Richard Galliano, Ron Carter. En duo. Duo seul, en public. Concert d’un soir. Et enregistrement à la clef. Accordéon versus contrebasse. C’est à la fois séduisant et déroutant. Mais au final convainquant. L’album sort le 1er mars…..ne vous privez pas.
Même s’il rencontre aujourd’hui un franc succès, l’accordéon demeure, en jazz, un quasi mystère : comment cet instruments sirupeux, aux nuances incertaines, en tout cas limitées, a réussi une quasi volte face, quittant le monde de la guinguette pour s’imposer sans difficulté majeure dans le monde de l’improvisation ? Richard Galliano est évidemment l’un des artisans majeurs et patients de cette rencontre.
Ce concert enregistré le 29 octobre dernier est, à sa façon, un retour sur cette reconquête. Aidé d’un seul complice, mais de taille, Ron Carter, l’accordéoniste égrène quelques unes de ses plus belles compositions : Tea For Toots, Billie, Waltz for Nicky et bien sûr Tango pour Claude. Travail intime, apaisé. Dialogue de deux instruments où la contrebasse se met volontiers en retrait, pour mieux laisser l’accordéon discourir.
De l’espiègle au recueilli
En l’occurrence, l’approche de Richard Galliano sur chacun de ces thèmes est parfaite. Justement dosée, épurée, sereine. L’accordéon change ici de registre ou de dimension, entrant dans un quasi dépouillement qui force l’attention, et, ce qui est le plus curieux, qui impose sa propre lecture d’une musique familière. On passe de l’espiègle au recueilli.
L’accordéoniste multiplie les changements de rythme, de concert avec Ron Carter ou seul en piste, dans un ou deux solos qu’on vous recommande.
Disons le tout de même : Ron Carter laisse la part belle à Galliano, même si quelques unes de ses compositions ornent également l’album : dont un Blues for D.P. et ce Ah Rio qui annoncent la conclusion de ce concert d’un soir.
Tout de même : on pouvait craindre de cette rencontre et de cet album la célébration d’un simple anniversaire, celui de leur rencontre il y a vingt-sept ans à Paris, au cours de laquelle les deux musiciens avaient réalisé leur premier enregistrement. Il n’en est rien. Entre l’art maîtrisé, la richesse de l’inspiration et le plaisir de discourir ensemble, s’impose une musique superbe qui ne cesse de capter l’attention.
Enfin, on notera que l’album qui sort donc le 1er mars nous vient tout droit d’Orkhêstra International, belle maison basée dans la Loire (à Saint-Héand) qui multiplie ces temps-ci quelques magnifiques sorties dans un domaine où il excelle. Ainsi ce There’ll Be No Tears Tonight, longtemps épuisé et enfin disponible. John Zorn est évidemment aux côtés d’Eugène Chadbourne.
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