
En sept jours, du 27 juillet au 2 août, le Crest Jazz Festival a drainé plus que l’équivalent de la population de la cité drômoise de Crest peuplée de 9 100 habitants.
« C’est bien simple, nous avons retrouvé nos chiffres d’avant-Covid », savoure avec un large sourire, Alain Bellon, co-président de ce Festival qui se veut fidèle au Jazz et ne (pas trop) dériver vers d’autres esthétiques musicales plus lointaines.
La bonne nouvelle est que le public a répondu en nombre à cette appétence à la musique bleue : le concert le plus couru du Festival, avec près de 2 000 festivaliers rassemblés à l’Espace Soubeyran fut celui donné le vendredi 1er août par le quatuor Sissoko/Ségal/Parisien/Peirani, lauréat des Victoires du Jazz 2024, « Les Egarés », bien sûr, qui ont su emballer le public avec le mariage inattendu de la kora africaine avec l’accordéon, le violoncelle et le saxophone, distillant une musique envoûtante à nulle autre pareille.
L’explication de ce succès qui a même étonné l’équipe organisatrice de ce festival tient à l’originalité de la démarche, mais aussi à la qualité des quatre musiciens, tous virtuoses qui ont mené le public sur des chemins d’une grande richesse harmonique., au-delà des frontières convenues
En première partie de ce concert, le saxophoniste Baptiste Herbin, en trio avait su installer d’emblée une ambiance bien colorée de bleu en présentant pour une grande part , son album « Django » rendant un hommage très personnel et d’une grande créativité avec son saxophone au plus grand guitariste sans doute que la terre a jamais porté.
Django fut d’ailleurs présent une seconde fois sur la scène du festival crestois, par le truchement d’un des plus brillants représentants du jazz manouche, le virtuose Angelo Debarre qui avait invité pour ce faire la régionale de l’étape, la chanteuse valentinoise Anne Sila qui se révéla particulièrement explosive.
Parmi les quinze concerts les plus marquants ouïs au cours de cette semaine, on peut également citer celui d’une autre Victoire du Jazz 2024, côté instrumentiste, la saxophoniste baryton Céline Bonacina qui ne cesse de gagner en maturité et a notamment développé avec brio de nombreux thèmes de son dernier et énergique album : « Jump ».
Enfin, incontestablement, la formation la plus exotique, sans surprise, fut celle des Lyonnais du « Big Band de l’œuf », la formation la plus importante de ce Festiva (18 musiciens), rassemblant une belle kyrielle de solistes de haut vol, et qui mélange sous la baguette de Pierre Baldy-Moulinier, à la fois humour potache et une musique pour le moins innovante et rafraichissante. Un peu longuet, néanmoins.
Un Festival a aussi pour rôle de permettre de découvrir de nouvelles formation.s Et à cet égard, le Crest Jazz Festival n’a pas manqué à l’appel permettant d’entendre la chanteuse italienne Sonia Schiavone en quartet qui avait remporté en 2024 le prix du public du concours d jazz vocal du festival, mais aussi Nubu. Une formation issue du Tremplin Jazz Migration avec ses drôles d’instruments comme le « serpent » ou le « flugabone » ; voie encore la chanteuse Louise Knobil et son Large Ensemble qui avaient remporté le prix du jury du concours de Jazz vocal en 2024.
Des formations émergentes qui devraient s’affirmer tout au long des années à venir.
On passera enfin charitablement sur la prestation de la chanteuse d’origine brésilienne Flavia Coelho dont la légèreté musicale fut contrebalancé par un show à l’américaine faisant danser les projecteurs dans tous les sens. Mais un Festival doit aussi savoir s’adresser à tous les types de public. Et ce soir là, celui-ci, très différent de celui des autres soirées, semblait y avoir trouvé son compte…
Une 50ème édition qui pourrait être fêtée…lors de la …51ème
Bref, la 49ème édition du Crest Jazz Festival qui vient de se terminer devrait passer sans difficulté financièrement le cap du cinquantenaire du fait de la présence d’un public venu en nombre et donc d’une billetterie abondante.
Une cinquantième édition qui pourrait se dérouler début août 2026 (peut-être du 2 au 8 août dans l’attente du feu vert de la municipalité crestoise), mais probablement sans apparat particulier du fait de la loi électorale qui ne permet pas des efforts budgétaires spécifiques de la art des collectivité locales une année d’élection municipale.
Car ce qui explique aussi la longévité de ce Festival est l’appui important apporté par les collectivités, à commencer par la ville de Crest et ses partenaires locaux.
« Il se pourrait bien que l’on fête notre demi-siècle seulement lors du 51ème anniversaire », admet, philosophe, le co-président Alain Bellon…
Facebook
Twitter
YouTube
LinkedIn
RSS