Un concert à écouter avec attention : Caloé chante un petit monde très personnel, en partie inédit, hors du temps, poétique en diable mais qui plonge très sûrement dans le jazz le plus authentique.
Evidemment, on vous recommandera « Les Saisons », album sorti en août 2020, lors d’un été fatidique pour la musique et pour le jazz notamment. Album particulièrement remarqué pour cette rencontre entre jazz et poésie, et pour cette voix qui s’appuie doucement sur les instruments qui l’entourent, dont le saxophone de Franck Wolf et la trompette d’Aslin Parker.
Pour Caloé, l’oeuvre ainsi publiée n’est pas anodine. Elle illustre surtout son parcours, autant géographique que musical, sorte de jeu de piste démarré très tôt à l’ombre de sa mère, passant par des écoles de musique ou des conservatoires, par l’apprentissage du violon (classique) avant de s’initier à la musique manouche.
Si Caloé possédait déjà un beau brin de voix, il semble pourtant que la pratique du violon a longtemps laissé de côté l’approfondissement du chant. On suit la jeune femme, changeant de région, arrivant à Clermont-Ferrand, s’investissant dans des groupes différents, partant du manouche pour se tourner de plus en plus vers le jazz. Et surtout pour prendre confiance dans sa voix.
Saisons, sorti en plein épidémie, un album qui fait mouche
Passée par le quintet Swing de Paris, puis pendant 4 ans, par Les Sardines Jazz à l’Huile, puis par le Hot Sugar Band et enfin par Barbie and the Rythm Factory, Caloé a surtout année après année et au fil des rencontres pris conscience que sa voix se suffisait à elle-même, qu’elle était devenue un instrument à part entière.
D’où entre autres ce groupe constitué il y a trois ans et cet album « Saisons » qui en fut le fruit immédiat. Autour de Caloé, des musiciens devenus des compagnons de route dont Clément Simon au piano et Arthur Henn, contrebasse, qui seront présents ce soir. Près d’eux une figure familière de Parfum de Jazz, Julie Saury aux drums, qui apporte à chaque fois son swing précis et constamment renouvelé.
Cette voix qui intrigue, séduit
L’album a frappé : pour cette voix qui intrigue, séduit, en partie hors du temps, en partie inédite, dans son timbre ou sa diction. Même si la chanteuse a déjà largement démontré son talent pour le scat et son admiration pour Ella, elle parvient à partir aux antipodes, à révéler au détour d’une mélodie sans prétentions, un petit monde très personnel qui métamorphose ce qu’elle chante ou susurre. Simple comme ce « Printemps », enjoué comme cet « Eté », qu’elle saupoudre d’un brin d’ironie et de sensualité apaisée. Un peu plus loin ces « Gouttes » qui dégoulinent façon valse. Caloé se glisse avec une étrange facilité dans chacun de ces paysages et sait restituer des émotions rares comme là dans une reprise de Gainsbourg ou plus simplement dans ce Salut les amoureux, emprunté à Joe Dassin et interprété si finement en compagnie de Gildas.
* Concert vendredi à 21 heures, Saint-Restitut, Carrière de la Barrière. Caloé (voix, composition) • Clément Simon (piano) • Julie Saury (batterie) • Arthur Henn (contrebasse) et Franck Wolf (saxophone)
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