A Contrario sort « D’Elles », un album attachant de Sandrine Deschamps et Marie Christine d’Acqui

Au départ, un petit disque. Appliqué. Simple murmure d’une voix et d’une contrebasse. Un duo, qui ne vise qu’à se fondre. Du moins en apparence, au fil de courts morceaux composés soit, par l’une ou l’autre, Sandrine Deschamps (voix) et Marie-Christine D’Acqui (contrebasse) soit, par des femmes appelées ici pour une raison précise  (fil rouge de ce nouvel album) : « le destin de femmes inspirées et inspirantes, célèbres ou inconnues, leur détermination à suivre leurs envies et à oser se jeter dans le monde », écrivent-elles en préambule. 

Entre autres, Mary Lou Williams, Joni Mitchell, Pannonica de Koenigswarter ou Rosetta Tharpes…

Cela explique en partie l’étonnante alliance entre cette voix et cette contrebasse. Comme dans Owha, où l’archet de la contrebasse donne à la voix un écrin aussi discret qu’inattendu, mais aussi une répartie essentielle. 

Un doux équilibre qui fait de cet album une perle

Une contrebasse presque à contre-emploi, ou plutôt, admise au même rang que la voix. Ecouter le petit solo de Hiaura Viulo : fines nuances, juste ce son grave qui s’envole sans jamais s’épancher….. jusqu’à ce que le saxo vienne s’en mêler. 

 C’est ce doux équilibre qui, morceau après morceau, fait de cet album une perle. Un équilibre bâti avec attention, même lorsque, sur quelques thèmes, viennent donc s’en mêler Jean-Charles Richard (sax) et Keyvan Chemirani (percus) : le même désir de se fondre, de parler d’une même voix jusqu’à créer cette atmosphère, qui d’un bout à l’autre, imprègne cet album. 

Ce n’est pas par hasard que, pour l’enregistrement, les deux musiciennes ont été rejointes par Romain Clisson et Daniel Yvinec. 

Au fil des morceaux, s’imposent cette simplicité à deux, cette volonté commune de nous emmener vers un petit monde inédit, où chaque mesure a son rôle à jouer.  Après, on pourra toujours se demander comment se noue cette étrange alliance entre une voix et une contrebasse puisque c’est bien celle-ci qui est la trame de ce D’Elles. 

Les deux musiciennes n’en sont pas à leur coup d’essai. D’où une connivence et une intimité qui se confirment dans chaque thème. Mais, au-delà, c’est bien cette profession de foi pour des artistes-femmes qui ont montré la voie, en choisissant souvent des chemins de traverse, qui transporte l’album et convaincu.