
Le 23 juillet aux Nuits de Fourvière, deux formes de poésie musicale se succéderont sur scène : celle, enracinée et vibrante, du Trio Joubran, porte-voix de la culture palestinienne ; et celle, aérienne et traversée d’influences multiples, de la chanteuse Ganavya, entre spiritual jazz, chant carnatique et nappes ambient.
Une ouverture entre deux mondes
On entre dans la musique de Ganavya comme on pousse la porte d’un sanctuaire invisible. Rien de frontal, tout est feutré, flottant, suspendu. Voix grave et souple, formes libres, harmonium, chant carnatique : la chanteuse et multi-instrumentiste, née aux États-Unis mais formée en Inde du Sud, tisse une musique qui ne ressemble à aucune autre.
Ses chansons ressemblent à des prières qui auraient oublié leur dogme, ou à des souvenirs rêvés. On y entend Coltrane et les râgas du matin, l’Inde et New York, l’ombre et la lumière. Ses deux disques parus en 2024 (like the sky I’ve been too quiet et Daughter of a Temple) tracent une géographie intime, entre traditions spirituelles et expérimentations contemporaines. À Fourvière, elle se présentera en solo ou presque, dans un format dépouillé, propice à l’écoute lente. Comme une offrande, discrète mais pénétrante.
L’oud comme récit vivant
Puis viendra la chaleur contenue des frères Joubran. Trois ouds, trois voix fraternelles, un seul souffle. Samir, Wissam et Adnan Joubran ne jouent pas la musique palestinienne : ils la vivent, la transforment, la transmettent. Issus d’une lignée de luthiers de Nazareth, ils façonnent depuis plus de vingt ans une œuvre à la fois fidèle à la tradition arabe et résolument actuelle, nourrie d’improvisation, d’écoute mutuelle, d’élans de liberté.
Sur scène, leurs instruments semblent converser à voix basse, se répondre, s’élancer. C’est une musique sans âge, traversée par l’Histoire mais tournée vers l’instant. Accompagnés par le percussionniste Youssef Hbeisch, dont le jeu subtil élargit encore le spectre rythmique, les frères Joubran composent un langage à part entière, où l’on entend à la fois le deuil et la résistance, la beauté pure et la mémoire tenace.
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