Imaginez : le pianiste était non seulement sur la scène du théâtre antique l’été 2019 (pour la dernière édition de Jazz à Vienne) mais il était revenu à l’Auditorium de Lyon en février suivant le temps d’un admirable concert. Avec 12 apparitions à Jazz à Vienne, dans toutes les configurations et accompagnés par des musiciens de toutes influences, Chick Corea aura été l’un des plus fidèles musiciens à ce festival….lequel le lui rendait bien
Il était l’un des plus familiers de la scène de Jazz à Vienne. Au total, le festival aura programmé 12 fois Chick Corea tout au long de ses 40 éditions. Sans compter ses passages à l’Auditorium de Lyon, en prolongement du festival. Ainsi, l’anédernier : il y a presque un an jour pour jour (c’était le samedi 29 février), son concert donné à peine six mois après son dernier passage au théâtre antique avait été une petite merveille.
En trio avec Christian McBride, inoubliable, et Brian Blade, Chick Corea s’était quasiment laissé aller malgré la froideur du lieu, convoquant tour à tour Monk et Scarlatti, histoire d’en appeler à toutes ces influences qui l’ont façonnées et aidées.
On se souviendra longtemps de cet ultime rappel : lui entonnant les premières notes du standard depuis la coulisse avant de réapparaître pour quelques mesures, plus dansantes qu’autre chose.
On se souviendra surtout du bonheur communicatif que Chick Corea avait éprouvé alors, passant d’un set appliqué, rigoureux, marqué par ses trouvailles et l’écho que lui renvoyait un bassiste étincelant.
Ce fût sa dernière apparition. Il reste tous les disques, les captations video et on ne saurait trop recommander surtout l’émission de dimanche dernier sur France Musique : 57 minutes en poadcast (« Repassez nous l’standard »), pour retrouver le pianiste, et pour comprendre comment et pourquoi il a marqué près d’un demi-siècle ce jazz.
Etant de toutes les aventures, de tous les courants, jouant à peu près avec tous, jusqu’à imposer sa propre quête musicale. Si l’on ne s’étonnait plus de le voir programmé chaque été à Vienne, la grande question était plutôt : « qu’allait-il cette fois inventer ? Et avec qui ? ».
On nous dit qu’il avait 79 ans. Lui n’aura pas donné le secret de son visage et de cette silhouette sur lesquels le temps n’avait pas prise. Même si elle est facile, la formule lui sied à merveille. Sans doute la musique et le plaisir d’être encore et toujours en scène comme chez lui, d’où cet éternel sourire qui était presque un point de repère.
Pour tout le reste, internet est/sera là pour nous faire revivre mille et un épisodes de cette carrière, l’une des plus denses qu’on puisse connaître.
On nous dit que sa discographie est proche ou supérieure à 100 albums. Là encore, l’émission de France Musique tombe à pic pour nous baliser ce si long chemin.
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