz ‘in Lyon sur sa vision de la musique, un propos profondément humaniste et ouvert sur la différence pour un personnage généreux et plein d’humour.
C’est votre première venue aux Nuits de Fourvière, quels sont vos impressions avant de jouer sur cette scène du théâtre Antique de Fourvière ?
Richard Bona : L’endroit est magnifique ! je regrette seulement que le temps ne soit pas au rendez-vous mais s’il faut chanter sous la pluie, je m’adapterai ( rires) !
Bona de la frontera est le titre de votre dernier projet, pouvez-vous préciser ce qui a motivé ce nouveau métissage avec le Flamenco ?
Ce projet avec le Flamenco, c’est une manière de nous embrasser et de nous rapprocher. Quand je dis nous, je pense aux artistes car embrasser la différence c’est embrasser la tolérance. Ce n’est pas juste un projet musical mais aussi humain. La musique doit jouer son rôle dans la société et rapprocher les peuples, je veux transmettre par ma musique cette valeur fondamentale pour moi !
En quoi la différence se manifeste-t-elle entre le Flamenco et votre style de jeu ?
Il n’y a pas tant de différences entre nous sinon notre quotidien ! Si la vie des hommes correspondaient à ce que nous voulons faire en musique, nous serions dans un monde parfait. La démarche est celle d’une rencontre et rien d’autres !
Qu’est-ce qui vous touche dans le Flamenco ?
C’est une très belle musique, difficile à jouer ! (rires). C’est une musique très métissée, pas seulement espagnole, avec des influences de l’Afrique du nord, gitanes et européennes.
Dans mon dernier projet afro-cubain, j’étais dans cette même démarche de rapprochement avec le plaisir de découvrir par notre association de nouvelles sonorités. Mon background c’est ça! j’aime la belle musique. Je suis ouvert à toute musique ouverte sur le monde et qui sait demain si je ne jouerai pas de la musique bretonne ?
Dès lors, qu’est-ce qui motive votre envie d’aller vers telle musique plutôt que vers une autre et aujourd’hui le Flamenco ?
Ça part avant tout d’une rencontre qui me donne envie d’aller explorer plus loin un genre musical. Rien n’est prévu d’avance. Vous savez, ma vie est un livre de 600 pages, je n’en ai écrit que 40. Pour le Flamenco, c’est parti d’un concert Paco De Lucia à Santa Fe en Californie.
J’étais à 2-3 mètres de la scène et là le Flamenco m’a inondé, envahi et fasciné ! Alors que jusque-là je n’avais pas porté une attention particulière à ce style. C’est comme pour mon projet Afro-Cubain construit après un séjour d’une semaine à Cuba où j’ai été émerveillé par nombres de sonorités. J’ai aussi besoin de me renouveler, je me lasse très vite de ma musique, j’aime changer.
J’ai compris très tôt que j’apprendrai davantage de ceux qui sont différents de moi que des familiers.
Ceux de mon village ne vont pas beaucoup m’apprendre. Je dis pas qu’ils ne vont rien m’apprendre mais c’est limité! Par exemple, dans mon village natal, on se lave tous les mains dans une bassine avant de manger dans un plat commun. Si je vais au Japon, on va m’apprendre à manger avec des baguettes et si je vais en Europe avec des couverts, etc… bref, je me sens plus stimulé et vivant en ne restant pas sur mes acquis !
J’aime apprendre des autres et pour moi toutes les musiques sont belles. La musique est cette école qui ne finit jamais! En musique, plus je sais, moins je sais.j’ai envie d’être en permanence dans cette mouvance de l’élève, je veux rester en éveil !
Y-a t-il un genre musical que vous n’avez encore jamais exploré ?
J’ai écouté récemment des voix Bulgares qui m’ont beaucoup touché! Du coup, j’en écoute davantage et qui sait, peut être un jour un nouveau projet naîtra de ces écoutes ?
Y-a t-il des artistes avec qui vous aimeriez collaborer ?
Oui, y a plein de jeunes qui arrivent mais honnêtement j’ai joué avec tous les artistes dont je rêvais ( Michael Brecker, Mike Stern, Pat Metheny, Stevie Wonder,…), ça s’est fait naturellement !
Sauf évidemment ceux qui sont morts (rires) ! j’aurai rêvé de jouer avec Miles Davis mais à l’époque je n’avais que 19 ans, je n’avais pas les couilles pour me frotter à une telle figure! Je l’ai croisé à La Villette, il est venu me parler mais j’ai eu peur ! Il est arrivé par surprise et m’a demandé “ are you musician?” et là j’ai bloqué, rien n’est sorti.. !
Dans la jeune génération, j’apprécie beaucoup Alfredo Rodriguez, Jacob Collier, Liz Wright, Cecil Mac Lorin, ou même en France le bassiste Hadrien Feraud etc… Là, je viens de jouer sur un projet de Christophe Maé, super artiste !
Pour Jazz’inLyon, pourriez-vous donner votre définition actuelle du Jazz ?
Ouille! ! Question difficile ! Ma définition serait la liberté et la célébration de la vie. La spontanéité du jazz donne la vie!! La musique se porte bien aujourd’hui, j’observe dans la jeune génération un vivier très puissant de joie de vivre, je suis optimiste !
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