Chaque année, A Vaulx Jazz a l’habitude de démarrer au cœur de l’hiver et de se clore au printemps. Du mimosa aux jonquilles si vous voulez…
Premier festival de l’année (si l’on oublie, injustement, celui de Saint-Fons), cette manifestation originale, authentique et enthousiaste depuis ses débuts, il y a 28 ans, ne s’écarte jamais de ses convictions et de son cocktail de départ : des musiques improvisées d’où le mot « soupe » est proscrit, excepté ce soir mémorable, il y a 8-10 ans, où la belle Isabelle élabora sur la grande scène de Charlie Chaplin un potage qu’elle n’a jamais daigné nous refaire.
Donc, dans l’idée qu’un festival ne vaut que s’il emporte l’adhésion de tous, A Vaulx Jazz, comme d’hab’, démarre un certain vendredi 27 février, à 20 h 30, au conservatoire de musique local, puis emprunte, durant près d’une quinzaine à entrée libre, les chemins les plus invraisemblables pour nous faire découvrir un ensemble d’évènements jazzy mais pas seulement avant d’aborder au Centre Charlie Chaplin le « dur » de sa programmation.
Deux festivals en un ? Non, plutôt un premier, fantaisiste, hors normes, qui godille dans l’agglo, de l’auditorium au Vinatier, du planétarium au Périscope (voir ci-dessous), faisant la courte échelle au second qui démarre mardi 10 mars.
Neuf soirées soigneusement élaborées
Au programme de cette 28ème édition, neuf soirées soigneusement élaborées, où se succéderont Antonio Farao en compagnie de Dave Liebman, Kellylee Evans, Avishai Cohen (le trompettiste), Stephane Kerecki, Lars Danielsson, Sclavis, Pifarely + Vincent Courtois, les inévitables bluesmen authentiques, Jeff Ballard et, en final, Thomas de Pourquery et en petits derniers, les héritiers de Sun Ra réunis dans le Sun Ra Centennial. Evènement bien sûr.
Evidemment, toutes ces soirées s’emboîtent les unes dans les autres, tout en se suffisant à chaque fois à elles-mêmes.
Du jazz le plus intime au plus sonore ou scintillant, comme le dit Thierry Serrano, directeur qui s’apprête à tirer sa révérence, cette 28ème édition s’étire entre les soufflants, les voix et les cordes. Inutile de redire ici le rôle d’un Liebman ou d’un Sclavis dans cette hiérarchie. Mais insistons plutôt sur cette soirée « nouvelle vague » qui verra Stephane Kerecki entouré de quelques grandes figures du jazz hexagonal revenir sur 11 grands thèmes musicaux du cinéma de cette décennie bénie (A bout de souffle, Tirez sur le pianiste, Lola etc…), concoctés par quelques grands musiciens tels Michel Legrand , Antoine Duhamel ou Martial Solal.
Le contrebassiste aura été précédé sur scène ce soir-là par un certain George Garzone, sax de référence, venu se mêler à un « Quintet Madness Tenors », au sein duquel tirent les ficelles Lionel Martin, Mario Stanchev, Ramon Lopez et Benoît Keller, des musiciens aux inspirations riches et fortes qui multiplient les remises en causes, les escapades d’un soir et les expériences les plus fofolles au service de la musique.
L’idée est née un certain soir de bœuf mémorable…
L’idée d’un tel quintet, nous conte Robert Lapassade-l’enchanteur, est née un certain soir de bœuf mémorable administré durant le festival de Sofia dans lequel Mario Stanchev croisa les doigts avec Garzone et Martin. Ca promet. !
Lars Danielsson sera présent le lendemain en compagnie d’un groupe rare (John Parricelli et Magnus Oström) pour nous administrer Liberetto II, une improvisation épurée délivrée par des musiciens à l’écoute et parmi lesquels se glisse un certain Mathias Eick. Ce qui ferait dire qu’en matière de jazz, on ne regarde jamais assez vers le nord de l’Europe.
Ce même soir, Bruno Tocanne, Rémi Gaudillat, Fred Roudet, Jean Aussanaire, ça vous dit quelque chose ? Comme un imuZZic qui se présente cette fois sous forme grand ensemble pour rendre hommage à Carla Bley et à sa création ancienne mais sans rides, Escalator Over the Hill, ouvrage décomplexé, fruit de toutes les influences musicales qui n’ont cessé de hanter cette étonnante pianiste, égérie de tant et tant de grands musiciens qu’elle ne cessa d’attirer auprès d’elle.
Louis Sclavis, le pilier
Que dire de ce qui suivra : Louis Sclavis demeure l’un des piliers d’A Vaulx Jazz.
Ce soir-là il est en compagnie de Vincent Courtois. Ca ne vous rappelle rien ? Une certaine édition du festival où, comme dans les grandes heures sociales, les musiciens s’étaient rendu chez « les Berliet » à Vénissieux bras dessus – bras dessous. Mémorable. En partie foiré mais c’est pas grave. Un violoncelle et clarinette basse dans une insipide salle de réunion transformerait presque les chaises en bois fatiguées en autant d’œuvre d’art signées.
Bref, ici, le tandem est rejoint par Pifarely, pour refaire un trio qui a tant fait date il y a trois décennies. Musique profonde, essentielle, à remporter avec soi. Auparavant (ou ensuite, on ne sait trop), on aura savouré une des formations attendues de cette édition : Jeff Ballard en quartet, composé de quelques belles pointures aux pedigree soignés (Lionel Loucke à la guitare, Kevin Hays au piano, on vous le recommande, et Reid Anderson à la contrebasse mais pas seulement).
Marshall Allen a repris le flambeau cosmique du maître
Sautons la soirée blues pour atterrir pile au centre du Sun Ra Centennial Arkestra qui fêtera en effet ce soir-là le 100ème anniversaire de la sublime arrivée sur Terre de Sun Ra (né en 1914, monté au ciel en 1993). Evidemment Marshall Allen, sideman adoubé, dirige un ensemble renommé qui a repris le flambeau cosmique du maître. Occasion de comprendre pourquoi l’influence de Sun Ra n’a jamais cessé de s’étendre.
Auparavant, pour faire bonne mesure, Thomas de Pourquery donnera sa propre version de ce monde sunrassien dans une formation remontée comme une pendule qui se plaît à filer dans les espaces supersoniques.
Et ainsi retombera le rideau de cette 28 ème édition d’A Vaulx Jazz. On aura presque oublié qu’entretemps, le festival aura aussi accueilli le trompettiste Avishai Cohen en trio et Sylvain Rifflet en quintet et que, le 13 mars, on aura été convié à une soirée centrée sur les deux belles voix soul de Natalia M. King et Kellylee Evans.
Les voix ont toujours été un thème central d’A Vaulx Jazz. On s’en convaincra une fois encore.
Festival A Vaulx Jazz : du 27 février, au 21 mars 2015/ tél.: 04 78 79 52 36 / fax: 04 78 79 52 38/contact@avaulxjazz.com
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