
Le paradoxe : la scène musicale émergente de la Métropole lyonnaise qu’il s’agisse de musiques actuelles ou de jazz n’a jamais été aussi vivace, mais jamais aussi fragile, la plupart des musiciens vivant juste au-dessus du seuil de pauvreté : 15 500 euros annuels. Pour pallier ces difficultés, des stratégies sont mises en place…
Le groupe de brasseries lyonnaises Ninkasi qui répond au slogan, « Bière, Musique, Burger » est doté d’une pépinière musicale : « l’association Ninkasi Musik Lab »
Il faut en effet mettre des groupes sur toutes les scènes qui existent dans les différents Ninkasi de la Métropole et au-delà, la musique étant partie intégrante du concept.
Or, cette même pépinière musicale de Ninkasi a mené une enquête auprès d’artistes passés par son dispositif d’accompagnement : une structure bien rodée qui a accueilli 90 projets depuis 2016.
On s’en doutait, mais cette enquête révèle les difficultés des jeunes artistes à vivre correctement de la musique.
D’où cette alerte à l’issue de cette enquête « sur la précarité des artistes émergents« .
Un total de 47 artistes sur les 90 accompagnés ont répondu à l’enquête, qui permet selon la pépinière de dresser un « portrait-robot de l’artistes en développement ».
Des revenus moyens à peine au-dessus du seuil de pauvreté
En moyenne, les répondants sont âgés de 33 ans, développent leur projet artistique depuis sept ans et participent par ailleurs à un ou deux projets artistiques annexes.
Les revenus annuels moyens issus de la création des artistes interrogés s’élèvent à 11 000 €, ce qui représente les deux-tiers de l’ensemble de ses ressources financières.
15 500 euros annuels
« On peut extrapoler que ses revenus se situent donc autour de 16 500 € annuels, c’est-à-dire légèrement au-dessus du seuil de pauvreté fixé en France à 60 % du revenu médian, soit 15 500 € annuels« , indique le Ninkasi Musik Lab.
Mais plus ennuyeux encore, Les artistes qui réussissent le mieux et parviennent à accroître leurs revenus font face à un effet de seuil « particulièrement décourageant« , indique la pépinière Ninkasi.
Ils sortent des critères d’admissibilités dans de nombreux dispositifs d’accompagnement. Ils doivent alors se tourner les tournées et concerts qui représentent leur principale source de revenus, mais ils « font face à un troisième effet de seuil : celui du cloisonnement régional des programmations« , indique le Ninkasi Music Lab.
Et d’ajouter : « Réussir à se faire connaître des programmateurs de sa région est déjà difficile, mais avoir l’opportunité de défendre son projet à l’échelle nationale relève du défi, voire du miracle. »
40 % envisagent d’abandonner
Face à ces difficultés, plus de 40 % des artistes interrogés confient avoir régulièrement des pensées d’abandon de leur projet professionnel dans la musique pour des raisons financières.
La pépinière du groupe Ninkasi rappelle sa politique de rémunération systématique des artistes pour leur concerts, avec « in fine des revenus issus de la musique qui doublent entre l’année avant l’entrée dans le dispositif et l’année après la sortie du dispositif« .
En conséquence, la pépinière »réfléchit dès maintenant à mettre en place de nouveaux programmes, en partenariat avec des acteurs de l’insertion professionnelle et des labels, pour travailler encore et toujours à casser les effets de seuils auxquels les artistes font face ».
Du positif, tout-de-même
Reste que ces difficultés rencontrées n’empêchent pas une scène émergente musicale très vivace dans le Métropole lyonnaise, une des données tout de même positive de cette enquête fort instructive.
Face à cette situation, la stratégie des artistes passe par deux attitudes soulignées par cette enquête :
– Une approche collaborative plutôt que compétitive, qui entraîne les jeunes musiciens à l’entraide et la solidarité, à l’image d’autres communautés professionnelles.
– Un sentiment d’insertion professionnelle en forte hausse qui se concrétise notamment par le développement de contacts stratégiques (programmateurs, bookers, label managers, médias, etc).
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