Natacha Atlas sur scène. Près d’elle un quintet, voire sextet, non des moindres, pour l’accompagner pour ce qui pourrait être un récital en toutes langues, au gré des compos et des rythmes distillés. Sauf que le concert est très vite sorti de son cadre originel pour arriver à une fusion de cinq, voire six musiciens-ciennes, qui, chacun-une a apporté sa couleur à l’ensemble qui se développait sous les yeux du théâtre antique, charmé.
Moyennant quoi, si tout a sagement démarré sur un beau thème exprimant bien la lascivité retenue de la jeune femme, en fait l’intrusion presque immédiate de la trompette d’Ibrahim Maalouf, a démultiplié le chant entamé. De l’art d’un leader (habituellement), de se fondre dans le paysage musical qui lui est proposé pour l’élargir, pour en souligner les recoins ignorés et les charmes tus.
On craignait la scène du théâtre antique un peu trop grande
En fait, tout au long de ce concert où l’on craignait que la scène du théâtre antique soit un peu grande pour la musique intimiste proposée, sans cesse, les mélodies de Natacha Atlas ont ainsi trouvé de nouvelles dimensions grâce aux apports de chacun.
Parti d’une musique orientale, notamment par les inflexions de voix de Natacha Atlas, on s’est retrouvé dans un swing béton qui coulait de source, qui naissait presque naturellement de l’osmose entre cette voix et ces instruments.
Certes, tout au long ou presque, il y a donc le trompettiste, quasi langoureux sur certaines balades, et à ce point proche de la chanteuse qu’il est le producteur de River Nile, last album dont il est évidemment question ce soir-là. Par moments, sans s’en rendre compte, dans le cadre paisible du théâtre, leur duo arrête le temps et la musique et abolit les distances entre la scène et le public.
Alcyona Mick, ne vous fiez pas à son maintien appliqué
Mais très vite, le concert repart vers d’autres horizons. Grâce à ces musiciens tels Andy Hamill à la contrebasse ou Samy Bishai au violon, égyptien lui aussi, ami de longue date de la chanteuse dont il a produit Mounqaliba il y a quelques temps.
Enfin, Alcyona Mick au piano, droite comme une pianiste classique (ses origines) et qui, sans se départir de son côté appliqué, n’a cessé de ramener le concert vers des rythmes où le swing est roi. De quoi laisser penser que le concert échappait à celle qui en était au centre ? Non point.
Peu à peu, il apparaît que si l’orientalisme peut être un point de départ, il quitte vite ses rivages originels pour aller se fondre avec des styles aux antipodes. Volontairement. Ainsi lorsqu’Andy Hamill démarre un morceau : contrebasse arabisante, musicale, dense.
On croit à un thème construit une fois pour toutes. Et non ! Dès le que band le rejoint, c’est pour repartir une fois encore dans une musique sans frontières et rythmée. Il en a été ainsi jusqu’au bout du concert où tout s’est fini comme il se devait, même si Ibrahim Maalouf nous a prévenu que ce n’était pas prévu. « Mon amie la rose……. ? » : pas de deux, elle et la trompette.
Voix et instrument chuchotant ensemble, s’écartant, se rejoignant.
Une belle fin.
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