Comme d’habitude, Wynton Marsalis et le big band qu’il dirige ont livré un set millimétré et chatoyant à un public totalement acquis.
Désolation ? C’est lorsqu’un festival de jazz programme enfin un big band, et quel big band, que le public déserte ou se fait attendre.
Ce fut étincelant même si le Lincoln nous a habitué à de telles performances. Thèmes, arrangements, solos, rythmique, parfaitement ciselés, répétés, mis en boîte.
Trombones, trompettes, sax et le reste, ensemble sous la forme de vagues disciplinées qui montent ou qui désenflent. Cette façon d’éclater tous cuivres dehors avant de laisser tel ou tel prendre son solo.
A raison d’un solo dévolu à chacun durant le concert, il en ressort évidemment un goût de trop peu, voire de gâchis, à l’écoute de certains d’entre eux. Il suffit de regarder la ligne de sax, la plus visible, pour se rendre compte que les cinq musiciens disposent ensemble de 15 instruments, de la clarinette basse jusqu’à la flûte, pour égayer la soirée. Qui plus est, le Lincoln voyage avec ce qui se fait de mieux dans le genre, de Ted Nash à Paul Nedzela en passant par Sheman Irby, Walter Blandine ou Victor Goines.
De là à penser que l’orchestre s’en tient à un cadre trop strict, empêchant les initiatives ou les découvertes, il n’y a évidemment qu’un pas, même s’il est à peu près admis que les musiciens de cet orchestre sont parmi les meilleurs de la discipline.
Wynton, particulièrement discret et concentré
Dans cet ensemble, habillés de costumes un brin trop stricts et juste rehaussés d’une même cravate club, il faut presque chercher pour trouver le directeur musical de l’orchestre. Assis au rang des trompettes, Wynton Marsalis n’abandonnera sa chaise que le temps d’une improvisation distillée à l’avant scène. Se contentant d’annoncer les thèmes retenus pour la soirée.
Cet égalité de traitement frappe d’ailleurs dans cet orchestre avec cette capacité à se fondre dans l’ensemble tout en livrant des solos toujours inédits.
Si l’orchestre trouve ainsi cette unité qui en fait sa force, c’est entre autres grâce à une rythmique de feu. Carlos Henriquez à la contrebasse, impitoyable en génie inspirateur. Ou Dan Nimmer au piano, léger et sans cesse aux aguets. Et puis le batteur, Obed Calvaire, sourire au beau fixe, inventif, attentif, sur tous les fronts, qui n’aura cessé de tenir et de relancer l’ensemble
Heureusement, lorsque l’orchestre s’est enfin retiré, le trompettiste est revenu sur scène avec ses trois là le temps d’un ou deux derniers morceaux. Intimes. Un tel quartet, rejoint par l’un des sax, aurait pu repartir sur un tout autre concert, public en poche.
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