
André Henrot, photographe résident de Parfum de Jazz et qui exposait au Cloître des Dominicains ses photos prises à Parfum l’an passé, signe cette photo prise durant le concert de Julie Campiche quartet à Mollahs-sur-Ouvèze.
Le Saiyuki trio : : de gauche à droite le koto de Mieko Miyazaki, la guitare de Nguyên Lê et les tablas de Prabhu Edouard
De Cuba au Japon en passant par l’Inde, le Viet-nam ou la Suisse, le festival a multiplié les découvertes, les rencontres et les styles tout au long de cette édition démarrée mi-juillet dans le Tricastin
Déjà ? La 26 ème édition de Parfum de Jazz a pris fin samedi soir à Buis-les-Baronnies. Le 16 août donc. Près d’un mois après son démarrage, le 18 juillet, avec ce premier concert «Jazz au Village » organisé à Montségur-sur-Lauzun. Ces dates résument bien à leur façon tout le charme et la difficulté de ce festival qui a fait voeu d’itinérance en se promenant en Drôme du sud.
D’un côté, comme dans tout festival, des concerts officiels qui rythment l’évènement et qui se déroulent le soir dans des lieux enchanteurs : belles affiches, concerts payants, annoncés longtemps à l’avance. Et de l’autre, une sorte d’aventure : cette fois, ce n’est pas le public qui vient au concert mais plutôt le jazz qui s’en va se promener dans des villages ou des communes. A chaque fois, rendez-vous à 18 heures (sauf exception à Nyons pour la dernière), concert gratuit, ambiance assurée par des formations qui se dévoilent dans un contexte inattendu. Comme le souligne Catherine Vilalta, présidente de Parfum de Jazz, il s’agit là d’amener le jazz à ceux et celles qui n’ont pas forcément l’habitude et l’occasion d’en écouter.
Une originale façon de mettre en scène la Drôme du sud
La preuve, les étapes de ce festival « bis » : La Garde-Adhémar, Saint-Restitut, Beauvoisin, Saint-Auban-sur-Ouvèze, Saint-Sauveur-Gouvernet, Montbrun-les -Bains et Nyons, dernière étape le 12 août à 21 heures avec What’Elles. Une originale façon de découvrir et de mettre en scène cette Drôme du Sud qui ne cesse de danser autour d’un Ventoux lourdaud à souhait. Du 18 juillet au 16 août, ce Jazz aux Villages a aussi et surtout constitué le trait d’union d’un festival qui s’est étiré du Tricastin aux Baronnies pour mieux rencontrer son public.
Car désormais les concerts en nocturne (qui permettent au festival de vivre) se déroulent en deux phases distinctes : d’abord en Tricastin jusqu’au 26 juillet puis en Baronnies jusqu’au 16 août. Pour l’équipe du festival, cette première édition était donc à la fois une innovation et un test. Surtout que dans le même temps, le festival s’est ouvert plus que par le passé à d’autres sonorités, du blues aux musiques du monde en passant par des réminiscences autres.
Et pour corser le tout, Parfum de Jazz s’est fixé pour ligne directrice de n’accueillir que des formations créées ou emmenées par des musiciennes, avec le but avoué de parvenir à la parité, voire même d’aller au-delà.
Julie Campiche : jazz façon harpe
André Henrot, photographe résident de Parfum de Jazz et qui exposait au Cloître des Dominicains ses photos prises à Parfum l’an passé, signe cette photo prise durant le concert de Julie Campiche quartet à Mollahs-sur-Ouvèze.
Mollans et Buis-les-Baronnies en ont été un bel exemple avec, pour démarrer, Julie Campiche : une rencontre jazz où harpe (Julie) et saxophone (Léo Fumagalli) inventent une quasi conversation musicale, soutenus par Manu Hagmann à la contrebasse et Clémens Kuratle aux drums. Cette quête de réponses entre deux instruments qui n’ont pas forcément l’habitude de se parler est intéressante mais exigeante, demandant aux deux musiciens une sorte de qui-vive permanent.
Ce faisant tout de même, la harpe se fraye de plus en plus un chemin dans/sur des scènes autres que classiques. Et Julie Campiche en est l’un des témoins, même si, ce soir-là, on s’attendait à plus de réparties et de volonté d’en découdre entre les deux leaders de cette formation homogène.
Direction Buis-les-Baronnies pour retrouver le Saiyuki Trio
Le Saiyuki Trio n’est pas le premier venu : les trois musiciens qui le composent l’ont créé il y a plusieurs années après leur rencontre. Peu banale évidemment cette rencontre de trois instruments et de trois cultures
Le Saiyuki Trio, proposé le lendemain, jeudi, était plus étonnante encore : un trio venu de nulle part, et donc de partout. A ma gauche, Mieko Miyazaki, au koto, à droite l’Inde de Prabhu Edouard aux tablas et transcendé par les sons uniques de la guitare de Nguyên Lê, au centre et inspirateur de ce petit groupe. .
Une alliance peu banale de trois instruments caractéristiques de cultures éloignées rassemblés par Nguyên Lê. Sons d’ailleurs se mariant à leur façon : Là, Mieko Miyazaki recueillie devant ce koto, instrument à cordes qui s’allie à la voix de la chanteuse pour définir un monde, raconter une histoire jusqu’à la déclamer. A ses côtés, Nguyên Lê, guitariste qui prend un malin plaisir à emmener le trio vers des pentes inconnues.
Et près de lui, Prabhu Edouard , ce joueur de tablas qui promène son talent en France depuis des années en dévoilant au spectateur à la fois ces tablas (magnifiquement sonorisés par 7 ou 8 micros) mais la culture, voire la spiritualité qui englobe le tout. Comme une initiation menée avec le sourire, développant avec le public une étonnante complicité, volontiers moqueuse, même en évoquant la vie de Ganesh. Ajouter à cela sa gestuelle, alternant la plus grande sérénité (quand il joue) et la plus grande décontraction lorsqu’il explique au public l’histoire et les sortilèges des tablas hindous. Résonnent surtout dans le théâtre de verdure de Buis, les mille et une finesses de ces tablas caressés par ce percussionniste réputé.
Mille et une finesses de ces tablas…..
Et Cuba pour finir
Harpe, koto, tablas…..Parfum de Jazz 2025 s’est bouclé samedi soir en partant dans l’autre direction : la musique cubaine de Yilian Canizares et son Resilience Trio. Elle, au chant, au violon et aux compositions. Childo Tomas aux guitares dont son étrange double basse et Inor Sotolongo aux drums/percussions.
Face à eux un public sage qui mettra un peu de temps à se dérider, attentif à cette musique inspirée que l’artiste aime composer et écrire. Dont quelques thèmes du prochain album attendu pour début 2006. Ses deux comparses excellent dans l’accompagnement discret, même si Childo Tomas est plus connu pour emmener ses propres musiciens faire la fête sur d’autres concerts. Quant Inor Sotolongo, autre Cubain, il sait ici développer un jeu aux mille nuances au gré des chansons et des accélérations de la violoniste.
Après un rappel qui retient l’attention et entraîne le public séduit, Parfum de Jazz replie cette fois sa toile pour quelques mois.
Evidemment manque ici le quatrième concert de ce Parfum de Jazz en Baronnies : celui de Solaxis…… lorsque cinq musiciennes se retrouvent pour fonder un quintet de saxophonistes…
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Une des dernières images de Parfum de Jazz : l’ensemble des bénévoles du festival réunis devant la scène quelques instants avant le début du concert de Yilian Canizares
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