Le groupe fait une entrée discrète sur la scène de l’Opsis de Roche la Molière. On y verrait presque une métaphore des débuts de son chanteur dans le monde du Jazz. Hugh Coltman n’entre pas ici en territoire conquis mais avec humilité dans un univers qui l’enthousiasme, qu’il découvre et respecte.
J’avoue ne pas connaître la carrière de l’artiste, mais il le dit lui même (dans un français impeccable), ses expériences précédentes se situent plutôt dans la pop. On sent que le Jazz l’a touché et qu’il a un plaisir presque enfantin à partager sa découverte.
Le quintet, composé de Hugh Coltman (chant), Paul Lay (piano), Thomas Naim (guitare), Christophe Mink (contrebasse) et Raphael Chassain (batterie), pose d’emblée une ambiance 50’s: costume 3 pièces de circonstance, version british, guitare d’époque et petite coque gominée pour certains. En quelques notes on donne le ton, une ambiance chaleureuse, détendue et sans prétention.
Le concept de Mr Coltman est ici de reprendre à sa sauce des titres de Nat King Cole, dont nombre de ballades, en essayant de les « salir » un peu. Disons dans une version un peu plus « bad boy » que les originaux.
Le groupe navigue donc durant le concert entre ballades jazz, blues (tantôt delta, tantôt plus rock ‘n roll) et Soul. Hugh a une voix agréable et charmeuse qui rappelle un peu celle de Michaël Bubblé. On devine qu’il en a sous le pied niveau puissance et la technique est irréprochable. Il maîtrise bien son affaire, c’est sûr, mais ne se laisse que rarement aller à se dévoiler vraiment.
Les moments forts du concert furent, justement, ceux où le groupe et son leader se sont un peu plus lâchés. Sur « Nature Boy » par exemple, l’intensité est là. Coltman, sur la pointe des pieds, comme pour s’envoler, se laisse emporter par un crescendo rempli d’émotion. Le batteur martèle ses fûts à coups de shaker, le piano construit une voûte que le guitariste vient déchirer de sa distorsion bluesy à souhait.
A grands coups de paluche
Sur un autre titre, à l’ambiance plus Soul, le pianiste y va à grands coups de paluche sur le clavier, le guitariste, décidément mon favori ce soir là, délivre une improvisation joliment inspirée, m’évoquant Charlie Hunter par moment. Le chanteur, en retrait à nouveau, ne participe que timidement au lâcher prise collectif.
Il laisse heureusement suffisamment d’espace à ses acolytes pour que ceux-ci viennent épicer une musique qui, sinon, serait un peu trop calme à mon goût.
Mais ne vous y trompez pas, le public a été très réceptif au Blues de Coltman et il l’a bien montré par une standing ovation sur les rappels. Le temps nous le dira, mais je pressens que Hugh Coltman est un whisky qui vieillira bien dans les fûts du Jazz. Au plaisir de vous revoir donc, Mr Coltman…
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