Face à la crise sanitaire que nous traversons et aux mesures de confinement qui s’imposent, rien ne sert de se morfondre, ni d’accentuer notre angoisse en subissant encore plus ce que la réalité nous impose. Dès lors, j’adopte une posture méditative et j’accueille ce qui est, sans le nier, mais sans qu’il m’écrase pour autant. Je choisis d’en faire mon allié et de réfléchir à ce que cette épreuve pourrait m’apporter. J’ai décidé d’en profiter pour faire ce que je n’ai pas assez le temps de faire quand je suis en activité, lire, écouter des conférences, redécouvrir des disques et explorer ceux dont on m’a fait l’écho ces derniers mois, bref prendre le temps puisqu’on est obligé de le faire. Et, après tout, cela ne pourrait-il pas nous être bénéfique ? Pour que ce moment reste à tout jamais unique, j’ai envie de vous faire découvrir quelques-uns des joyaux discographiques qui m’ont ouvert les portes de mon imaginaire et de ma sensibilité. Puisque les portes des lieux de spectacles se ferment, autant chercher d’autres issues…
Être confiné et vibrer intimement avec Archie Shepp au saxophone et Horace Parlan au piano dans Trouble in mind
Ce duo intimiste entre deux musiciens qui se connaissent par cœur est un joyau de sensualité, de tendresse, de virilité et de rugosité. Ce voyage au cœur du blues vous prend les tripes, chaque note est incarnée et peu d’albums dégagent autant de force intérieure. Tous les ingrédients du blues sont réunis mais la tristesse apparente de l’album n’est qu’une démonstration de ce que souffrir nous rend plus profond, touchant et beau. Alors Trouble in mind pour sublimer et transcender le réel viral !
Être confiné et rêver avec Anouar Brahem au Oud dans le pas du chat noir
Avec François Couturier au piano et Jean-Louis Matinier à l’accordéon, Anouar Brahem nous propose un moment de grâce dans son 8ème album. Un univers onirique d’une rare tendresse où s’entremêle les tonalités orientales, classiques et jazz. Mais cet album n’appartient à aucune catégorie, il est la rencontre entre 3 artistes à la finesse et à la délicatesse infinie, une véritable caresse et une ouverture vers le rêve. Combien ce disque m’a soutenu pour supporter le réel ! Un opus intimiste qui vous prend dans ses bras …Il est loin le virus…
Être confiné et swinguer avec Jimmy Smith à l’orgue Hammond dans The sermon
The sermon est une excellente indication par les temps qui court par sa vertu tonifiante, stimulante et anxiolytique. Un sens du swing contaminant, tenace et qui ne vous lâche plus. Cette merveille est à écouter avec un peu de niveau sonore, la transe en est d’autant plus élevée. A écouter matin, midi et soir pendant 15 jours minimum et si les symptômes du confinement persistent, augmenter un peu plus le volume à chaque prise. Aucun effet indésirable croyez-moi !!!
Être confiné et danser avec Calypso Rose dans Far from home
Il est un peu gonflé et irresponsable de ma part de vous inciter à vous toucher, coller et frôler dans ce contexte de distance imposée. Mais qu’importe, à vous de trouver la bonne distance et de manier la prudence avec l’intelligence ! Je m’en remets à votre bon sens !
Far from home produit par Manu Chao pour cette reine du Calypso de Trinidad et Tobago est un concentré de joie de vivre et de bonne humeur. De la première à la dernière note, vous êtes invité à danser, sourire, vibrer et rire. Calypso Rose nous rappelle l’essentiel, pour que la vie soit plus belle malgré les épreuves, il ne faut pas oublier de lui sourire !
Plus d’agenda, mais un temps infini pour se plonger dans les délices du jazz
Vous ne serez pas étonnés. Pas d’agenda cette semaine. Très logiquement : toutes les salles de spectacle ont fermé leurs portes à Lyon comme ailleurs dont les clubs de jazz qui ont pourtant « résisté » comme ils pouvaient jusqu’ici. Le Bémol 5, le Hot Club, Le Périscope, La Clef de Voûte resteront donc fermés pour une durée indéterminée.
Que faire en attendant ? L’équipe de Jazz in Lyon –qui ne s’est pas réunie mais qui échange via internet et le téléphone vous vous en doutez- vous souhaite un bon confinement : l’occasion d’écouter, de réécouter vos CD, les médias qui diffusent concerts, enregistrements, pépites en tous genres. De TSF à France Musique en passant par toutes ces captations qui traînent sur Youtube où l’on passe d’un Monk à un Bill Evans, de tel concert de Miles à Vienne à l’apparition de Lester Bowie, grand parmi les grands. Et tout ce qu’on ne connaît pas.
Au besoin, puisque nous allons avoir le temps, c’est peut-être une occasion unique, pourquoi pas nous communiquer, nous alerter sur les trésors de musique que vous allez redécouvrir ? Tel enregistrement, tel concert, tel événement.
Nous-mêmes, à Jazz in Lyon, on s’y met : on vous reparlera ainsi d’un Barney Wilen au Japon, d’un William Parker, d’un Henri Crolla – qui sera évoqué aux Nuits de Fourvière- ou d’un énième Wayne Shorter, musicien atypique dont on ne cesse de découvrir/redécouvrir la richesse.
Bref, n’hésitez pas : envoyez nous vos coups de cœur. Notre mail : jazz@lyon-entreprises.com
On a, selon Emmanuel Macron, déjà 15 jours devant nous à pratiquer ce nouvel exercice de la solitude.
En jazz c’est tout de même plus supportable !
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