Une des explications données l’année dernière à la baisse de la fréquentation (près de 10 000 spectateurs en moins) de la dernière édition de Jazz à Vienne, en 2015, avait été le manque de visibilité du Festival qui mélangeait un peu trop la variété au Jazz.
Un phénomène accentué l’année dernière par les très nombreux concerts (douze au compteur) de pop, rock ou de pure variété l’été dernier, hors Jazz à Vienne, au théâtre antique, mais que le public se faisait une joie de mélanger avec le Jazz.
Jazz à Vienne 2016, c’est l’année du retour aux fondamentaux. La leçon a été retenue. Jazz à Vienne 2016 qui démarrera le 28 juin pour se clore le 15 juillet opère un virage à 180 degrés vers le Jazz, sous ses différentes facettes.
C’est Ibrahim Maalouf, désormais star planétaire de la trompette qui aura pour la soirée d’ouverture, le 28 juin, droit à une carte blanche. Il invitera sur scène les musiciens et les vocalistes avec qui il a envie de jouer : en l’occurrence le pianiste Eric Legnini et… la maîtrise de Radio France qui sera dirigée par Sofi Jeanin. Rien à voir, on l’espère du moins, avec son concert de l’année dernière avec Natacha Atlas, qui avait pour le moins déçu.
Il interprétera des compositions issues de ses deux derniers opus : « Khaltoum », consacré à la diva arabe Oum Kathoulm et « Red a& Black », une ode à la femme d’aujourd’hui.
Ibrahim Maalouf jouera également, ce même mardi 28, en lever de rideau, devant 6 000 élèves des écoles pirmaires réunis au théâtre antique.
Deux hommages : à Chet Baker et à Django
Au programme notamment, deux hommages : l’un au trompettiste aujourd’hui disparu, Chet Baker (le mercredi 29 juin) en compagnie notamment de Yael Naïm, auréolée d’une nouvelle « Victoire de la Musique », Stéphane Belmondo, Eric Truffaz qui se produira d’ailleurs en première partie avec son quartet et Sandra Nkaké ; ainsi que de nombreux autres musiciens dont un quatuor à cordes ; le second à Django Reinhardt (le mercredi 6 juillet).
Et ce, pour ce dernier hommage, au travers des musiciens de « The Amazing Keystone Big Band » qui ont créé un spectacle musical intitulé « Djangovision ». Sur scène également ce soir là : James Carter ; ainsi que l’un des meilleurs musiciens manouches actuels, un spécialiste de Django, Angelo Debarre.
Parmi les autres grandes têtes d’affiche qui devraient faire le plein des 7 900 places du théâtre antique : Randy Weston qui fêtera sur scène ses quatre-vingt printemps et qui sera accompagné en 1ère partie de Lisa Simone, la fille de Nina, révélation 2015 (lundi 4 juillet) ; la chanteuse canadienne Diana Krall (mardi 5 juillet) ; le guitariste John McLaughlin (jeudi 7 juillet) et le mythique bluesman de Chicago, Buddy Guy qui assurera la dernière nuit, le 15 juillet.
Les 75 ans de Chick
N’oublions pas Chick Corea qui fêtera le lundi 11 juillet ses 75 ans, entouré de Kenny Garrett au sax, Wallace Roney à la trompette, et de Christian McBride et Marcus Gilmore à la section rythmique. Celui qui a joué au côté de Miles Davis fera ce soir là une sorte de bilan de sa vie musicale à travers l’évocation de ses influences majeures.
Côté world music, on assistera au retour de Goran Bregovic (le vendredi 1er juillet) dont la dernière apparition à Vienne date de 2012 (en première partie : le chanteur Sanseverino) ; côté funk, de Chic featuring Nile Rodgers (le samedi 2 juillet) qui avait déjà arpenté la scène viennoise en 2013 ; et enfin, côté soul, la star anglaise, Seal (mardi 12 juillet) avec en première partie Cécile McLorin Salvant qui avait été dans le passé en résidence à Vienne.
Mais un Festival ne serait pas complet sans de belles découvertes. Elles ne devraient pas manquer cette année.
Cochez déjà sur votre programme, ou votre agenda au théâtre antique, le très jeune, mais déjà situé sur une trajectoire impressionnante, Jacob Collier, chanteur et multi-instrumentiste au talent fou, chouchou de Quincy Jones qui le parraine (le samedi 2 juillet) ; ainsi que Beth Hart, la nouvelle Janis Joplin : elle a la même voix éraillée, la même pulsation, la même force que la chanteuse de Woodstock (vendredi 8 juillet). Deux chanteurs qui n’ont encore jamais arpenté la scène du théâtre antique
L’édition 2016 du « Club de Minuit », salle gratuite qui a pour cadre le théâtre municipal, s’annonce elle aussi prometteuse avec beaucoup de musiciens ou vocalistes de la nouvelle génération : au programme beaucoup de découvertes ou de métissages.
A cochez sur vos tablettes : Blick Bassy, Armel Dupas, Tigana Santana et Banda Magda. Nous en reparlerons.
Plus de « Magic Mirror »
Bref, au final une 36ème édition « retour vers le Jazz » qui s’annonce plutôt alléchante, même si, grosse déception pour les amateurs de musiques électroniques et de jazz très contemporain, le « Magic Mirror », le chapiteau du Jazz Mix, installé sur les bords du Rhône disparaît pour faire des économies.
Certes, les spectacles gratuits à Cybèle des deux dernières journées du Festival qui gagne pour l’occasion deux jours (les 14 et 15 juillet) seront très connotées Jazz Mix ; mais cela sera loin de remplacer un « Jazz Mix » qui avait le grand avantage d’intégrer un public plutôt jeune et fan des musiques actuelles à la grande fête jazzique.
En perte l’année dernière de 300 000 euros, Jazz à Vienne ne pourra se permettre cette année le luxe de perdre à nouveau de l’argent. Reste à espérer que ce retour vers le Jazz va remettre le Festival viennois sur la bonne trajectoire…
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