
Une fois de plus, Xavier Felgeyrolles, emblématique directeur artistique du festival de Clermont-Ferrand, a déniché, comme chaque année depuis 38 ans, les musiciens les plus affûtés de la scène jazz mondiale pour ce festival d’une rare évidence. Rendez-vous ce soir pour le lancement de cette semaine pas comme les autres…..Scott Tixier en trio
Jazz en Tête ? Comme une réponse à ceux qui craignent que le jazz, dans sa définition la plus simple, ne suffise plus à attirer son public et surtout à le renouveler.
Les cinq jours/soirées qui démarrent à Clermont-Ferrand vont en effet faire, comme à l’habitude, la preuve du contraire. En alignant chaque soir quelques-uns des musiciens les plus incontournables de la scène jazz actuelle, même si leurs noms ou formations ne sont pas encore tout à fait au pinacle.
Jazz en Tête ou l’art, la manière et la démonstration de l’inventivité de la scène jazz actuelle et de sa capacité à s’ouvrir et à séduire à peu près toutes les musiques qui aspirent à cette perpétuelle libération, semence de cet univers.
Comme souvent, le « regard » de Xavier Felgeyrolles, directeur artistique du festival aux côtés de quelques proches, a su attirer quelques perles, notamment américaines (scènes de New York, Londres et autres) et surtout les agencer comme si chaque soirée avait le rôle d’une pièce à conviction.
Dave Holland…. Des rendez-vous qui sont autant de moments particuliers
Démonstration : mardi soir le Scott Tixier Trio, en direct de New York : un palmarès long comme le bras mais surtout une approche renouvelée du violon, genre tous-terrains, qu’il s’agisse de la scène jazz, pop, musiques de films et autre Stevie Wonder. Avec lui ce soir-là, Zara McFarlane en quartet, de retour à Jazz en Tête, dans un répertoire dédié à Sarah Vaughan : voix à la hauteur de son modèle, aux mille nuances et cette approche de la nudité, propre de certaines voix abouties qui savent exprimer l’indicible.
Dans le désordre (le 23 octobre) pas besoin de s’étendre sur le trio de Dave Holland, présent à Clermont-Ferrand : Nasheet Watts aux drums et Jaleel Show au sax alto. Le redire : les rendez-vous de l’auguste contrebassiste sont autant de moments particuliers où l’on tutoie à la fois la simplicité, l’histoire (retour à sa rencontre avec Miles Davis en 1968) et cette inlassable curiosité et cette envie d’aller plus loin, quelle que soit la formation dans laquelle il a été appelé à jouer, du duo à … beaucoup plus grand.
Mais accélérons : le 22, rendez-vous avec le Walter Smith III quartet, (il a démarré avec Terence Blanchard) une belle harmonie faite de renouvellements, d’une certaine fragilité, telle celle entendue au Village Vanguard où l’on aurait bien aimé se trouver. Pour entrer dans l’intimité du musicien, un conseil : la magnifique interview du musicien réalisé par Guy Reynard, il y a X années dans Jazz Hot. (disponible sur internet)/
Oded Tzur quartet et Theo Crocker
Mais ce qui suit est aussi diabolique : Oded Tzur quartet et Theo Crocker dans son projet Dream Manifest. Musicien méconnu malgré quelque 8 albums, proche de Dee Dee Briedgewater, curieusement passé par Shanghaï durant 7 ans (dans le fameux Peace Hotel Jazz Bar) avant de regagner les Etats-Unis en 2013. Ajouter en cela son attachement à Roy Hargrove, sa complicité avec Sullivan Fortner, présent sur deux de ses albums – les premiers- et, pour cerner le concert de Clermont-Ferrand, son dernier disque sorti en juin 2025.
Et on en arrive à Sullivan Fortner qui arrive avec sous le bras un album précieux : Southern Nights. Ce sera le sujet de ce soir. Une fois encore, ce pianiste qui demande une attention de tous les instants est du genre à avoir intégré toute l’histoire du jazz le plus récent : on ne cesse de réagir à ses multiples clins d’oeil, d’un Monk, d’un New Orleans apaisé, d’un petit be-bop, histoire de saluer les maîtres, et n’hésitez pas à y ajouter des petites réminiscences nées dans les îles ou ailleurs. Mais ce qui frappe plus encore, c’est une quasi timidité face au clavier, une façon délicate ou hésitante au moment de solliciter le piano. N’oublions pas qu’il est, cet automne- aux côtés de Cécile McLorin Salvant dont il est proche- dans une tournée monumentale, qu’il s’est fait connaître avec Samara Joy, qu’il a été notamment marqué par Clifford Brown, Allen Toussaint ou Bill Lee à qui il doit beaucoup.
Avec tout ça, on en oublierait d’autres affiches dont celles de Hamilton de Holanda et Gonzalo Rubalcaba, ou Djamal B (chant & guitare), escorté de Gaspard Baradel (sax. alto), Antoine Bacherot (piano), François Brunel (guitare) et Philippe Monge (contrebasse).
Magie de ce festival où tous les sets méritent le détour.
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