La richesse des lieux de culture se lit parfois dans la variété des itinéraires qui y mènent ? A l’Opéra de Lyon, ce pourrait être le cas : d’un côté, la grande salle, sa grande scène, son orchestre et ses balcons façon tour de Babel. De l’autre, son sous-sol, où prospère l’« Amphi », cet hémicycle souterrain, en apparence coupé du reste de l’édifice et qui a moult fois prouvé par le passé qu’il avait sa vie propre.
Comme s’il ouvrait sur un monde culturel autre, aussi riche que divers, et devenu, avec François Postaire, ce lieu incontournable à la clientèle spécifique.
Or, patatras : cet « autre » Opéra est appelé à prendre, à partir de cette année une toute autre dimension avec « l’Opéra Underground » sachant que l’expression désignera désormais autant les musiques qui y seront proposées que les salles de l’Opéra qui y seront dédiées : de l’Amphi au Péristyle, des Muses à la grande salle, appelée elle aussi à accueillir de l’Underground. Mais, plus que cette détermination géographique, cet « Opéra Underground » a aussi pour ambition de donner plus de visibilité à ces musiques « autres » qui sont accueillies à longueur d’année ici, au cœur de Lyon : jazz, musiques du monde, musique improvisée européenne, chants rituels ou autres traditions orales ou instrumentales.
Pour Olivier Conan, qui a succédé à François Postaire, et recruté dans cette optique, cet « Opera Underground » veut avant tout installer une nouvelle approche via une nouvelle programmation « qui reflète le monde et ses musiques et dont les agissements souterrains déborderont dans les divers espaces de l’Opéra ». Traduction concrète la plus visible de cette approche : la disparition des résidences jazz qui donnaient carte blanche à un musicien de jazz pour qu’il présente, trois soirs d’affilée, des programmes inédits.
Musiques hybrides, musiques difficiles à cataloguer ?
« Opéra Underground » ? Sans doute un ton moins jazz, au sens traditionnel du terme, pour s’ouvrir à des musiques et à des musiciens beaucoup plus « hybrides ».
« J’aime beaucoup ces musiques hybrides, explique Olivier Conan, jouées par des musiciens ayant grandi avec le jazz, avec le rock, avec la musique classique ; des musiciens qui ont étudié la musique des générations passées mais aussi la musique de leurs voisins et des voisins de leurs voisins ».
Des musiques difficiles à cataloguer ? Sans doute et de plus en plus, surtout que ces musiques ont pris l’habitude de se fondre entre elles depuis des décennies, gardant leurs racines mais ne s’interdisant plus aucune transgression.
Le premier programme de l’Amphi comme du Péristyle en sera d’autant plus le reflet qu’Olivier Conan, musicien et qui a exercé pendant trente ans à New York, y a touché du doigt ce « multing music » à tous les étages et en tous sens.
Pour rester factuel, si l’Amphi compte accueillir Ben Sidran, Louis Sclavis, Terry Riley ou Marc Ribot, il fera également la part belle à de toutes autres musiques : ainsi les Meridian Brothers, musique de Bogota, le groupe Alash, venu de Turquie, ou Hailu Mergia, venu d’Ethiopie et dont le retour en grâce il y a quelques années n’est pas passé inaperçu. A l’Amphi, il bénéficiera d’une totale carte blanche.
Parallèlement, l’ « Opéra Underground » compte sur le quatuor Vassily qui sera installé à l’Amphi en résidence toute la saison prochaine et qui accompagnera des artistes de passage en même temps qu’il donnera deux concerts en cours d’année. Parmi les artistes déjà annoncés, Melingo et Bloque Depresivo (le 18 octobre dans la grande salle).
22 septembre : Rachid Taha dans la grande salle
Mais tout aura commencé quelques jours avant, tendance raï : le 22 septembre prochain, l’Opéra Underground accueillera Rachid Taha dans la grande salle pour fêter en sa compagnie le 20ème anniversaire de la sortie de l’album Diwan.
Bref, si une quinzaine de concerts sont déjà programmés de septembre à décembre, Olivier Conan annonce d’ores et déjà une accélération du rythme des rendez-vous à partir de janvier en privilégiant tous les courants musicaux ou traditions, du Pérou à Recife, du Chili à Cuba, en passant par l’Afrique, l’Europe, les musiques en devenir et les rencontres qu’elles ne cessent de susciter.
Facebook
Twitter
YouTube
LinkedIn
RSS