Le saxophoniste lyonnais Michel Fernandez arrive avec son quartet habituel pour parcourir son dernier album, sorti en avril. Au-delà des dix thèmes, c’est aussi l’histoire d’un itinéraire musical peu banal dans lequel, vous l’avez compris, le saxophone joue en maître
Est-il besoin de le présenter ? Si peut-être. Histoire de rappeler ou de se souvenir que quand il n’enserre pas ses saxs à pleines mains, Michel Fernandez fréquente (ou a fréquenté) « Saint-Ex », le lycée de La Croix-Rousse, en tant que prof de philo. Autre facette du musicien mais qui en dit long sur le cheminement artistique et la quête culturelle que mène le saxophoniste qui est donc l’invité ce soir du Périscope.
Officiellement, il est là en quartet, entouré de ses trois musiciens habituels (piano, basse, batterie) pour jouer et présenter Global Warning, enregistré en avril dernier. Un disque rapide, spontané, enjoué, fougueux. Dix thèmes comme autant de cartouches sur lesquelles il y aurait beaucoup à dire.
D’abord un quasi retour aux sources en même temps qu’un panorama des promenades musicales de Michel Fernandez. Depuis sa découverte du saxophone, via la clarinette, sa formation, ses approches, ses séductions dans un jazz alors en plein renouvellement. Global Warning en est un superbe reflet : à sa façon, le saxophoniste en appelle à tous ceux qu’il a croisés ou qui l’ont inspiré : de Coltrane à Ornette Coleman, de Cecil Taylor à Sun Ra, Fela Kuti ou Schepp évidemment. 10 morceaux, 10 ambiances, 10 incursions mais de multiples inspirations donc, qu’il s’agisse d’Exil (ne pas manquer la longue intro) de Xongly, composition de Pierre Dorge ou de ce mot de la fin, cette Déchirure qui emprunte d’abord le début d’un thème connu avant de se réfugier dans un profond solo de contrebasse qui résonne étonnamment au milieu de tant d’éclats.
Exacerbations comme autant d’étonnements
Bien sûr l’exacerbation est là. Comme autant d’étonnements. Eclats de cuivre (dommage le baryton manquera ce soir à l’appel), sur lesquels le temps n’a pas prise. Comme des vagues qui enflent et retombent, avant de laisser (souvent) la place au piano. Calme après la tempête mais à la condition d’avoir pu tout dire, tout exprimer. Un retour aux sources donc ? Oui mais pas seulement. Plutôt une quête d’un nouveau genre. A ce sujet, ne pas oublier ce qu’en dit Michel Fernandez avant de pousser ce soir les portes du Périscope : « Tournent des échos venus de temps trop oubliés, de transes pour retrouver le goût du sublime, de la danse, le groove pour faire bouger les corps et les esprits. La civilisation a besoin de s’outrepasser pour continuer d’exister. La braise du free jazz, des blues, des cultures des caraïbes, du Brésil renaissent, attisées par un nouveau souffle, un souffle vital, celui de notre besoin de partager des territoires musicaux pour qu’ils deviennent communs. Une musique vitale, vivante, joyeuse et bleue ».
Rencontre avec des cultures riches, souvent dédaignées
Des mots qui remettent cette musique dans un contexte bien particulier, bien au-delà, des notes et des thèmes, la rencontre avec l’Afrique, le Maghreb et bien sûr l’Amérique Latine. La rencontre de musiques autres et à travers elles de cultures riches souvent dédaignées quand elles n’ont pas été purement et simplement spoliées. « Redevenir sauvage », dit à ce sujet le musicien avant peut-être de se lancer dans Suspension, l’un des thèmes de Global Warning qui frappe par sa rage, son énergie. Ajoutez-y une fraîcheur particulière, qui sait en appeler aux références ou aux réminiscences sans s’y inféoder. « Michel, c’est un pur », nous disait il y a peu un confrère qui a le sens de la formule. Cette faculté de changer de ton, d’ambiance, de rythme tout en ne déviant jamais de sa route ou de sa mission. Mais aussi ce don à partir vers un Exil chaloupé, ou vers des inspirations sud-américaines venues de Gato Barbieri ou de quelques autres.
Bref, le tout en direct au Périscope, ce soir, mardi.
* Mardi 31 janvier à 29 h 30, entrée 8/10/12 euros. Aux côtés de Michel Fernandez, seront présents les musiciens habituels du quartet, bel exemple de constance : François Gallix, contrebasse, Benoît Thénevot, piano-claviers, Nicolas Serret, batterie. (Manquera juste Julien Chignier au sax baryton ou alto). Le CD Global Warning a été enregistré, mixé et masterisé par Pierre Baudinat qui apparaît à la batterie sur quelques thèmes.
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