
Il y a quelques semaines, le saxophoniste, habitué des lieux, s’est lancé dans ce projet peu banal avec la complicité de l’équipe du Hot Club de Lyon : réaliser un disque en direct, dans un caveau bondé, pour rendre le plus fidèlement possible la magie de l’improvisation, sel et aboutissement de cette musique si pastichée aujourd’hui
Un disque rapide, dense, mais qui frappe surtout par sa spontanéité. A cela une raison : le disque a été enregistré il y a quelques mois en « live » au Hot Club de Lyon. En soi, un petit évènement : on n’a jamais fait le compte mais les enregistrements réalisés en live au Hot Club ne sont pas légion, malgré le nombre de concerts organisés ici, rue Lanterne, et malgré le nombre de musiciens en tous genres et de toutes tailles qui, un jour ou l’autre, ont traversé le caveau pour accéder à cette petite scène de si grand renom.
« Je voulais depuis longtemps faire un disque live, explique Michel Fernandez, car en studio, lors de mes derniers albums ( Global Warning, Sans Frontière, Mélanges de rages ) le groupe perdait la richesse, la liberté et les prises de risques qu’on exprimait en concerts……. » .
Mais la prise de son dans un tel lieu n’a rien d’évident, ce qui peut expliquer le peu d’enregistrements réalisés ici. « Je parlais souvent de cela avec mon ami Ludwig Laisné (président du Hot), lequel m’a alors proposé de tenter l’aventure d’un live en concert au Hot ». Ce dernier est en effet un familier des enregistrements, réalisés à Paris avant de s’installer à Lyon et dispose du matériel d’enregistrement et de mixage adéquat. (C’est lui d’ailleurs qui, ce soir-là, assurera la prise.
Et voilà comment Michel Fernandez a donc décider de « tenter le coup » avec son quintet : « C’était difficile sur scène à cause de tous les câbles et micros sur scène mais on a réussi – grâce au public très enthousiaste, (le Hot était plein à craquer ) – à donner le meilleur ».
Un set comme si vous y étiez
Un disque rapide donc, format set traditionnel, réunissant les dernières compositions du saxophoniste. Un disque vif aussi, spontané, énergique avec les qualités et les défauts du direct, où l’on saisit évidemment au mieux ce qui fait avant tout le sel d’une telle aventure : l’improvisation, cette façon de lâcher les rênes, de s’aventurer dans un registre à la fois plein d’embûches et plein de surprises avant de redescendre sur terre.
Un quintet à longueur et humeurs variables
Surtout, le quintet n’hésite pas au gré des morceaux à se décomposer, se recomposer, au fil des thèmes, du duo au trio, du solo (ce petit Ludwig) au quintet sonnant comme un big band.
De même pour les intros, les entrées en matière : ici les drums pour Chromatisme crânien, là les saxs dans Global Warning ou ce High Life qui clôt l’album. Mais aussi ce long solo de basse qui démarre Archie, résonnant sans doute de façon encore plus prenante sous la voûte du caveau. Un morceau étrange entre mélopée, incantation et dialogue dont on cherche la clef…..une clef.
Le piano de Benoît Thévenot pour une vigilance de chaque instant
Qui oublie-t-on ? Le piano de Benoît Thévenot qui s’étire dans la Forêt de Bougarabou, et qui assure une vigilance de chaque instant, retrouvant des accents de trio traditionnel qui sonnent ici comme autant de moments de soulagement et d’intimité retrouvée.
Mais ce soir-là, c’était bien un quintet parfaitement emboîté qui s’est installé pour cette heure de « live », bien captée par Ludwig Laisné. On comprend mieux alors l’ajout de ce deuxième saxophone, venant suppléer, croiser le fer, ou insuffler au gré des thèmes. « Mes nouvelles compositions, explique Michel Fernandez, nécessitaient l’ajout d’un second sax pour renforcer les mélodies ( avec l’alto ) ou les lignes rythmiques de basse ( baryton ). J’avais souvent fait le boeuf avec ce jeune saxophoniste, Julien Chignier, très talentueux, et nos deux saxs dialoguaient bien, naturellement ». Et de revenir sur cette rencontre : « Je l’avais rajouté à mon ancien Quartet lorsque le Rhino Jazz m’avait programmé en 2023. Après cette expérience au Rhino, le quartet est devenu le quintet, avec Julien ».
Magie du baryton, lorsqu’il s’immisce dans les compositions, parfois comme un rappel à l’ordre, parfois comme une invitation à aller plus loin, parfois en démarrant les hostilités ou les confidences.
Reste à savoir si cette expérience d’enregistrement réussie, donnera l’idée à l’équipe du Hot de multiplier ces prises sur le vif ?
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