
D’un côté le Moulin à Jazz qui a redémarré il y a quelques jours avec le Sighting Ensemble, emmené par Christophe LeLoil et Rob Clearfield. A noter, le délicieux sextet est l’invité du Solar à Saint-Etienne le 7 novembre. De l’autre le Rendez-Vous de Charlie, début novembre, reçoit Yaron Herman et le trompettiste Avishai Cohen mais aussi le groupe Sélène et le duo Gonzalo Rubalcaba- De Holanda
Pas évident de capter la figure de Fred Pasqua, drums, réfugié au fond de la petite scène du Moulin à jazz…. au premier plan, Laetitia Pont au violoncelle et Maud Fournamoir, aux flûtes
Mais focus d’abord sur ce Moulin Jazz : C’était il y a quelques jours sa réouverture à Vitrolles : le gabarit d’un club (100 spectateurs en tassant bien), une petite scène intime mais capable d’avaler un sextet, un bar à l’arrière, plein de mansuétude et une acoustique acceptable. Ajoutez-y un public d’habitués venant parfois de loin et surtout une programmation qui retient l’attention.
Sur scène donc, pour ce lancement de saison, le sextet Sighting Ensemble, mené par Christophe LeLoil, grand souffleur ayant promené son bugle et sa trompette un peu partout, notamment de Normandie en Provence. A ses côtés, des complices de toujours : Fred Pasqua (dr), Pierre Fenichel (cb) et Rob Clearfield (p) qui a délaissé Chicago en 2019 pour se poser à Marseille plutôt qu’à Paris, soleil oblige. Ajouter à cela deux musiciennes qui sont venues se greffer au quartet : une violoncelliste, Laetitia Pont, et une flûtiste Maud Fournamoir (sorry pour une récente coquille), devenues au fil des mois des familières de Christophe LeLoil et du quartet.
Deux sets d’une rare intensité
D’où ce programme joué au Moulin Jazz : une quasi première (cf plus bas le rendez-vous à venir au Solar de Saint-Etienne). Des compositions de Christophe LeLoil surtout (moins celles de Pierre Fenichel et de Rob Clearfield). Ce qui explique aussi cette richesse d’inspirations. Et surtout l’entrée en lice du violoncelle et des flûtes : « Je joue beaucoup en quartet ou en trio avec Pierre et Fred, explique le trompettiste, mais j’ai eu envie de réunir d’autres instruments et j’ai eu l’idée de chercher ces deux musiciennes, plutôt classiques mais très ouvertes ». D’où ces deux sets, très courts en apparence, mais d’une rare intensité, même si trompette ou bugle guident d’un bout à l’autre la formation. « J’ai eu envie d’étendre le champ des possibles, explique Christophe LeLoil, de repousser les frontières musicales », car si le « jazz est influencé par toutes les musiques savantes », il s’agissait cette fois de chercher quelque chose de « différent ».
Christophe LeLoil, un jeu plein de nuances, une façon très complice d’orienter le set et de s’inscrire dans l’atmosphère de ce club qui démarrait la saison avec le Sighting Ensemble
Quand bugle et flûtes discutent ou se courtisent
Retour à la scène : façon de marier rythmes et instruments, de laisser à la flûte ou au violoncelle une place de choix en les intégrant à l’ensemble, en espérant des pas de deux inédits. C’est le cas entre bugle et flûte ou entre contrebasse et ses voisins. Une façon de dévier ou de relancer les improvisations, de solliciter les drums dans toute leur palette, et surtout de laisser le champ libre à Rob Clearfield, sage, concentré, discret, économe. Et bien sûr, une rythmique de renom (Fred Pasqua aux drums, Pierre Fenichel à la contrebasse). Mais si, parfois, l‘introduction d’instruments moins usuels laisse à désirer, flûtes et violoncelle appelés ici à la rescousse se fondent immédiatement à l’aventure du sextet. Fusion de fait trahissant l’aspiration commune de ces musiciens qui, malgré de multiples collaborations et des incursions sur des scènes diverses, sont très investis dans la scène locale et ont su bâtir une vraie connivence ; même et surtout Rob Clearfield présent sur la scène provençale depuis quatre ans (cf son récent album Voice in the Wilderness, où l’on retrouve d’ailleurs Fred Pasqua). Et sans parler de la présence à Marseille et du rôle de Famoudou Don Moye, infatigable globe-trotter musical qui n’est sans doute pas étranger à ce joli remue-ménage qui sait attirer tout ce qui peut venir nourrir le jazz contemporain : il est installé à Marseille depuis 14 ans, et depuis comparse, dans diverses formations, de Christophe LeLoil ou de Simon Sieger. D’où sans doute la vitalité de cette scène jazz provençale…… rarement appelée à s’exprimer à Lyon (1).
1) Le sextet Sighting Ensemble est en revanche attendu au Solar, à Saint-Etienne vendredi 7 novembre à 20h30 (réservations conseillées).
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