
A la découverte des mille langages du saxophone ? Pour ce projet, Lisa Cat-Berro a fait appel à la fine fleur des saxs féminins jazz actuels.
Un évènement ? A sa façon sans doute. Solaxis, septet de jazz, conçu, voulu et emmené par Lisa Cat-Berro réunit non seulement toute la famille des saxophones, du soprano au baryton, mais se conçoit en effet comme une réunion de famille où tout le monde babille en même temps, sauf lorsque l’une décide de prendre et de garder la parole, sous l’oeil et l’oreille attentifs de ses comparses.
A part le fait que les musiciennes se trouvent un peu trop alignées sur scène (because partitions), l’effet est surprenant : cinq saxophones et cinq musiciennes côte à côte. Au centre donc, Lisa Cat-Berro, artiste aux inspirations multiples et qui, dans les années 2014, a eu l’idée de réunir la fine fleur des saxs féminins dans ce Solaxis dont les premiers concerts ont démarré, Covid oblige, en 2019/2020. De gauche à droite, Céline Bonacina (baryton), Sophie Alour (ténor), Lisa Cat-Berro (alto), Camille Maussion (soprano) et Géraldine Laurent (alto).
Et là est aussi la performance : être allée chercher et avoir convaincu la fine fleur des saxophonistes femmes de l’Hexagone, toutes aguerries, reconnues, et elles-mêmes à la tête de diverses formations, de rejoindre ce projet. Certes, elles ont toute l’habitude de se croiser et de jouer ensemble, ne serait-ce que grâce à Rhoda Scott qui a eu l’idée, il y a des années, de constituer un quartet de Ladies avant de réunir un «Ladies all Stars ». De là à jouer ensemble et côte à côte telle une ligne de big band, il y avait un pas que Lisa franchit allègrement en invitant même près d’elle Géraldine Laurent, quitte à se partager les duos d’alto.
Un projet mûri, joué par des musiciennes aguerries
Là, il s’agissait plutôt de partir sur un projet mûri, nourri pour l’essentiel des compositions de la leader, et juste soutenu par une batterie et un bassiste (respectivement Guillaume Lantonnet et Tim Robert). « Encore que lorsque j’ai conçu le projet, ma première idée était de ne pas avoir de bassiste », précise Lisa Cat-Berro, histoire peut-être de confier aux musiciennes elles-mêmes les lignes de basse et de repenser le rôle du baryton. Et quel baryton : Céline Bonacina, alerte, appliquée, profonde.
Une formation solidaire abolissant hiérarchie et mise en avant
L’autre idée de la Lisa Cat-Berro était donc de réunir ces saxophonistes dans une formation solidaire où chacune a son rôle, abolissant hiérarchie et mise en avant, qu’il s’agisse des solos, des arrangements, des silences ou des éclats en réunion. Et d’inventer, au fil des morceaux, des duos inattendus (alto et ténor, alto et baryton, baryton et soprano….), mariant musiciennes, saxophones et solos. D’un thème à l’autre, Travel, Sur la Terre, le vent, le feu, Massilia, Technoïde, Oeil de Tigre, Solar Radius, le septet ne cesse d’aller et venir, de se recomposer et surtout d’improviser, chacune apportant une couleur, ouvrant sa propre fenêtre et prolongeant le propos de départ. D’où le plaisir de saisir les mille et une nuances des musiciennes, feux d’artifice éphémères, sitôt joués sitôt passés, ne laissant résonner que des émotions indicibles.
Le set se sera écoulé rapidement : peu de mots, si ce n’est pour présenter tel ou tel thème cher au coeur de Lisa Cat-Berro comme ce Sur la Terre, le Vent, le feu.
Paradoxe ? Le concert de Solaxis aura distillé une musique jazz des plus créatives du festival, en s’appuyant sur l’un des instruments les plus répandus dans les formations « jazz ».
A méditer.
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