Pourtant, la magie opère parfois comme ce fut le cas lors du très beau concert du pianiste cubain Chucho Valdès lors de la dernière saison de l’Auditorium. Un Chucho Valdès à nu qui a su donner ce soir là le meilleur de lui-même. Un concert beaucoup plus riche, paradoxalement que celui qu’il avait donné quelques mois auparavant, lors du Festival Jazz à Vienne 2015 avec « Tribute to Irakere » où il semblait se cacher et presque s’ennuyer derrière un impressionnant mur de percussions.
C’est à cet exercice du concert solo très exigeant que va se livrer à son tour, le mardi 17 mai à 20 heures, un autre pianiste caribéen, Michel Camilo.
Ce musicien de 62 ans, né à Saint-Domingue n’a pas l’aura d’un Chucho Valdès, mais comme lui, il a su combiner les rythmes de son héritage caribéen avec une utilisation riche et intelligente des textures harmoniques, des racines jazz.
Le tout servi par une technique pianistique sans faille.
Un pianiste influencé par Art Tatum, Oscar Peterson, McCoy Tyner-dont la musique l’a amené au jazz- mais aussi Chick Corea, Bill Evans, Ahmad Jamal, Sonny Clark, voire encore Keith Jarrett ou Erroll Garner…
Sans oublier la musique classique, sa formation, de Beethoven à Chopin ou Debussy jusqu’au compositeur cubain Ernesto Lecuona qui l’a dirigé dans sa jeunesse, et lui a donné sa brillante technique de clavier et ce sens de la composition dynamique et structurée.
Élevé dans une famille de musiciens, Michel Camilo commence par jouer de l’accordéon, avant de s’orienter vers le piano à l’âge de neuf ans. Adolescent, il part pour New York, où il accompagne pendant trois ans un des maîtres de la musique cubaine, Paquito D’Rivera.
A New York depuis 1979, Michel Camilo s’est formé à la très célèbre Julliard School, le Harvard du Jazz où il approfondit et développe sa technique pianistique, en même temps qu’il étudie l’arrangement.
Ses premiers albums enregistrés en trio au milieu des années 80 l’ont bien installé dans la galaxie du Jazz, se produisant-fait rare- à la fois sur les scènes du jazz, tout en poursuivant une carrière de chef d’orchestre classique.
De « Why not ? » en 1988, à « What’sUp ? », son dernier album, Michel Camilo a enregistré quatorze albums sous son nom, mais aussi deux albums de musique classique ; ainsi que deux disques avec Tomatito, la star du flamenco espagnol, ce qui illustre son goût assumé pour l’éclectisme.
A savoir d’ailleurs que son enregistrement « Live at The Blue Note » a été couronné par un Grammy du meilleur album de latin jazz, et sa version de la « Rhapsody in Blue » de Gershwin par celui du meilleur album classique.
C’est ce latin pianiste qui se produira le mardi 17 mai à l’Auditorium de Lyon (20 heures), pour proposer notamment de nombreuses compositions issues de son dernier opus « What’s Up » produit par le label Okeh.
Un disque qui démarre sur des chapeaux de roues avec un ragtime, qui se poursuit avec une superbe version du « Take Five » de Paul Desmond. On y trouve aussi « Chan Chan » de Compay Segundo qui renvoie au Buena Vista Social Club.
On peut y ouïr enfin « Alone Together », un hommage aux maîtres du piano jazz, etc.
Michel Camilo a la réputation d’être un musicien généreux. Quand il joue, en général, il donne. La condition sine qua non d’un beau concert au sein de l’immense plateau de l’Auditorium quelque peu écrasant…
A noter que ce concert sera diffusé en direct sur Jazz Radio.
Michel Camilo, mardi 17 mai à 20 heures, à l’Auditorium de Lyon, en partenariat avec Jazz à Vienne.
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