Après l’oudiste Dhafer Youssef à la fin du mois dernier, à l’occasion d’une carte blanche ; puis, samedi 14 mai le guitariste de jazz Nguyên Lê, sur scène, en compagnie de Baraji : le jazz a effectué de passionnants détours au musée des Confluences.
Après un peu plus d’un an après son ouverture, le musée semble avoir trouvé son créneau dans les métissages musicaux. Des métissages au sein duquel le jazz joue une part prépondérante étant lui-même un métissage permanent, une musique protéiforme qui sait si bien rebondir d’une culture à l’autre.
Le guitariste Nguyên Lê a su superbement le prouver en jouant sur scène en compagnie de la formation de musique traditionnelle chamanique coréenne, Baraji.
Baraji ? Une formation composée des sept musiciennes et musiciens que Nguyên Lê a rencontré l’été dernier lors d’un festival en Corée organisé à l’initiative de la chanteuse Youn Sun Nah et dont l’originalité est de permettre la rencontre de la musique traditionnelle coréen avec les musiques venues d’ailleurs.
Baraji est une formation où l’on retrouve beaucoup de percussions de tous ordres, mais une musique aussi au sein de laquelle l’improvisation joue un rôle important.
Deux caractéristiques du jazz ce qui explique que la fusion de la guitare du jazzman d’origine vietnamienne et les instrument traditionnels coréens (cithare à archet, flûte traversière en bambou, vièle à deux cordes) ont pu s’exprimer avec une richesse étonnante.
S’est ajouté à cet ensemble, la superbe voix et la danse de la chanteuse Yulhee Kim.
Les accents parfois hendrixien ou plus jazzy à d’autres moments de Nguyên Lê ont su se marier dans la pulsation, la psalmodie parfois très rythmée, voire même endiablée de la formation coréenne.
Une musique chamanique à forte portée spirituelle destinée à parler à l’au-delà. Sachant que le Jazz est de la soul music, c’est-à-dire une musique de l’âme, les deux ne pouvaient finalement que se rencontrer et hisser l’ensemble certes non pas vers les transes annoncées, mais vers un état de fusion avec de nombreuses envolées d’impros de part et d’autre.
Bref, un concert qui sur le papier semblait improbable et qui, à l’arrivée s’est révélé tout simplement exceptionnel. En témoigne la standing ovation qu’un public aux anges (près de 400 personnes) a adressé dans le grand auditorium du musée, à la formation coréenne et au guitariste de jazz.
Les enfants métisses sont souvent les plus beaux : ce métissage là l’a prouvé une nouvelle fois.
Nguyên Lê
« Selon moi, la musique traditionnelle coréenne est la plus intense et la plus groovy qui soit en Asie de l’Est. La tradition des percussions est totalement excitante, puissante, swinguante, complexe, torride, avec de nombreux rythmes, en ¾ et impairs, chose unique de ce côté-ci du monde », explique Nguyên Lê.
Il a mille fois raison.
Le musée des Confluence s’il poursuit en ce sens a trouvé incontestablement son créneau musical au sein duquel il ne concurrence personne à Lyon, mais ajoute à la scène jazzique lyonnaise, la strate de couleur internationale et pour le moins originale qui lui manquait.
Le guitariste a bien traduit le chemin que semble emprunter le musée des Confluence en parlant des musiciens de Baraji : « Ils ont appris le monde occidental, sans renier leur passé. La modernité ne remplace par la tradition, elle s’y ajoute et la rend encore vivante ! »
On l’avait quelque peu oublié dans l’Hexagone. Cette belle soirée nous l’a rappelé…
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