« C’est d’abord une histoire d’amitié : j’étais originaire de Buis et à 15-16 ans, je suis entré à l’école normale de Valence. On se retrouvait là ensemble, garçons et filles. On était jeune (à l’époque la majorité était encore à 21 ans). Or, je m’appelle Buix. Comme, à l’école, on était classé par ordre alphabétique, je me suis retrouvé près d’Alain Brunet et on est devenu copains d’études, de dortoir comme de cantine. On jouait bien au foot. C’est comme ça qu’une amitié est née. Là-dessus, on a connu Jean-Jacques Taïb, clarinettiste et qui est devenu le mentor d’Alain qui lui-même jouait dans la fanfare. C’est comme ça qu’Alain s’est tourné vers le jazz. A l’Ecole, on faisait souvent le mur : il est vrai que cette école c’était une vraie passoire et pour les voir, on quittait le dortoir. Durant toutes ces années, il y en a eu des péripéties. Mais surtout, une grande amitié est née avec Alain.
Après, dans les années 70, une fois l’école normale finie, ils ont fait un cours de jazz ici. Je me souviens du lieu où nous sommes présentement, cet ancien couvent qui est au cœur de la ville: un soir, nous y avions organisé une « boum ». Alain était à la trompette et moi à la guitare. Or, à 2 heures du matin, des voisins ont commencé à se plaindre du bruit. C’est le curé de Buis lui-même qui est venu pour me dire d’arrêter…..Il faut savoir que mon père était communiste et, ici, c’était un peu Peponne et Don Camillo… »
« J’étais d’accord avec tout ce qu’on me proposait de faire »
On arrive à votre élection ……
En 1995, j’ai été élu maire de Buis, sur la liste communiste mais tous les gens de droite votaient pour moi. J’ai le respect de l’homme. Je ne demandais pas aux gens quelles étaient leurs opinions politiques. Juste, je n’ai jamais pris un FN avec moi. J’étais donc maire et un jour on m’appelle d’outre-mer. C’était Alain qui m’explique qu’il était devenu l’adjoint de Jean-Marie Cavada. Et il me propose d’emblée de nous créer un festival. J’étais enthousiaste. C’est comme ça qu’on a lancé ce qui n’était pas encore Parfum de Jazz. On a transpiré. J’ai été maire de Buis pendant 20 ans, de 1995 à 2014. Et on a fait le numéro zéro du festival en 1997 : nous sommes à présent en 2018 et Parfum de Jazz fête sa 20ème édition. A l’époque j’étais d’accord avec tout ce qu’on me proposait de faire : par exemple un salon des orchidées. Moi-même j’avais été l’animateur de Paris-Versailles, une course pédestre de 16 kilomètres de long qui relie chaque année les deux villes. Et j’ai donc rapidement lancé plusieurs choses, du théâtre, du classique, j’ai organisé des choses en sport, avec Michel Jazy par exemple ou avec Marie-José Pérec.
« Je serais allé au bout du monde avec Alain »
En matière de jazz, les gens vous ont suivi de la même façon ? Généralement oui : le maire dit ça et on le suit. J’avais un projet pour Buis. Notamment de faire beaucoup pour les enfants. Par exemple, on avait ici 45 familles de Marocains et on a fait une fête des Marocains. Dans ma classe j’en avais beaucoup. Et on se débrouillait pour faire une réunion une fois par trimestre avec eux. Et c’est à ce moment là que l’on nous a légué une villa qui représentait une somme importante (1,4 million). Ca a rendu les choses plus faciles et c’est ainsi qu’on a créé Parfum de Jazz dont Alain est devenu président. On était tombé d’accord sur la façon de faire.
Le coup de génie au début ça a été les apéros musicaux. Ca a en effet servi d’appât et après, les gens sont venus au concert. Peu à peu on a gagné, on a créé une ambiance, une amitié. Au départ c’était étudiant, gavroche. On a eu une chance énorme : Alain fédérait tout le monde. Or, on a eu peur : s’il s’arrêtait …Et puis les gens sont venus : de la région bien sûr mais aussi de plus loin, de la Côte d’Azur ou d’ailleurs dans la Drôme ou autour.
En matière de fonctionnement, comment se déroule le festival, sur qui pouvez-vous compter ?
Tout est basé sur le bénévolat dans lequel on retrouve beaucoup d’amis qui étaient avec nous à l’école normale, déjà. Dans les quelque 80 bénévoles qui font fonctionner le festival, il y a beaucoup de pédagogues. Mais, tout de même, n’avez-vous pas hésité à l’époque ? Non. Il faut imaginer : je reçois ce coup de fil d’Alain. Nous avons été normaliens ensemble. Je ne pouvais pas dire non. Peut-être était-ce inconscient car c’était moi qui payais ? Mais je serais allé au bout du monde avec Alain. Et puis on savait que les collectivités locales joueraient le jeu. Après, quand il y a eu l’extension du festival vers le Rhône, c’est vrai qu’on a eu peur : ces communes ont des moyens et l’esprit du festival pouvait changer. Que représente ce festival aujourd’hui pour Buis-les-Baronnies? Pour Buis ça a été et c’est important : pendant une semaine, au cœur de l’été et dans ce magnifique décor, les gens oublient cette morosité ambiante qu’on observe un peu partout.
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