Dans son discours lundi 13 avril, Emmanuel Macron a été clair : aucune grande manifestation sportive ou culturelle ne pourra avoir lieu avant le 15 juillet. Exit donc le Tour de France, mais aussi, entre autres festivals, Jazz à Vienne. Samuel Riblier, son directeur explique quelles vont être les conséquences de cette décision qui était toutefois attendue. Interview.
L’annonce de l’annulation de toutes les grandes manifestations publiques jusqu’au 15 juillet hier soir et de facto de l’édition 2020 du Festival Jazz à Vienne n’a pas dû être totalement une surprise…?
Samuel Riblier-Non, effectivement, cela fait plusieurs semaines qui nous réfléchissions à tous les scénarios possibles, dont l’annulation pure et simple. C’est donc l’option que bien sûr nous avons prise.
On ne pouvait réunir cet été 7 000 personnes au théâtre antique sans penser aux conséquences sanitaires possibles.
Quel sentiment provoque cette annulation chez vous et au sein de équipe du Festival ?
Evidemment une grande tristesse. Je pense à l’équipe du Festival qui a travaillé à sa programmation pendant onze mois et qui avait élaboré une édition spéciales 40ème anniversaire avec beaucoup de belles surprises. Tout était prêt et tout doit être stoppé, c’est très dur pour eux, pour nous tous.
Ceci dit, il faut hiérarchiser les priorités. Avant le Jazz, il y a la santé des Français. Nous sommes solidaires de cette décision. Nos pensées vont d’abord aux malades sous respirateurs dans les hôpitaux, aux familles endeuillées.
Y aura-t-il tout-de-même cet été quelques manifestations de beaucoup plus petites dimensions pour évoquer ce 40ème anniversaire à Vienne ?
Nous, nous ne l’envisageons pas. Le Festival est un tout : des concerts au théâtre antique et tout le off au Jardin de Cybele, au théâtre municipal, dans la ville, çà paraît difficile de dissocier le programme.
Quel va être le coût financier de cette annulation du Festival ?
C’est sûr, il va y avoir un coût financier que je vais devoir calculer précisément.
Certes, il n’y aura pas d’artistes au théâtre antique et donc pas de cachets, ni de billetterie par ailleurs, mais il y a toutes les dépenses qui étaient engagées.
Les assurances vont-elles fonctionner dans ce cas ?
A l’évidence, non, car elles n’intègrent pas ce type d’événement.
C’est vrai, chaque année Jazz à Vienne assure ses concerts, soit pour des intempéries, soit parce que nous faisons venir un artiste très âgé ou encore d’autres causes. Mais ce sont des contrats d’assurances très précis renouvelés chaque année.
Quid des salariés qui travaillent pour Jazz à Vienne et notamment des intermittents du spectacle ?
Nous sommes en totale solidarité avec eux, d’autant que l’été, avec tous les festivals, est une période où ils travaillent beaucoup.
Ils sont plusieurs centaines à travailler pour Jazz à Vienne (*). Malheureusement pour certains, la situation risque d’être dramatique.
Il ne faut pas oublier que la culture est un vrai secteur de l’économie qui fait vivre beaucoup de monde.
Comment cela va-t-il se passer pour tous ceux qui avaient pris déjà des billets, des abonnements ?
Comme nous avions déjà annoncé une partie de la programmation comme Jamie Callum ou Wynton Marsalis, notamment, nous avions déjà engrangé de nombreuses réservations.
Nous allons préciser dans les jours qui viennent, les modalités de remboursement.
Mais je tiens à dire qu’il y aura bien une 40ème édition, un 40ème Festival en 2021.
Une manière de soutenir Jazz à Vienne dans cette passe difficile sera aussi de ne pas demander le remboursement du billet ou de l’abonnement qui sera valide bien sûr en 2021. Conservez les si vous le pouvez !
Et d’ici l’édition 2021, que va-t-il se passer ?
Nous comptons bien réactiver la dynamique Jazz à Vienne en programmant en fin d’année 2020 et au cours du premier semestre 2021 des concerts à l’Auditorium de Lyon, ou salle du Manège à Vienne, par exemple.
Nous comptons bien continuer à exister le plus vite possible et donner du plaisir. Il faut bien dire que cette notion de plaisir, nous en avons tellement besoin actuellement !
(*) Jazz à Vienne, c’est plus de 1 000 artistes et des centaines de prestataires, fournisseurs, intermittents, saisonniers… Au total, ce sont plus de 400 personnes qui travaillent chaque jour pendant la quinzaine du festival.
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