Baobab avait prévenu. Il venait à Vienne autant pour chauffer la salle (qui n’en avait guère besoin), que pour rappeler à ceux qui les avaient enterrés un peu vite qu’en matière de crapahutage sur les cimes du rythme, ils ont tout ce qu’il faut : l’équipement, l’entraînement, l’expérience et ce petit « plus » qui tient à une façon d’offrir sa musique à celui qui est en face, de le faire entrer dedans.
Basse rassurante, voix d’airain
Moyennant quoi un concert réussi administré par un band tiré à quatre épingles qui distille cette musique joyeuse, festive et contagieuse, qui avance l’air de rien, ritournelle incantatoire, à l’égal de cette guitare rythmique qui répète inlassablement ses trois accords sur lesquels tout le monde s’ajuste.
Enfin, c’est évidemment un peu plus complexe que cela. Percussions à dimensions variables, basse rassurante, voix d’airain, et tour à tour cuivre, guitare en solo pour faire monter la pression, le rythme, l’appel à bouger.
Désespérément simple en apparence, la musique de Baobab est un exemple de tourisme musical où l’on adopte et intègre des sons venus d’ailleurs. Reggae, salsa, socca, vous mélangez, ne laissez pas reposer et servez chaud et spontané.
La longue carrière du Baobab
Pourtant le Baobab n’est surtout pas le premier venu. Il suffit de consulter sa longue histoire pour avoir une idée des dizaines d’enregistrement à son actif, qui marquent une longue carrière, interrompue en 1987 et redémarrée quinze ans après.
Or, malgré les ans, la tyrannie des modes et les risques d’usure, la machine tourne à plein dès lors qu’elle aborde la scène. Et ne nous étonnons pas : le Baobab s’est taillé un joli succès dans un théâtre qui était pourtant loin de ses jauges habituelles.
On se souvient de certains passages de Salif Keita où le théâtre débordait. Pas cette fois. Et, pour les organisateurs, l’examen approfondi de cette soirée s’impose pour trouver les raisons de ce désintérêt du public : prix des billets ? La chaleur ? Air de déjà vu ? Concurrence d’autres scènes ou d’internet ? Difficultés inhérentes au public ?
Surtout que pour la seconde partie, les protagonistes ont su parfaitement relever le gant. Salif Keita est égal à lui-même. Sa voix, son sens du rythme, d’occuper la scène en donnant l’impression de déambuler à la recherche d’un coin d’ombre.
Ces Ambassadeurs arrivés samedi soir sont une petite merveille d’horlogerie africaine qui n’a pour souci que de donner le bon tempo au plus grand nombre.
Pour son retour sur la scène viennoise, l’homme est extrêmement bien entouré. A l’avant-scène et dans la lumière, Cheick Tidiane Seck, lui-même et Amadou Bagayoko. Autour d’eux un quasi big band, parfaitement entrainé à l’assaut répété, polyvalent, à l’égal de Soumaoro Idrissa ou des deux percussionnistes, Modibo Kone et Mahamadou Bakayoko sur les drums.
Dommage
Pourtant, malgré la qualité musicale, le charisme de Salif Keita et les performances ajoutées de chaque musicien, il aura manqué cette magie qui avait tant frappé le public lors de certains passages du chanteur-homme-orchestre à Vienne.
Comme si une certaine routine était venue atténuer son propos, en diminuer le sens et la portée. C’est tout le risque du « rebirth », qui a d’ailleurs donné son nom à l’album sorti en début d’année. N’exagérons rien.
Du coup, on aura été d’autant plus attentif aux incursions des musiciens embarqués dans l’aventure et qui distillent une musique géniale.
Dommage.
Facebook
Twitter
YouTube
LinkedIn
RSS