Martial Solal sur la grande scène de l’Opéra de Lyon
Rapide, concis, volontiers ironique sur lui-même et ses acolytes, Martial Solal a livré vendredi soir un set inédit sur la grande scène de l’Opéra de Lyon. Piano démesuré. Lui-même de bout en bout aux commandes de l’affaire, nous livrant une sorte de promenade inspirée distillée par trois merveilleux instrumentistes parfaitement emboîtés.
Passons sur les impressions de départ : cette salle toute de noire vêtue, aux étonnantes verticales façon intérieur de cheminée du paquebot France. Moins facile à réchauffer certes que l’Amphi qui se blottit dessous. Puis, l’entrée de Martial Solal et cette furieuse envie de lui tailler un costard. Enfin, plutôt de retailler celui qu’il porte ce soir-là, peut-être un hommage au lieu qui l’accueille. Diable, on ne l’a jamais connu si strict.
Un set d’autant plus somptueux que joué sans façons
Fort heureusement, quelques mots d’arrivée et l’entrée de Bernard Lubat aux drums (et seulement aux drums) et de Mats Vinding à la contrebasse lancent immédiatement un set qui va s’avérer d’autant plus somptueux que joué sans façons, arpentant standards connus, ou moins, entrecoupés de compositions personnelles et de l’arrivée au milieu du concert de Claudia Solal que Martial escortera, doucement, intimement.
Mais pour démarrer, le pianiste, qui tient au si bémol, nous livre un splendide Swing Spring, bien dosé par un trio immédiatement retrouvé comme si ces trois-là ne cessaient de jouer ensemble. Cette impression ne cessera de se renforcer au fil des morceaux. Suivent Algues Marine et Coming Yesterday. L’aisance de Bernard Lubat au jeu presque acoustique, marquant au minimum la musique de son empreinte donne à ces constructions sonores une amplitude quasi magique.
Bref, à peine ces petites pépites dévalées, Martial Solal resté seul en scène se penche cette fois sur Duke Ellington. Façon medley ; pot pourri si vous préférez même si l’expression manque de charme. Tout le charme du pianiste est là : reprendre un standard ou une composition connue de toute la salle (près de 1 000 personnes) et lui donner ce supplément d’âme qui la recrée aussitôt « sous nos yeux ». Là encore, la qualité de la balance mise au point dans l’après-midi fait merveille.
Claudia rejoint Martial sur scène
Passons. C’est alors que Martial Solal invite Claudia à le rejoindre sur scène. Moment intense de ce duo où l’un devient l’accompagnateur de l’autre, discret dans ses suggestions ou ses relances pour mieux laisser la chanteuse prendre possession de la salle. Là encore, ce fut court, intense. Intonations chaudes et inspirées pour aborder trois thèmes et des textes repris avec conviction, amenant la salle à une attention palpable.
Bref, lorsque le trio revient, c’est déjà une vieille connaissance. Là encore, des standards. Solal espiègle, heureux de jouer, prenant le temps (son TGV ne partait que le lendemain midi), multipliant les rappels, discutant avec la salle, s’amusant. Bon anniversaire à l’un. Invitation aux solos lancés à ses complices. Bernard Lubat nous livre un magnifique solo effectué aux seuls balais. Mads Vinding fait de même quelques mesures après. C’est rapide, trop court. Accents de Lush Life, de Tea for two, Night and Day. On est entre vieilles connaissances, surtout eux. Et pourtant, lorsque tout se termine, on reste sur un goût de trop peu, de set dévalé. Solal et Lubat partant bras dessus bras dessous. La contrebasse est à nouveau couchée. On peine à croire que le set s’est prolongé plus qu’on ne l’espérait.
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