Un cri d’alarme ? En faveur d’un métier qui fout le camp. D’une pratique appelée à cesser d’exister sous fond de disparitions de pianos, par centaines, par milliers, condamnés à la déchèterie, parce que plus personne ne saura, dans quelques années, les réparer. « A l’avenir, tempête Yves Dugas, le patron de LyonMusic, il y aura les pianos de concert, les pianos asiatiques et les anciens qui, eux, partiront à la poubelle ».
Aujourd’hui, difficile de dire combien de vieux pianos traînent encore au domicile de milliers de particuliers. Pianos de famille qu’on s’est transmis, de génération en génération sans trop réfléchir, mais qui, malmenés, déplacés, empoussiérés, ne pourraient correctement remarcher qu’après réparation. Pianos qu’on garde, souvent parce qu’on ne sait même pas comment s’en défaire.
« Même un piano de 1850, on peut le restaurer »
Mais le sait-on, « même un piano de 1850, on peut le restaurer », remarque Yves Dugas, spécialiste lyonnais de l’instrument, qui a accumulé, depuis son jeune âge, toutes les expériences possibles en la matière.
Petit-fils et fils de facteur et constructeur de pianos, Yves Dugas est d’aillleurs aujourd’hui l’un des rares à encore pratiquer l’ensemble des métiers touchant au piano, depuis la vente, la location et l’activité de réaccorder jusqu’à celle de réparation. « Je fais en effet toutes les réparations sauf le vernis polyester », opération très spécifique qui est désormais l’apanage d’une entreprise allemande totalement spécialisée dans cette activité.
Ce faisant, non seulement, Yves Dugas vend des pianos (notamment Bösandorfer, Blüthner, Irmler….) mais il est à même d’en assurer le suivi et de procéder à toutes les réparations, de la plus simple à la plus complexe. « J’aime beaucoup faire de la réparation . On redonne vie à des pianos qui en valent la peine et, pour un amoureux du métier, c’est passionnant ».
Aujourd’hui d’ailleurs, la réparation et la location représentent 60 % de l’activité de LyonMusic, réinstallé depuis quelques années au cœur de la Presqu’ïle, rue Sala, les ventes assurant les 40 % restants. Il s’agit pour l’essentiel de réparations de pianos de particuliers ou d’administrations, et de moins en moins de celles provenant de marchands ne sachant pas réparer.
De moins en moins de réparateurs de pianos en France
Seul problème, ils sont de moins en moins nombreux en France à savoir effectuer de telles réparations. « D’ici 20 à 30 ans, il n’y aura pratiquement plus personne, s’inquiète-t-il, ou à peine quatre ou cinq réparateurs dans toute la France ». D’où d’interminables files d’attente à prévoir.
En cause la durée de formation d’un professionnel. « Dans ce métier, on travaille le bois, les métaux et le feutre, c’est pourquoi il faut en moyenne 10 ans ». Et il faudrait quelque 4/5 ans pour le CAP, comme cela est le cas en Allemagne. Or, en France, la tendance est plutôt de le réduire à 2 ans.
Ajouter à cela la moindre qualité des pianos actuels : « pour faire un piano, il y a deux secrets, explique Yves Dugas, il faut du temps et de la main d’œuvre d’une part, et il faut disposer de bois sec ». Or, le séchage d’un bois de piano exige une année par centimètre d’épaisseur. Et donc, quatre ans pour une planche de quatre centimètres. Long, trop long.
Tout cela explique, entre autres choses, que la France ne compte plus aucun fabricant de pianos, et qu’en Europe, il n’en reste plus aujourd’hui que 5 ou 6.
Mais tout cela n’explique pas, en revanche, que les responsables de théâtres ou d’opéras préfèrent de plus en plus réformer leurs pianos atteints d’handicaps plus importants que les seuls problèmes mécaniques.
« Dès que ça va plus loin, on le réforme, le piano est confié aux Domaines qui le vendent à des particuliers ou à des écoles de musique. Et l’institution va racheter un piano neuf ». De quoi désoler Yves Dugas, lui qui part du principe « qu’un piano c’est pour trois générations ».
Conseils pour un piano sain
- Ne pas l’installer près d’une fenêtre
- Ne pas le laisser près d’un radiateur
- Pas de soleil direct
- Température requise : 20°
- Hygrométrie suggérée : 60°
- L’accorder une fois par an
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