Le festival Jazz en Tête, né en 1988, fête donc la semaine prochaine sa 37ème édition. Son originalité ? Sa brièveté (5 jours), sa recherche constante de nouveaux talents, son souci d’en appeler à l’authenticité « des » jazz et, à travers les dix concerts attendus de mardi à samedi sur la scène de la Maison de la Culture, sa volonté de nous embarquer dans un voyage musical inédit
Jazz en Tête, 37ème du nom, ouvre donc à Clermont-Ferrand. Un festival d’autant plus dense que bref et qui n’a donc pas de temps à perdre, tout se jouant en cinq soirées et dix concerts. A l’instigation de Xavier Feygerolles, directeur artistique depuis sa création en 1988, Jazz en Tête réussit en effet le petit tour de force de bâtir à chaque fois une palette musicale restituant toute la richesse du jazz actuel, sans pour autant renier ses racines. Ce faisant, le festival ne cesse d’amener au coeur de l’Auvergne les toutes dernières évolutions de cette musique et de ceux qui la font. D’où qu’il soit : Europe, Etats-Unis, Amérique latine……. et autres « ailleurs ». Dans le même temps, il n’hésite pas à rappeler des formations ou des musiciens déjà venus à Clermont. A charge pour le spectateur d’embarquer dans ce voyage de cinq jours, conçu comme un tout, une fresque ou une histoire, avec son début, sa fin, chargée de découvertes, de rencontres, et d’instants précieux.
Nouveaux talents ? C’est surtout le cas de Sean Mason, qui lancera le festival, auréolé de son premier album « The Southern Suite », sorti il y a quelques mois. A partir de ses propres compositions, le pianiste s’inscrit certes dans la grande tradition des quartet ou quintet où le piano joue un rôle majeur mais il ne cesse de pousser ses comparses à franchir les lignes.
James Carter bien entouré
Pour le reste, chaque soirée comportera ainsi son lot de découvertes et de retours espérés. Tel, la même soirée, Bill Mobley dans un « Jet All Stars » de toute beauté. Jazz en Tête rappelle au passage que trompettiste était déjà venu en 2012 pour y diriger le projet Black Elk Dream. Ou le lendemain, Baptiste Herbin en trio (avec Sylvain Romano et André Ceccarelli) auquel se rajoute le vibraphoniste Simon Moullier qui excelle dans de telles rencontres.
On sera sans doute encore plus attentif le lendemain avec l’arrivée de James Carter, saxophoniste précieux, quasi inconnu lorsqu’il avait poussé les portes du Club de Minuit de Jazz à Vienne, peu après la parution de son premier album chez Blue Note à l’aube de ses 20 ans. On ne s’était pas étonné alors de le voir invité l’année suivante sur la scène du théâtre antique. Dans cette soirée très américaine, le trompettiste sera très bien entouré de quatre musiciens dont Satish Robertson à la trompette pour un hommage à l’un de ses aînés, le saxophoniste Eddie Lockjaw Davis, star parmi les stars du Count Basie Orchestra. Citons ici le dossier de presse et cette jolie remarque au sujet de James Carter : « Cet athlète des anches a décidé de mettre en mémoire tous les styles et de dévider tous les répertoires avec une une impétuosité toute gourmande »… Une impétuosité déjà présente il y a 30 ans, avant qu’il ne se fasse plus rare sur les scènes européennes.
Joël Ross en récidive à Clermont
Derrière cette soirée américaine, Jazz en Tête a façonné une soirée méritant attention, avec tout d’abord l’arrivée de Christie Dashiell, une jeune chanteuse épaulée par un joli quartet, pour revenir sur son dernier album « Journey in Black » , lequel sera d’autant plus au centre du propos que l’artiste arrive avec les musiciens ayant enregistré à ses côtés. Derrière, c’est le vibraphone qui sera à l’honneur : Joël Ross, déjà venu à Clermont il y a quelques années, récidive, épaulé par un beau quintet. Au sommaire, sans doute lui aussi, son dernier album paru, « Nublues » nouvelle pépite sortie par Bluenote.
Brésil : Chico Pinheiro
De là, on n’aura qu’à se laisser descendre vers le Brésil pour retrouver Chico Pinheiro pour un concert annoncé comme unique en France. Le guitariste brésilien s’inspire évidemment de tout le répertoire brésilien en y ajoutant un étonnant brio.
Brésil d’un côté, Cuba de l’autre avec Harold Lopez-Nussa, exemple de ces musiciens déjà venus à Clermont (c’était il y a six ans) et que le festival a rappelé pour cause de très bonne musique. Au sommaire du concert, son dernier album « Timba a la Americana », peut-être un tantinet remanié puisque le pianiste invite pour l’occasion l’harmoniciste Grégoire Maret, lui aussi déjà venu à Jazz en Tête.
Le lendemain, il sera malheureusement déjà temps de conclure la 37ème édition avec une soirée panachée où des effluves flamenco se mêleront au jazz de Raynald Colon, lui aussi familier du festival. Cette fois, pour son nouveau projet « Jazz-Flamenco », il aura à ses côtés le pianiste Diego Amador et derrière, une belle rythmique incluant drums et percussions. Ce même soir, El Comité signera le tomber de rideau de Jazz en Tête. El Comité ? Un All Stars de six musiciens originaires de Cuba. S’ils ont un jour choisi l’exil, ils cultivent ensemble la flamme de ces musiques au point de monter sur scène à grand renfort de cuivres et de percussions. Du grand art.
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