Cette All Night jazz fut à l’image de cette 42ème édition de Jazz à Vienne, une véritable réussite. Dans un théâtre antique bien garni avec un climat de douceur ambiante, la soirée fut un régal d’intensité, d’expressivité et de singularité! La joie d’être présent à cette nuit de clôture s’est lu sur le visage de chaque musicien et par la ferveur de leur jeu. Samara Joy fut lumineuse, Goran Bregovic ardent, Incognito groovy, Ajate hypnotique et en transe et Voilaaa Sound System rutilant. Une soirée de feu pour une palette d’émotions positives!
Samara Joy, elle a tout d’une Grande
Cette chanteuse de jazz, car il s’agit bien de cela, nous a proposé une prestation lumineuse: scat ciselé à la perfection, envolée vocale swing digne d’Ella ou Sarah, variations subtiles de tonalités émotionnelles et un charisme impressionnant pour son âge (23 ans) ! Née et élevée dans le Bronx, Samara Joy est issue d’une forte tradition musicale et a creusé dans l’histoire de la musique depuis son plus jeune âge et ça s’entend! Elle chante comme elle respire, avec une aisance et une bonne humeur sensationnelles.
Goran Bregovic, la ferveur des Balkans
En totale communion avec le public, Goran Bregovic nous a proposé un voyage inspiré et puissant dans l’univers des Balkans. Le rockeur serbo-croate honore l’esprit oecuménique de son Sarajevo natal en mêlant à ses grands succès balkaniques des thèmes orientaux et des pièces liturgiques magnifiques. Avec son orchestre des mariages et des enterrements et deux choristes aux voix exceptionnelles en tenues traditionnelles, le rythme n’a jamais baissé d’intensité. L’ambiance dans le théâtre est allé crescendo et la fin du concert à laissé place à une véritable euphorie collective. De quoi plaire à Goran Bregovic qui semble étonner de l’engouement pour sa musique. « Je suis heureux que ma musique vous plaise. » confie-t-il, avant de reprendre de plus belle. Les musiciens donnent tout et font vivre aux spectateurs une des plus belles soirées de ces Paradis Artificiels, un véritable voyage en Europe de l’Est. Après sa traditionnelle reprise de Bella Ciao, ou son coutumier Kalashnikov, impossible de ne pas être aux anges. Et comment ne pas tomber sous le charme de Goran Bregovic et de sa musique quand on se compte du plaisir qu’il prend à la jouer ? Quand on voit un tel sourire sur son visage ? on en redemande!
Incognito, le groove dans le sang
Avec 3 choristes et une section rythmique expérimentée, Incognito nous a distillé une partition bien rôdée, un groove puissant aromatisé de vocalises façon sauce américaine, toujours plaisant bien qu’un peu stéréotypé. le line-up du groupe a été largement renouvelé autour du pivot historique Jean-Paul “Bluey” Maunick, fondateur et âme du groupe depuis bientôt quarante ans. le son d’Incognito, autour de la guitare incisive de Bluey – un rythmicien de la trempe des Jimmy Nolen-Nile Rodgers –, est intact. Efficace mais peut être trop convenu, trop prévisible! Le moment fort du concert fut sans aucun doute les solos des claviers ( Chicco Alotta), batteurs ( Francesco Mendolia) et bassiste ( Francis Hylton), incisives et terriblement funky!
Ajate, la furie au pays du soleil levant !
Quelle énergie et quelle présence sur scène! dès la première note, Ajate nous a plongé dans une transe qui ne s’est arrêté qu’à la dernière note de leur concert! Chaque musicien donne tout avec sourire et bonne humeur et le public n’a pas mis longtemps à être contaminé par cette enthousiasme furieux! cet ensemble japonais mené par John Imaeda poursuit la fusion entre groove et musiques traditionnelles de l’archipel, sur des tambours conçus pour l’occasion. De véritables OVNIS qui ont parfaitement assimilé lafrobeat de Fela ou Tony Allen, inventé 40 ans plus tôt à des milliers de kilomètres de leur île. L’originalité de leur musique c’est qu’ils entremêlent l’Afro Beat et la musique populaire pour tambours du Japon « Ohayashi », un mariage réussi et totalement stimulant!
Et pour finir l’afrobeat world de Voilaaa Sound System! de l’amphétamine musicale
Malgré une soupe à l’oignon généreusement préparée et offerte au public viennois le plus vaillant, il fallait à cette heure proche de l’aube, un regain de stimulant pour tenir jusqu’au bout! Avec une magnifique boule de disco club au centre de la scène, le groupe a fait le choix de faire son concert dans la fosse pour communiquer encore plus fort l’énergie de leur musique teintée d’afrobeat, de musique latines et africaines et de Soul. Voilaaa Sound System ça se danse et ça se vit. Sur scène, le collectif réunit chanteurs, Djs, Mcs, live FX pour des sets ultra-festifs !Avec la présence de Pat Kalla, au chant pour donner une couleur résolument africaine à l’ensemble. Réjouissant à cette heure si tardive. Un final de feu au cru 2023 de Jazz à Vienne !
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