Il est de ces musiciens dont la venue relève presque du miracle. Frank London, trompettiste, compositeur, esprit nomade et incandescent, fera halte ce jeudi 13 novembre à 20h30 à l’Espace Tonkin de Villeurbanne, dans le cadre du Festival Jazz N’Klezmer, pour un concert qui s’annonce comme un moment rare, une traversée entre les racines yiddish et les horizons infinis du jazz contemporain. Sa présence dans la région lyonnaise est un événement en soi : il ne passe pas souvent par ici, et chaque apparition est une célébration.

Membre fondateur des légendaires Klezmatics, Frank London est depuis plus de trois décennies une figure tutélaire du jazz klezmer, ce courant qui mêle la ferveur des musiques juives d’Europe de l’Est à l’improvisation libre du jazz new-yorkais. Mais le réduire à ce seul territoire serait oublier son insatiable curiosité. Son parcours croise John Zorn, Itzhak Perlman, Lhasa de Sela, Laurie Anderson ou encore David Byrne : une constellation d’artistes visionnaires, tous fascinés par la manière dont il tisse, à la trompette, des liens entre le sacré et le profane, la tradition et la modernité.
Né à New York, il a grandi dans le bouillonnement culturel de la scène downtown, où la musique s’inventait chaque soir à la frontière des genres. Son jeu est reconnaissable entre mille : une sonorité ample, dorée, parfois presque vocale, un phrasé à la fois généreux et précis, et cette capacité à faire dialoguer la mélancolie des shtetls disparus avec l’énergie brute des clubs de jazz. Il joue comme on raconte des histoires, avec une intensité qui touche autant le cœur que l’intellect.

Sur scène, Frank London ne se contente pas de jouer, il invoque. Chaque morceau devient un rituel, une danse d’esprits et de souvenirs, où la clarinette dialogue avec la trompette, où la transe côtoie la prière. Ceux qui ont déjà vu le musicien en concert parlent d’un moment de grâce, d’un espace suspendu où les frontières s’effacent : entre les peuples, les langues, les genres.
À Villeurbanne, il viendra entouré d’un Quartet ( Julian Gaetano au piano, Zacharie Abraham à la contrebasse et Philippe Maniez à la batterie) à son image : libre, virtuose, habité. On peut s’attendre à une mosaïque de thèmes klezmer réinventés, de compositions originales, et sans doute à quelques improvisations fulgurantes, ce terrain qu’il affectionne, où tout peut advenir.
Frank London ne se contente pas de perpétuer une tradition : il la transfigure. Là où certains rejouent le passé, lui le réinvente à chaque souffle. Et c’est précisément cette quête, à la fois érudite et passionnée, qui rend sa venue si précieuse. Pour un soir, l’Espace Tonkin deviendra un carrefour de mémoire et de modernité, de ferveur et de fête.
Un concert rare, à ne manquer sous aucun prétexte, car le klezmer, sous la trompette de Frank London, n’est pas seulement une musique : c’est une manière d’habiter le monde.
UTILE
Jeudi 13 novembre à 20h30, Espace Tonkin, Villeurbanne
Tarifs : 20€ / 12€ (étudiants, chômeurs)
Réservations : https://www.billetweb.fr/frank-london1


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