Les big band, de plus en plus rares retrouveraient-ils droit de cité ? En tout cas, lors des trois dernières soirées de Parfum de Jazz, le Festival de la Drôme provençale qui vient de se terminer ont permis de retrouver avec une grande joie deux machines musicales bien huilées, celles de Tullia Morand et de Laurent Mignard. S’est ajoutée à ces deux formations la singularité envoûtante de la flûtiste et chanteuse franco-syrienne Naïssam Jalal, une étoile montante du jazz qui s’est produite en trio.
Un oasis. Avec son immense roc comme fond de scène, le théâtre du Rocher constitue un havre de calme et de félicité au cœur même du centre historique de Pierrelate.
Un site à l’excellente acoustique qui a accueilli jeudi 19 août un des rares big band français, sinon peut-être bien le seul, dirigé par une femme, Tullia Morand, par ailleurs saxophoniste baryton. Elle ne se contente pas de diriger, mais compose aussi la plupart des compositions qui ont été proposées ce soir là par son orchestre rassemblant pas moins de 3 musiciennes et 9 musiciens.
Un peu désarçonnant par moment, car si la plupart des thèmes émanent de la cheffe d’orchestre, ils s’avèrent d’une d’inspiration et de styles très variée, alternant avec des couleurs arabes, brésiliennes, voire dans la droite ligne des big band traditionnels US, avec au passage un hommage à Thelonius Monk et un autre à Charlie Parker.
Plus surprenant encore, l’arrivée d’un tap dancer (un danseur à claquettes), Fabien Ruiz, tout bonnement le chorégraphe et le coach du film “The Artist”, multi-oscarisé. Une intervention qui, à plusieurs reprises, a permis de transcender le swing omniprésent de la cheffe d’orchestre et de sa formation, malgré le mistral frisquet qui soufflait ce soir là et qu’on oublia vite.
Line-up-Pierre Mimran, Xavier Sibre (saxophones, flûte, clarinette) Jerry Edwards, Martine Degioanni, Didier Havet (trombones) Jean Gobinet, Philippe Slominski, Julien Matrot (trompettes) Carine Bonnefoy (piano) Rubens Levy (basse) Frederic Delestré (batterie) Fabien Ruiz (claquettes) Tullia Morand (direction et saxophone baryton).
Le cri venu de l’intérieur de Naïssam Jalal
Total changement de décor, le vendredi 20 août avec la flûtiste et chanteuse Naïssam Jalal qui s’est produite devant la cathédrale de Saint-Paul-Trois-Châteaux, un écrin bien adapté à la recherche teintée de spiritualité de la flûtiste et chanteuse franco-syrienne, lauréate des Victoires du Jazz 2019 et qui revenait de Marciac.
On la sent à la fois bouillonnante et animée d’un feu intérieur, élaborant une musique introspective qui parle directement à l’âme et au cœur. Chez elle, comme le chantait le Stéphanois Bernard Lavilliers, “la musique est un cri qui vient de l’intérieur”, paslmodiant d’ailleurs pafois les yeux fermés façon muezzin, pour mieux rechercher au fond d’elle-même grâce et douceur.
Laissant une large place aux deux autres membres du trio, Léonardo Montana au piano et un vibrionnant Claude Tchamitchian à la contrebasse, parfaitement en phase, elle su créer cette osmose parfaite qui accentue encore sa singularité.
Duke ladies en verve
C’est avec un big band composé de pas moins de 17 musiciennes et musiciens que s’est achevé, le samedi 21 août, après deux semaines intensive de Festival, Parfum de Jazz.
Cette fois, à la baguette, on retrouvait un homme, dont la haute taille et la gouaille envahissait la scène, Laurent Mignard fondu du Duke qui se consacre presque exclusivement à la musique d’Ellignton à qui, il redonne de beaux éclats comme on a pu le constater ce soir là lors d’une concert de plus de deux heures teinté de paillettes, de rires et d’un swing élaboré et sophistiqué.
Si Alain Brunet, le président de Parfum de Jazz, avait choisi cette formation c’est parce que ce soir là, ce sont les Duke ladies qui étaient à l’honneur, à la fois dans le choix des compositions, mais aussi des solistes mises en avant : la chanteuse Sylvia Howard, malheureusement en demi-teinte ; l’étonnante harmoniciste Rachelle Plas qui avec ses envolées endiablées a enflammé le public ; Julie Saury, la fille de Maxim à la batterie et la clarinettiste Aurélie Tropez au swing élégant.
On le sait, Duke Ellington avait une tendresse appuyée pour les femmes, ce qui l’a amené à leur consacrer aussi de nombreux thèmes à l’instar de Sophisticated lady, Black Beauty, Perfume Suite, Lady Macbeth et bien d’autres, distillées ce soir là au fil du concert.
On dit souvent que le Duke jouait de son orchestre comme il jouait de son instrument, en l’occurrence le piano. Appuyé notamment par une section de trompette (Richard Blanchet, Claude egea, Jerôme Etcheberry et Sylvain Goutard, assez éblouissante, il faut bien le dire, Laurent Mignard a su retrouver l’âme du Duke, transformant ce big band en formule 1 du swing, tout en conservant l’aspect sophistiqué des compositions ellingtoniennes. Bref, on l’aura compris, un final de toute beauté, et cette fois sans mistral. Un Festival où l’on n’entend que du Jazz, ça devient rare…
Line-up-Sylvia Howard (vocal), Rachelle Plas (harmonica), Julie Saury (batterie), Aurélie Tropez (clarinette) accompagnées de Didier Desbois, Roland Seilhes, Carl Schlosser, Olivier Defays (saxophones), Claude Égéa, Sylvain Gontard, Jérôme Etcheberry, Richard Blanchet (trompettes), Nicolas Grymonprez, Michaël Ballue, Jerry Edwards (trombones), Philippe Milanta (piano), Bruno Rousselet (contrebasse), Laurent Mignard (direction).
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