Sans doute l’une des toutes dernières expos et sans doute l’une des dernières chances de pouvoir acquérir une œuvre de Raoul. Depuis mardi et jusqu’à dimanche, Jean-Louis Mandon, qui tient galerie rue Vaubecourt, expose quelques peintures de Raoul Bruckert.
Raoul ? Peintre, musicien, dessinateur textile, boulimique de musique, de concerts, de musiques partagées. Surtout musicien de jazz et co-fondateur du Hot Club de Lyon en 1948, lequel est toujours là, toujours actif. On l’a compris, Raoul Bruckert était insatiable en tout jusqu’à sa disparition, en 2004.
Côté musique, il a poussé en même temps que le jazz, cette musique qui frappa tant les cœurs au lendemain du débarquement. Il en fut, en effet à Lyon, l’un des hérauts faisant sonner son saxophone comme personne et attirant dans son sillage des dizaines de musiciens néophytes.
Apparu sur la scène lyonnaise dès les années 46-48, il n’a pratiquement jamais cessé depuis d’être l’une des chevilles ouvrières de ce jazz (évidemment) en devenir. Autant dire que l’histoire du jazz à Lyon colle à celle de Raoul : donnant la réplique à tous ces grands du jazz qui faisaient halte à Lyon, ou poussant ces musiciens en herbe qui s’aventuraient, maladroits, dans leurs premières impros. On pourrait en parler longtemps.
Mais pour une fois, oublions ses disques, sa musique, son écho particulier qui résonne encore au Hot Club qu’il a tant et tant hanté, et tournons-nous plutôt vers son œuvre plastique.
Celle-ci est d’autant moins banale que, lorsqu’il arrêtait pour quelques heures de travailler ou de jouer de son instrument, Raoul ne cessait de peindre. Et d’autant plus l’été lorsque Lyon s’assoupissait. Que ce soit là, aux alentours ou à Roussillon, qu’il affectionnait, Raoul réalisa ainsi au fil des ans une œuvre dans laquelle il se révèle autant qu’en musique.
Couleurs éclatantes, contrastes appuyés, scènes des plus rurales ou urbaines : le peintre, qui a notamment été l’élève de Pierre Pelloux, nous révèle son monde original, tout en spontanéité, nourri de joie de vivre et de passion de découvrir.
Les thèmes traités sont multiples, ne s’interdisant rien : l’homme est aux aguets, soucieux de capter la beauté sous toutes ses formes, hommes, femmes, paysages, ambiances, perspectives, éclairs. C’est pourquoi sans doute, ses peintures sont reconnaissables au premier coup d’œil : décalées, hors normes, hors courant et hors chapelles.
C’est ce qui explique sans doute qu’elles demeurent aujourd’hui si attachantes.
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