Il faudra sans doute falloir se serrer. Jeudi 31 janvier, William Parker débarque au Périscope avec Matthew Shipp. Main dans les mains. Ici le contrebassiste omni-vénéré, mémoire vivante de multiples formations, d’un free-jazz bouillonnant sur fond de New York insomniaque. Là, un pianiste, à peine plus jeune, lui aussi avalé par cette ville depuis le début des années 80 et qui, depuis, ne cesse tracer un chemin musical inédit, volontaire et qui frappe par ses incessantes remises en cause.
William Parker-Matthew Shipp en duo pour un soir au Périscope : une affiche de rêve comme pour mieux convaincre que la valeur n’attend donc pas la taille des salles où elle s’exprime. Une affiche rare aussi, même si les deux musiciens ont l’habitude de croiser les cordes, seuls ou en compagnie de quelques autres musiciens BSTR tels Ron Brown, Whit Dickey ou, bien sûr Dave S. Ware. Et derrière, tout ce qui compte à New York et au-delà.
D’abord William Parker. On ne se souvient plus quel est la scène ou le festival qui, le dernier, a eu la bonne idée de l’inviter. Un contrebassiste total, qui ne se contente surtout pas de ronronner derrière de sympathiques solistes, mais qui au contraire ne cesse de provoquer, de pousser tout ce qui l’entoure, de peser sur le rythme, sur les montées en puissance ou les ruptures. Boussole dans un monde qui se fragmente.
Le musicien est allé à bonne école, celle des Cecil Taylor, Don Sherry, Schepp, Coleman et autres Sunny Murray. Mais le propos est sans doute réducteur : un coup d’œil à ses participations discographiques en dit long sur le rôle de William Parker sur la scène du jazz contemporain, synthèse des courants jazz les plus contrastés. C’est tout le propre d’ailleurs d’un bassiste de savoir réunir autour de lui, leader ou juste sideman, ce qui débouchera sur des créations authentiques propres à montrer la voie et à rester dans les annales.
Matthew Shipp : pilier méconnu de la scène contemporaine
Il en est presque de même avec Matthew Shipp, pilier méconnu de la scène new yorkaise depuis 30 ans, après une enfance baignée de musique et de piano. Une approche du clavier qui retient immédiatement l’attention, parce qu’elle semble s’être accaparée tout ce qui a précédé, du plus doux au plus brutal, du plus classique au plus déjanté, pour arriver à une musique singulière. Et si l’on peut regretter que les deux musiciens aient opté à Lyon pour le duo, sans un sax à même de donner la réplique, on plongera en revanche d’autant plus ce soir-là dans les méandres délicats du pianiste.
Pour le reste, doit-on s’attendre à une reprise en live de Magnetism (s) où Ron Brown donnait la réplique aux deux musiciens ? Ou à des incursions vers des thèmes que Shipp et Parker ont égrené tout au long de leurs rencontres et des albums parus pzt lr passé (pratiquement depuis 1992 avec le superbe Points) ?
Patience…
Matthew Shipp et William Parker en concerts sur le site du Périscope
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